Le conseil des droits de l’homme de l’ONU a épinglé, ce lundi 1er mai, la politique de la France en matière de lutte contre les discriminations raciales et de maintien de l’ordre.
Ce lundi 1er mai, c’était au tour de la France de passer sous le crible du conseil des droits de l’homme de l’ONU, procédure à laquelle se soumettent régulièrement l'ensemble des États membres. L’instance, composée des délégations des 193 membres, s’est penchée pendant plusieurs heures sur la situation des droits humains dans l’Hexagone et les reproches n’ont pas été tendres, rapporte franceinfo. Parmi les critiques de plusieurs pays qui ont étudié le dossier français : la France doit intensifier ses efforts pour lutter contre les violences policières et les discriminations raciales, ont estimé un grand nombre de pays.
« Nous recommandons à la France d’intensifier ses efforts pour lutter contre les crimes et les menaces de violence, motivés par la haine religieuse, tels que l’antisémitisme et la haine antimusulmane », a ainsi affirmé la représentante américaine, Kelly Billingsley. « Il y a une augmentation du racisme et de la xénophobie », a constaté Mao Yizong, le représentant chinois. Ce dernier a notamment appelé la France à cesser de prendre des « mesures qui violent les droits des migrants ».
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De leur côté, le Japon et le Brésil ont dénoncé le recours au « profilage racial par les forces de sécurité ». Même son de cloche chez la délégation de l’Afrique du Sud qui a appelé la France « à prendre des mesures pour garantir des enquêtes impartiales par des organes extérieurs à la police dans tous les cas d’incidents racistes impliquant des policiers », rapporte franceinfo.
Sur ce sujet, six organisations françaises et internationales de défense des droits de l’homme1, ont adressé en janvier 2021 une mise en demeure au premier ministre, au ministre de l’Intérieur ainsi qu’a celui de la Justice afin que « les autorités françaises engagent des réformes profondes et prennent des mesures concrètes pour que cessent ces pratiques discriminatoires systémiques par la police ». Face à l'inaction des autorités françaises, elles ont saisi en juillet 2021 le conseil d’État.
Demande d'une enquête indépendante sur les violences policières
Les critiques des pays membres de l'ONU ont également porté sur les violences policières. L’examen de la situation des droits humains en France intervient dans un contexte national particulièrement tendu par la réforme des retraites. Un grand nombre de pays – dont certains régulièrement condamnés par l’ONU pour violations des droits humains comme l’Iran et la Russie – ont ainsi critiqué les violences policières régulièrement pointées du doigt dans les récentes mobilisations contre la réforme des retraites.
Sur ce point, certains États membres veulent aller plus loin. La délégation du Liechtenstein a ainsi demandé une enquête indépendante de l’ONU sur le recours abusif de la force par les policier·ières et les gendarmes, tandis que le Luxembourg souhaite que la France « repense sa politique en matière de maintien de l’ordre ». La Malaisie a de son côté réclamé que les personnes responsables de ces violences policières « soient punies ».
Devant le conseil des droits de l’homme de l’ONU et en réponse à ces critiques, la conseillère juridique du ministère de l’Intérieur, Sabrine Balim a indiqué que « l’usage de la force est strictement encadré, contrôlé et en cas de faute sanctionné ». Elle a également rappelé que les policier·ières et gendarmes ont l’obligation depuis 2014 de porter leur numéro d’identification individuel (RIO) de manière visible sur leur uniforme « afin d’assurer une visibilité et une traçabilité de leurs actions ».
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- La Maison Communautaire pour un Développement Solidaire (MCDS), Pazapas, Réseau Egalité, Antidiscrimination, Justice Interdisciplinaire (Reaji), Amnesty International France, Human Rights Watch et Open Society Justice Initiative[↩]