La loi portée par la députée LREM Laurence Vanceunebrock crée un nouveau délit dans le Code pénal, punissant les personnes qui pratiquent des « thérapies de conversion » de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.
Les « thérapies de conversion » tomberont désormais sous le coup de la loi. Le Parlement a adopté définitivement, à l’unanimité (142 voix), ce 25 janvier, la proposition de loi les interdisant. Des pratiques qui visent, dans leur majorité, à imposer l’hétérosexualité aux personnes lesbiennes, gay et bi en réprimant leur orientation sexuelle par un ensemble de traitements pseudoscientifiques appliqués par certaines communautés religieuses et certain·es soi-disant « thérapeutes ». Mais les thérapies de conversion peuvent aussi concerner les personnes trans, en cherchant à corriger leur identité de genre.
Le texte déposé en mars dernier, et porté depuis, par la députée LREM de l’Allier, Laurence Vanceunebrock, crée un nouveau délit spécifique dans le Code pénal, punissant désormais les personnes qui pratiquent ces thérapies de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Trois ans et 45 000 euros d’amende lorsque c'est un·e mineur·e qui est ciblé·e par la thérapie.
Mieux connaître l'illégalité des pratiques
Jusqu'alors, il était seulement possible de porter plainte sur les conséquences potentielles collatérales, lorsque la victime était blessée physiquement par exemple. Or, les témoignages qui affluent depuis quelques années montrent bien que les traces laissées par les thérapies de conversion sont davantage psychiques que physiques et sont donc très difficiles à prouver. L’adoption par le parlement de ce délit spécifique permettra également de mieux faire connaitre l’illégalité de ces pratiques. Elle permettra aussi de donner une base juridique plus solide aux poursuites.
Si le texte qui a le soutien sans réserve du gouvernement, avait fait l’objet d’un vote unanime au Palais Bourbon en première lecture le 6 octobre dernier, il n’en avait pas été de même au Sénat à majorité de droite, début décembre. La Chambre Haute s’était tout de même largement prononcée pour l’interdiction des thérapies de conversion : 305 voix pour, 28 contre – ces dernières tous·tes issues du groupe Les Républicains. Les sénateur·rices LR buttaient sur la mention « identité de genre », qui inclue la protection des personnes trans et qui avait aussi mobilisé des militantes féministes critiques du genre.
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Les député·es et sénateur·rices n'ayant pas réussi à s’accorder sur une version commune du texte en commission mixte paritaire pour faire adopter la loi, l’Assemblée nationale a eu le dernier mot. Le projet de loi devrait être promulgué d’ici la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron.
Mouvement européen
En 2015, un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme avait appelé les États à interdire les « thérapies de conversion ». En 2018, le Parlement européen avait largement voté une motion appelant les pays membres à prononcer cette interdiction. Les parlementaires français·es emboîtent donc le pas d’un mouvement européen puisque l’Allemagne, Malte ou des régions espagnoles ont d’ores-et-déjà légiféré sur le sujet. Des pays qui seront bientôt rejoints par la Belgique, les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne.