Selon le rapport de l’Association nationale des étudiant·e·s sages-femmes (ANESF), que Causette a obtenu en exclusivité, la rentrée 2022 coûtera en moyenne à un·e étudiant·e sage-femme non-boursier·ière, 2 528,49 euros, soit 4,27 % de plus que la rentrée 2021.
Comme l’an dernier, Causette a obtenu en exclusivité le rapport de l’Association nationale des étudiant·e·s sages-femmes (ANESF) sur le coût de la rentrée universitaire. Et comme l’an dernier, le constat est sans appel. Pour de très nombreux étudiant·es en étude de sage-femme, cette année-aussi, la rentrée universitaire coûtera cher. Plus cher d'ailleurs que l'an dernier. Selon les calculs de l’ANESF basé sur ceux de la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), le coût moyen de la rentrée 2022 est de 2 528,49 euros. Une augmentation de 4,27 % par rapport à la rentrée 2021 qui revenait à 2 424,86 euros. Un écart d'ailleurs assez conséquent par rapport à celui entre 2020 et 2021, qui était lui de 1,78%. « C’est un écart assez énorme qu’on a, pour l'instant, du mal à expliquer », pointe Loona Mourenas, porte-parole de l’ANESF auprès de Causette.
Pour calculer l’indicateur du coût de la rentrée, que l’ANESF publie tous les ans depuis 2016, l’association se base sur les données fournies par la FAGE et l’adapte à son territoire afin de déterminer les dépenses moyennes d’un·e un·e étudiant·e sage-femme en 2e année de licence, non boursier·ière et n’habitant plus chez ses parents*.
Hausse des frais courants
Le rapport de l’ANESF pointe premièrement une hausse des frais dits courants, c’est-à-dire les dépenses fixes durant les mois de l’année. Ces dernières comprennent les loyers, l’alimentation, les loisirs, les transports, la téléphonie et internet, les vêtements ainsi que les produits d’hygiène et d’entretiens. En 2021, ils s’élevaient à 1 132,12 euros en moyenne par mois contre 1160,07 euros cette année. Une augmentation de 2,47% qui s’explique selon la porte-parole de l’ANESF par l’inflation galopante de ces derniers mois. « Le coût de la vie courante a augmenté de manière générale, pointe Loona Mourenas. Cette augmentation se répercute automatiquement sur les étudiants qui vivaient déjà pour beaucoup dans une grande précarité depuis la crise sanitaire liée au Covid-19. »
Une précarité étudiante qui devrait par ailleurs s'accentuer à lire la 18e enquête sur le coût de la vie de l'Union nationale des étudiants de France (Unef) publiée ce lundi 15 août. « Le coût de la vie étudiante augmente encore de 6,47% », pointe le bilan, soit plus que l'inflation globale qui a atteint ce mois-ci les 6,1%. Concrètement, les étudiantes doivent débourser 428 euros de plus par an, soit une hausse de 35 euros par mois.
Le loyer reste comme l’an dernier la plus grosse dépense pour un·e étudiant·e, en moyenne 499,94 euros contre 495,33 euros en 2021. Une moyenne de prix qui n’englobe pas les résidences universitaires du Crous, l’étude de l'ANESF concernant uniquement les étudiant·es sages-femmes non-boursier·ières. Une augmentation des loyers qui comporte d’ailleurs des disparités nettes entre l’Île-de-France et les autres régions. Si, en Île-de-France, le loyer moyen reste élevé, il a toutefois diminué pour passer de 674,3 euros en 2021 à 670,76 euros cette année tandis que dans les autres régions (hors Outre-Mer) le loyer moyen a augmenté de 476,16 euros à 481,64 euros en un an.
Dépenses spécifiques
Si l’indication du coût de la rentrée est nécessaire, c’est qu’à ces frais courants viennent s’ajouter des dépenses supplémentaires spécifiques à cette période charnière de l’année. « Depuis trois ans, le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation a décidé de geler les frais d’inscription [qui s’élèvent à 170 euros par année, ndlr]. Malgré cela, nous remarquons une hausse de 75,69 euros (+5,85%) due à l’augmentation du coût de l’assurance logement, du matériel pédagogique et du matériel de stage », dénonce le rapport. En ce qui concerne le matériel pédagogique, la hausse la plus conséquente, cette dernière est de 41,61 euros, faisant passer cette dépense de 262,97 euros en 2021 à 304,58 euros cette année. « On demande aux étudiants d’acheter beaucoup de matériels, déplore Loona Mourenas. Ce sont pleins de petits frais, qui accumulés, pèsent lourd dans le budget des étudiants. »
Selon le rapport, dix établissements de stage demandent d’ailleurs encore aux étudiant·es d’acheter leurs quatre tenues de stage – qui coûtent en moyenne 26,78 euros chacune, soit un budget annuel conséquent de 107,14 euros– et ce malgré les instructions interministérielles parues les 9 décembre 2020 et 3 mai 2021 ordonnant aux centres hospitaliers de leur fournir gratuitement ces tenues. « Nous demandons le respect de ces instructions interministérielles concernant la gratuité des tenues de stage, qui n'ont pas a être un coût supplémentaire pour les étudiants », rappelle Loona Mourenas qui précise par ailleurs que les stages ne sont pas rémunérés pour les étudiants de deuxième année.
Indemnisation kilométrique
Cette année, l’ANESF a d'ailleurs fait le choix d’insister sur les frais supplémentaires que rencontrent les étudiant·es sages-femmes afin de réaliser leurs stages lors de leur cursus. Pour la 2e année, un·e étudiant·e doit réaliser dix semaines de stage. « Il est intéressant d’aborder ces frais, car ils sont souvent couplés à des dépenses de logements supplémentaires pour se rapprocher de ces lieux de stages et des frais kilométriques importants », indique à Causette, Loona Mourenas.
En 2021, l’ANESF a donc réalisé une enquête logement et transport à laquelle 271 étudiant·es sages-femmes ont répondu. L’enquête a révélé que 71 de ces étudiant·es ont dû payer un logement supplémentaire. En moyenne 147 euros par stage. À cela s’ajoute, l’absence de transport dans certaines villes qui nécessite la possession d’une voiture, ce qui entraîne des frais de parking, d’essence, d’autoroute et d’assurances. « Sur les 234 personnes ayant notifié leurs dépenses de transport, nous avons une moyenne de 109 euros de frais en moyenne », note le rapport qui précise qu’un·e étudiant·e parcourt en moyenne 4 599 km par an pour se rendre sur son lieu de stage.
En deuxième année, les étudiant·es sages-femmes ne bénéficient d’aucune indemnités de transport. « Nous demandons une indemnisation kilométrique à frais réels dès la deuxième année ainsi qu’un accès à des logements lorsque les étudiants réalisent des stages en dehors de leur centre hospitalier de référence », déclare la porte-parole de l’ANESF qui s'inquiète, cette année encore, de la précarité galopante des étudiant·es.
- * La première année étant commune aux études de santé.
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