3 questions à Anne-Sophie Simpere, responsable plaidoyer « Libertés » pour Amnesty International France.
Causette : Que retenir de votre rapport sur les pratiques policières en Europe, paru le 23 juin ?
Anne-Sophie Simpere : Que le contexte sanitaire a aggravé l’usage illégal de la force et les discriminations qui visaient déjà certaines communautés. En Bulgarie, les populations roms ont été enfermées dans leurs campements ou leurs quartiers, et ont été contrôlées par des drones thermiques. En Grèce ou en Serbie, les réfugiés ont été enfermés dans les camps. Sous couvert de lutte contre le virus, les États ont renforcé le contrôle de ces populations, sans leur fournir les moyens de se protéger.
Les pratiques policières sont-elles plus violentes qu’avant, ou les sociétés civiles plus vigilantes ?
A.-S. S. : Un peu des deux. En France, les violences policières dans les quartiers populaires sont loin d’être nouvelles. Mais sur les manifestations, il y a une montée de la violence depuis 2015–2016, visible au nombre et à la gravité des blessures (mains arrachées, éborgnements). S’il n’y a pas de police parfaite en Europe, beaucoup de pays travaillent sur des stratégies de dialogue et de désescalade dans la gestion des manifestations. Pas la France, qui a la police la plus armée d’Europe.
Pourquoi votre ONG vient-elle de lancer un site sur les gaz lacrymogènes ?
A.-S. S. : L’usage de ces gaz n’est pas nouveau, mais on constate une utilisation de plus en plus massive et abusive à travers le monde. Ces gaz ne sont pas anodins : c’est une arme, soumise à des standards internationaux, qui peut être utilisée uniquement en cas de violences généralisées, dans une foule non maîtrisée, après sommation et avec un objectif de dispersion. Jeter du gaz lacrymogène sur une foule pacifique ou massée, c’est illégal.