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© Capture écran Tiktok / @ chloegervais15

La créa­trice de conte­nu Chloë Gervais se prend une vague de cybe­rhar­cè­le­ment après avoir cri­ti­qué le compte "Abrège frère"

L’influenceuse Chloë Gervais est vic­time depuis quelques jours d’un tor­rent de haine pour avoir dénon­cé les com­men­taires miso­gynes sus­ci­tés par le conte­nu d’Abrège frère, un tik­to­keur qui rac­cour­cit des vidéos sur la pla­te­forme pour en résu­mer les pro­pos, prin­ci­pa­le­ment ceux tenus par des femmes.

Sur les réseaux sociaux, le compte Abrège frère connaît depuis plu­sieurs semaines une popu­la­ri­té ful­gu­rante et cumule aujourd’hui plus d’un mil­lion d’abonné·es sur TikTok. Le concept ? Raccourcir des vidéos de quelques minutes pour aller droit au but et résu­mer les pro­pos tenus par les créateur·rices à l’origine de ce conte­nu. Le tik­to­keur se féli­cite ensuite de la poi­gnée de seconde gagnée. Seul pro­blème : ses vidéos semblent s’en prendre par­ti­cu­liè­re­ment aux femmes de la pla­te­forme, celles-​là mêmes qui peinent déjà à s’exprimer libre­ment sur les réseaux sociaux. 

Abrège frère a ain­si trou­vé son public en la per­sonne des mas­cus d’Internet, tout émous­tillés de voir des jeunes femmes “abré­gées”, voire silen­ciées. La der­nière vic­time en date des com­men­taires miso­gynes sus­ci­tés par ce conte­nu n’est autre que Chloë Gervais, influen­ceuse et petite-​amie pré­su­mée du pre­mier you­tu­beur fran­çais, Squeezie. La jeune femme a eu le mal­heur de dénon­cer la vague de haine qu’a engran­gée la vidéo d’elle abré­gée par le tik­to­keur, la goutte d’eau pour les gros sexistes d’Internet.

“Il a créé mal­gré lui une immense vague de harcèlement”

“Femme dia­bo­lique”, “qu’est-​ce qu’elle raconte cette pute”, “mich­to”, “elle cherche le buzz”… sur les réseaux sociaux, le flo­ri­lège d’insultes qui visent Chloë Gervais n’en finit pas. Dans une pre­mière vidéo, l’influenceuse a réagi à cette vague de cybe­rhar­cè­le­ment en affir­mant que le concept d’Abrège frère “nor­ma­lise le fait de dire à des meufs qui font leur tuto make up ou sto­ry time de fer­mer leur bouche”. Une prise de parole qui a encore inten­si­fié le défer­le­ment de haine. Elle a ensuite eu à se défendre d’avoir qua­li­fié le tik­to­keur de miso­gyne et mar­te­ler à nou­veau qu’elle ne fai­sait que dénon­cer la vio­lence en ligne sus­ci­tée par son conte­nu dans une seconde vidéo parue le 19 février. “Ce que je et plein d’autres meufs reprochent à Abrège frère, c’est qu’il a créé mal­gré lui une immense vague de har­cè­le­ment et de miso­gy­nie sur les réseaux”, com­mente ain­si Chloë Gervais. 

La jeune femme ajoute éga­le­ment ne pas pen­ser "qu'on puisse res­ter insen­sible quand t'as des mil­liers de meufs qui te font remar­quer qu'elles se font insul­ter, humi­lier, har­ce­ler à cause de ton conte­nu". L'influenceuse sou­ligne en cela le rôle indi­rect joué par le tik­to­keur qui ne fait rien pour empê­cher les mas­cus d'instrumentaliser son conte­nu pour har­ce­ler des créa­trices sur les réseaux. "Ce qui me laisse pen­ser qu'il pour­rait en avoir après les femmes", explique Chloë Gervais.

Un sexisme profond

Si la jeune femme n’est donc pas la seule à avoir poin­té du doigt les réper­cus­sions miso­gynes du conte­nu d’Abrège frère, son sta­tut de petite-​amie pré­su­mée de Squeezie ajoute encore à la vio­lence des com­men­taires à son sujet. Nombre de ces der­niers la ramènent en effet à son sta­tut de “petite-​amie de”. Chloë Gervais n’a plus de nom, plus d’identité, à part celle de com­pagne pré­su­mée – et bien sûr indigne selon les inter­nautes mas­cus – du you­tu­beur. Ce der­nier a d’ailleurs à son tour com­men­té le cybe­rhar­cè­le­ment subi par la créa­trice de conte­nu en écri­vant sur X (ex-​Twitter) : “Ici y’a 5 % de types drôles et le reste vous pas­sez votre temps à har­ce­ler, à vous achar­ner, à être miso­gyne, à défor­mer des pro­pos, à répandre de la merde.” Une démarche de preux che­va­lier qui sou­ligne le besoin qu’une femme soit défen­due par un homme pour espé­rer que le har­cè­le­ment cesse ou sim­ple­ment que son pro­pos soit entendu. 

Loin d’être une petite his­toire d’influenceur·euses, le violent cybe­rhar­cè­le­ment qui vise Chloë Gervais et d’autres créa­trices de conte­nu est un énième exemple du pro­fond sexisme qui gan­grène les réseaux sociaux. Comme le rap­pelle la jour­na­liste Salomé Saqué – qui cite une sta­tis­tique de l’ONU dans son ana­lyse éclai­rante de cette situa­tion“Une femme a 27 fois plus de pro­ba­bi­li­té d’être har­ce­lée en ligne qu’un homme”. Le concept d’Abrège frère et son silence face aux com­men­taires hai­neux sus­ci­tés par ses vidéos n’ont rien d’anodin. Son conte­nu ne fait que mettre en lumière l’incapacité de certain·es utilisateur·rices à accep­ter la simple exis­tence d’une femme qui publie et dit ce qu’elle veut sur Internet. 

Lire aus­si I La you­tu­beuse Manon Lanza, vic­time de cyberhar­cè­le­ment après son acci­dent au GP Explorer : “Je ne m’attendais pas à tant de haine”

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