Capture d’écran 2023 03 07 à 12.47.53
La première ministre, Élisabeth Borne, sur le plateau de l'émission "C à vous" sur France 5, le lundi 6 mars 2023. ©Capture d'écran France 5

Justice : la pre­mière ministre annonce la créa­tion de 200 « pôles spé­cia­li­sés » sur les vio­lences conjugales

Alors que la mis­sion par­le­men­taire sur le trai­te­ment judi­ciaire des vio­lences intra­fa­mi­liales n’a pas encore ren­du ses conclu­sions défi­ni­tives, la pre­mière ministre Élisabeth Borne a annon­cé à la veille du 8 mars, la mise en place de 200 « pôles spé­cia­li­sés » dans les vio­lences conju­gales au sein des tri­bu­naux afin de « répondre glo­ba­le­ment aux dif­fi­cul­tés que ren­contrent les femmes vic­times de vio­lences ».

« Avoir une réponse com­plète pour ces femmes vic­times de vio­lences ». Après le lan­ce­ment la semaine der­nière de l’expérimentation du « pack nou­veau départ » par la ministre délé­guée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Lonvis-​Rome, la pre­mière ministre Élisabeth Borne a annon­cé – à deux jours du 8 mars – la mise en place de « pôles spé­cia­li­sés » dans les vio­lences conju­gales au sein des tri­bu­naux. « On va mettre en place des pôles spé­cia­li­sés dans chaque tri­bu­nal pour pou­voir mieux trai­ter ces vio­lences conju­gales, pour pou­voir aus­si répondre glo­ba­le­ment aux dif­fi­cul­tés que ren­contrent les femmes vic­times de vio­lences », a détaillé la pre­mière ministre lun­di soir sur le pla­teau de l’émission C à vous sur France 5.

Pendant la cam­pagne pré­si­den­tielle, Emmanuel Macron avait pris l’engagement « de mettre en place un pôle juri­dic­tion­nel spé­cia­li­sé ». Il ne s’agira pas de tri­bu­naux spé­cia­li­sés cal­qués sur le modèle espa­gnol mais de pôles spé­cia­li­sés au sein des tri­bu­naux, a pré­ci­sé la pre­mière ministre qui a reçu les pre­mières conclu­sions de la mis­sion par­le­men­taire sur le trai­te­ment judi­ciaire des vio­lences intra­fa­mi­liales. Cette der­nière avait été confiée à la dépu­tée Émilie Chandler (Val d’Oise, Renaissance) et à la séna­trice Dominique Vérien (Yonne, UDI) en sep­tembre dernier.

Lire aus­si I Isabelle Rome : « Je suis très atta­chée à la notion de spé­cia­li­sa­tion des forces de l’ordre et des acteurs judi­ciaires sur les vio­lences intrafamiliales »

Interrogée par Causette en novembre 2022, sur la créa­tion de tri­bu­naux spé­cia­li­sés dans le trai­te­ment des vio­lences conju­gales, Isabelle Lonvis-​Rome affir­mait de son côté être « très atta­chée à la notion de spé­cia­li­sa­tion des forces de l’ordre et des acteurs judi­ciaires sur les vio­lences intra­fa­mi­liales », tout en décla­rant à l’époque attendre « de voir ce que conclut la mis­sion [par­le­men­taire, ndlr] dont l’objet est de faire le bilan du trai­te­ment judi­ciaire » des vio­lences conjugales. 

Interviewée par Public Sénat fin février, la séna­trice Dominique Vérien esti­mait de son côté que les dis­po­si­tions espa­gnoles – qui font figure de modèle dans la lutte contre les vio­lences conju­gales pour les mili­tantes fémi­nistes – seraient dif­fi­ci­le­ment adap­tables en France. « A Madrid, vous avez un tri­bu­nal qui, à tous les étages, traite de vio­lences intra­fa­mi­liales, avec des pro­cu­reurs, magis­trats, poli­ciers, psy­cho­logues, méde­cins légistes… Et comme ils n’ont pas les moyens de mul­ti­plier ce modèle, dans les autres juri­dic­tions vous avez un pro­cu­reur et un juge dédiés, mais ils ne traitent pas que d’affaires de vio­lences intra­fa­mi­liales », expliquait-​elle au retour d’un dépla­ce­ment en Espagne.

Création de 200 pôles 

Bien que la mis­sion par­le­men­taire ne rende ses tra­vaux défi­ni­tifs à la fin du mois, Élisabeth Borne a déjà dévoi­lé les pre­miers contours de sa mesure. En tout, 200 pôles seraient créés au sein des 164 tri­bu­naux judi­ciaires et 36 cours d’appel, a pré­ci­sé la pre­mière ministre à l’Agence France-​Presse, rap­porte fran­cein­fo. Ces pôles trai­te­ront les dos­siers de vio­lences intra­fa­mi­liales sur le plan civil et pénal, « avec un dos­sier unique et des audiences dédiées ». Concernant les moyens humains et finan­ciers alloués à ces pôles, la pre­mière ministre a annon­cé le recru­te­ment de magistrat·es dédié·es en assu­rant sur le pla­teau de C à vous que « des moyens sup­plé­men­taires pour­ront être consa­crés à ces pôles ». Élisabeth Borne n'a pas don­né pour l’heure plus de pré­ci­sions ni de date sur la créa­tion de ces pôles. « Il n’y aura pas de bâti­ment dédié, mais au sein de chaque juri­dic­tion, une équipe ras­sem­blant un pro­cu­reur, un juge pénal, un juge aux affaires fami­liales, éven­tuel­le­ment un juge pour enfant. La néces­si­té de cette coor­di­na­tion entre civil et pénal, entre le pro­cu­reur et le juge aux affaires fami­liales, est appa­rue lors de notre dépla­ce­ment en Espagne », sou­li­gnait de son côté la séna­trice Dominique Vérien, auprès de Public Sénat fin février.

Réclamée de longue date, la créa­tion de ces pôles spé­cia­li­sés a été saluée par les asso­cia­tions fémi­nistes. « Cette annonce est impor­tante et amorce peut être enfin une réforme de la jus­tice que nous appe­lions de nos vœux depuis long­temps. Nous avons hâte de voir com­ment ces pôles vont s’organiser et ce qu’ils revêtent en réa­li­té et nous serons atten­tives à leur mise en place effec­tive », a twee­té ain­si Anne-​Cécile Mailfert, pré­si­dente et fon­da­trice de la Fondation des femmes. « Leur mise en place dans les dépar­te­ments est atten­due et à suivre », a de son côté décla­ré la Fédération natio­nale soli­da­ri­té femmes sur Twitter.

Toujours dans l'objectif de mieux pro­té­ger les femmes vic­times de vio­lences conju­gales, Élisabeth Borne a éga­le­ment annon­cé le rac­cour­cis­se­ment des délais d’ordonnance de pro­tec­tion immé­diate. Cette der­nière pour­ra être déli­vrée par le juge « en vingt-​quatre heures » et « sans contra­dic­toire si on pense qu’une femme est réel­le­ment en dan­ger », a‑t-​annoncé sur le pla­teau de C à vous. Pour l'heure, une vic­time de vio­lences conju­gales doit dépo­ser une requête auprès du juge aux affaires fami­liales en vue de la déli­vrance d'une ordon­nance de pro­tec­tion. Une pro­cé­dure qui peut prendre plu­sieurs jours. 

Une pro­po­si­tion de loi votée à l’Assemblée en décembre

En paral­lèle de la mis­sion par­le­men­taire, le dépu­té Les Républicains (LR) Aurélien Pradié s’était éga­le­ment sai­si du trai­te­ment judi­ciaire des vio­lences intra­fa­mi­liales. En décembre, l’Assemblée natio­nale a adop­té en pre­mière lec­ture et contre l’avis du gou­ver­ne­ment sa pro­po­si­tion de loi pour la créa­tion d’une juri­dic­tion spé­cia­li­sée dans le trai­te­ment des vio­lences intra­fa­mi­liales, sur le modèle de l’Espagne. Pour la ministre à l’Égalité, Isabelle Lonvis-​Rome, pré­sente dans l’hémicycle lors des débats, la PPL de Pradié consti­tuait « une loi faite à la va-​vite », et même « au rabais ». Le texte a depuis été trans­mis au Sénat, à majo­ri­té de droite.

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.