afp.com 20220703 partners 080 HL MDESTOMBES 1782682 highres
Manifestation pour inscrire la droit a l IVG dans la constitution française. Une manifestante tient une pancarte sur laquelle est écrit On veut l IVG dans la constitution. © Maeva Destombes / Hans Lucas via AFP

IVG ins­crit dans la Constitution : le pro­jet de loi pré­sen­té en conseil des ministres

Le pro­jet de loi ins­cri­vant l'interruption volon­taire de gros­sesse (IVG) dans la Constitution est pré­sen­té mar­di en Conseil des ministres, une mesure récla­mée de longue date par les asso­cia­tions fémi­nistes qui saluent l'initiative mais regrettent la for­mu­la­tion retenue.


Selon l'exposé des motifs du pro­jet de loi consti­tu­tion­nelle (PJLC), ce sera in fine la "liber­té garan­tie" aux femmes de recou­rir à l'avortement qui figu­re­ra dans la loi fon­da­men­tale, plu­tôt que le "droit à l'IVG" qui avait les faveurs des militant·es des droits des femmes. "La loi déter­mine les condi­tions dans les­quelles s'exerce la liber­té de la femme, qui lui est garan­tie, d'avoir recours à une inter­rup­tion volon­taire de gros­sesse", peut-​on lire dans le texte.
Demande de longue date des asso­cia­tions fémi­nistes et de la gauche, la ques­tion de l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution a res­sur­gi en 2022 après l'annulation de l'arrêt garan­tis­sant aux États-​Unis le droit d'avorter sur tout le ter­ri­toire. Cette mesure a fait l'effet d'un élec­tro­choc dans de nom­breux pays, notam­ment en France où des voix se sont éle­vées pour récla­mer des actions fortes afin d'éviter une telle régres­sion en matière de droits des femmes dans l'Hexagone.
"Les liber­tés recon­nues aux femmes, que l'on pen­sait en quelque sorte impos­sible de faire recu­ler, sont remises en cause par des mou­ve­ments poli­tiques, par­fois par des diri­geants qui arrivent au pou­voir, par des juris­pru­dences qui changent, en fonc­tion d'équilibre poli­tique", a sou­li­gné Emmanuel Macron dimanche à l'occasion du 75ème anni­ver­saire de la Déclaration des Droits de l'Homme. "C'est pour­quoi la France se féli­cite de mon­trer l'exemple en ins­cri­vant dans sa consti­tu­tion la liber­té de la femme de recou­rir à l'interruption volon­taire de gros­sesse", a ajou­té le chef de l'État. "Cette liber­té sera ins­crite dans notre consti­tu­tion, et le texte, suite à son pas­sage au Conseil d'État arri­ve­ra dans les pro­chains jours sur la table du Conseil des ministres pour que nous puis­sions l'adopter, et qu'il fasse ensuite son che­min légis­la­tif puis consti­tu­tion­nel."
Dans les faits, l'inscription du recours à l'IVG dans la Constitution – recours à l'heure actuelle recon­nu dans une loi ordi­naire – est avant tout sym­bo­lique. Sa men­tion dans la loi fon­da­men­tale com­pli­que­rait les ten­ta­tives de le sup­pri­mer ou de lui por­ter gra­ve­ment atteinte, mais il pour­rait tou­jours être abro­gé par une nou­velle révi­sion consti­tu­tion­nelle. "C'est sym­bo­lique", reconnait-​on à l'Élysée, "mais c'est extrê­me­ment fort. C'est un com­bat qui a énor­mé­ment de valeur aus­si dans le débat inter­na­tio­nal".

Pour les fémi­nistes, un compromis

Dans les rangs des asso­cia­tions fémi­nistes, on salue un "sym­bole fort". L'inscription dans la Constitution "ne va pas chan­ger la manière dont, aujourd'hui, les femmes ont recours à l'avortement en France, ce n'est pas suf­fi­sant pour amé­lio­rer les choses", sou­ligne la pré­si­dente de la Fondation des femmes Anne-​Cécile Mailfert, citant notam­ment les pro­blèmes d'accès à l'IVG liés à la fer­me­ture de mater­ni­tés. "Néanmoins ça nous paraît néces­saire dans le contexte inter­na­tio­nal d'une grande vio­lence et d'attaques coor­don­nées de mou­ve­ments anti-​avortement, c'est impor­tant de réaf­fir­mer le carac­tère fon­da­men­tal de ce droit et de réaf­fir­mer dans quel camp se situe la France", ajoute-​t-​elle. "On est dans une situa­tion qui fait que la meilleure écri­ture est celle qui sera votée le plus rapi­de­ment pos­sible et c'est un com­pro­mis", abonde la pré­si­dente du Planning fami­lial, Sarah Durocher.
 À l'inverse, l'association d'extrême-droite Alliance Vita voit dans l'inscription de l'IVG dans la Constitution un "non-​sens" et juge la mise en place d'une vraie "poli­tique de pré­ven­tion de l'avortement plus que jamais néces­saire".

A lire aus­si I IVG dans la Constitution : pour les assos fémi­nistes, si l’annonce d’Emmanuel Macron est une “vic­toire”, elles res­tent “atten­tives”

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.