Renaissance (ex-LaREM) et la Nupes souhaitent inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution. Selon un sondage Ifop réalisé pour la Fondation Jean-Jaurès, 81% des Français·es y sont favorables.
Inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution française ? Moins de deux semaines après la décision historique de la Cour suprême des États-Unis d'annuler l'arrêt Roe v. Wade, garantissant aux Américaines l’accès à l’IVG au niveau national, les Français·es prennent position. Selon un sondage Ifop réalisé pour la Fondation Jean-Jaurès et dévoilé mardi par Franceinfo, 81% des personnes interrogées sont favorables à la constitutionnalisation du droit à l'avortement.
Cette prise de position des Français·es fait suite au dépôt d'une proposition de loi constitutionnelle visant à garantir le droit à l’interruption de grossesse, le 30 juin dernier, par le groupe Renaissance (ex-LaREM). Et à un autre dépôt, le 27 juin, d'un texte similaire de la Nupes, la coalition de quatre partis de gauche, ouvert pour cosignature à l'ensemble des député·es à l'exception de celles et ceux membres du Rassemblement national (RN).
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Tous les électorats favorables
La volonté d'inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution transcende, par ailleurs, toutes les strates de la population, « y compris celles plus conservatrices », note François Kraus, directeur du pôle « Politique et Actualités » de l'Ifop. Selon le sondage, 91% des électeur·trices de Yannick Jadot, 87% des soutiens d'Emmanuel Macron et 85% de celles et ceux de Jean-Luc Mélenchon sont favorables à la constitutionnalisation de ce droit. De même que 80% des électeur·trices de Marine Le Pen, 77% des personnes qui ont voté pour Valérie Pécresse et 59% pour Eric Zemmour.
« L'électorat de Marine Le Pen est jeune et complètement affranchi de la religion. C'est certes un électorat tourné vers les questions d'identité et de sécurité mais pas conservateur dans le sens anglo-saxon », analyse François Kraus auprès de Franceinfo.
Peu d'inquiétudes sur une remise en cause en France
Mais graver le droit à l’avortement dans le marbre devrait prendre du temps. Car la révision de la Constitution répond à un processus précis qui nécessite l’adoption du même texte à l’Assemblée nationale et au Sénat. Pour être définitivement adopté, le texte devra être ensuite approuvé par un référendum. Or, la chambre haute, plus conservatrice, ne devrait pas faciliter le processus parlementaire.
En attendant, les Français·es ne semblent pas penser que le scénario américain pourrait arriver dans l'Hexagone. Seulement 31% des personnes interrogées jugent possible que le droit à l'IVG puisse être remis en cause dans un avenir proche, contrairement à 56% estimant que c'est impossible.