À Rennes, un professeur de théâtre accusé d'agressions sexuelles et de harcèlement sexuel par des élèves reprendra ses fonctions à la rentrée prochaine. Les élèves du conservatoire se sont mobilisé·es contre son retour.
L'information circulait déjà depuis plusieurs semaines lorsqu'elle a été officialisée mardi 13 juin. D'après un article de Libération publié vendredi, un professeur de théâtre accusé d'agressions sexuelles et de harcèlement sexuel à l'encontre de ses élèves reprendra ses fonctions en septembre prochain, au conservatoire de Rennes. L'annonce de son retour a provoqué la mobilisation des élèves du conservatoire de théâtre.
Mardi dernier, lors d'une réunion avec les enseignant·es du département théâtre, la directrice de l’établissement, Hélène Sanglier, et Laurence Quinault, directrice générale des services de la ville de Rennes, les apprenti·es comédien·nes ont exprimé leur déception et leur colère. « Nous refusons de travailler avec un professeur qui harcèle, humilie, sexualise et violente ses élèves », a ainsi déclaré un·e élève dans un enregistrement sonore de la réunion que Libération a pu se procurer.
Le quotidien avait recueilli en septembre 2020 une vingtaine de témoignages d'élèves qui dénonçaient les méthodes du professeur, décrites comme violentes et abusives. Ils·elles accusent aussi leur professeur d’avoir agressé sexuellement deux élèves. Des accusations que ce dernier a toujours contestées.
Création d'un collectif d’actuels et anciens élèves
Dès que les étudiant·es ont entendu les premiers bruits de couloir concernant le retour du professeur de théâtre, ils ont crée un collectif qui rassemble une trentaine d'apprenti·es comédien·nes âgé·es de 18 à 24 ans. Les étudiant·es ont également rédigé une lettre ouverte compilant les témoignages d'anciens élèves qui accusent le professeur de violences. Pour eux·elles, il est inimaginable de laisser l’enseignant reprendre ses fonctions «comme si rien ne s’était passé». « On ne veut pas qu’il revienne au conservatoire de Rennes, mais on ne veut pas non plus qu’il se retrouve face à d’autres élèves. On veut se battre pour qu’il arrête d’enseigner » a indiqué l'une d'elles auprès de Libération.
Les apprenti·es comédien·nes pointent aussi du doigt les insuffisances de la justice et accusent la ville de Rennes et le conservatoire de théâtre de ne « pas avoir pris la situation au sérieux » suffisamment tôt. « Comment est-ce possible de laisser passer des faits aussi graves ? On ne parle pas d’un seul témoignage, mais d’une vingtaine », s'insurge ainsi un membre du collectif interrogé par Libération.
Un retour de fonction décidé par la justice
La ville de Rennes a confirmé à Libé que le professeur question devait reprendre des fonctions « correspondant à son cadre d’emploi, c’est-à-dire professeur de théâtre » et que « les voies de recours sont épuisées sur le plan judiciaire comme administratif ».
En 2019, deux procédures à l'encontre du professeur avaient été déclenchées suite au signalement d'un groupe d'élèves. La première, judiciaire, avait été classée sans suites pour « infraction insuffisamment caractérisée » et l’enquête administrative avait abouti à un blâme. En 2020, dans la foulée de la publication de l'enquête de Libération, l'enquête judiciaire avait été rouverte après une saisine de la ville de Rennes. Au total, neuf plaintes avaient été déposées par des élèves, et un médecin légiste avait évalué des incapacités totales de travail allant jusqu’à trente jours pour deux des plaignantes.
En juin 2021, le parquet de Rennes avait finalement décidé de ne pas poursuivre l’enseignant. Il avait seulement écopé d'un rappel à la loi pour des faits « caractérisés de harcèlement s’inscrivant dans le cadre de pratiques pédagogiques inadaptées ». Les accusations d’agressions sexuelles ont quant à elles été jugées « insuffisamment caractérisées ».
