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© Markus Spiske / Unsplash

Infanticide dans l’Eure : deux direc­teurs d’école mis en exa­men pour non-​dénonciation de maltraitances

Deux directeur·rices d’école ont été mis·es en exa­men, ce lun­di 15 jan­vier, pour “non-​dénonciation de mau­vais trai­te­ment” dans l’affaire de la mort de la petite Lisa, 3 ans, morte en sep­tembre der­nier sous les coups don­nés par sa mère et son beau-père. 

En sep­tembre der­nier, Lisa, 3 ans, décé­dait au CHU de Rouen(Seine-Maritime) Prise en charge “en arrêt cardio-​respiratoire”, la fillette était décé­dée peu de temps après son arri­vée, mal­gré l’intervention des secours au domi­cile fami­lial, à Conches-​en-​Ouche (Eure). Elle avait été bat­tue à mort par sa mère et son beau-​père. Elle por­tait de mul­tiples héma­tomes, cer­tains récents et d’autres plus anciens, sur “le visage, les quatre membres, le tho­rax, le dos, le pubis”, avait à l’époque pré­ci­sé le pro­cu­reur de la République d’Évreux, Rémi Coutin.”Ni la gen­dar­me­rie, ni la jus­tice, ni les ser­vices de l’aide sociale à l’enfance n’avaient été infor­més” des “vio­lences dif­fi­ci­le­ment sou­te­nables”.

Fin sep­tembre, la mère et le beau-​père de Lisa avaient été mis·es en exa­men pour “meurtre sur une mineure de moins de 15 ans, vio­lences sur mineure de moins de 15 ans, pri­va­tion de soins et non-​dénonciation de trai­te­ment sur un mineure”. Si, en garde à vue, la mère avait d’abord ten­té de faire croire à une mau­vaise chute, elle était rapi­de­ment pas­sée aux aveux. Elle a alors admis qu’elle et son com­pa­gnon don­naient “régu­liè­re­ment” des coups à Lisa “lorsqu’elle n’était pas sage” depuis huit mois. Il·elle sont depuis incarcéré·es pour ces faits pour les­quels il·elle encourent la réclu­sion à per­pé­tui­té. Le grand frère de Lisa a été confié à l’Aide sociale à l’enfance.

“Non-​dénonciation de mau­vais traitements”

Près de trois mois après la mort de Lisa, une direc­trice d'école mater­nelle et un direc­teur de pri­maire ont été mis·es en exa­men, a‑t-​on appris aujourd'hui auprès du par­quet. Cette mise en exa­men pour "non-​dénonciation de mau­vais trai­te­ments" vise "la direc­trice de l'école mater­nelle où était sco­la­ri­sée la petite fille ain­si que le direc­teur de l'école pri­maire où était sco­la­ri­sé son grand frère (âgé de six ans), lui aus­si vic­time de mal­trai­tance", a pré­ci­sé Rémi Coutin. Il·elle avaient été placé·es en garde à vue le 7 décembre avant d'être mis·es en exa­men et placé·es sous contrôle judi­ciaire "avec inter­dic­tion d'entrer en contact avec les autres mis en exa­men dans ce dos­sier".

“Nous avons esti­mé, avec le juge d’instruction, qu’il y avait suf­fi­sam­ment d’éléments pour mettre en exa­men” les deux directeur·rices d’école concerné·es, a sou­li­gné ce lun­di le pro­cu­reur d’Évreux.”La direc­trice d’école a recon­nu en garde à vue qu’elle s’était dit qu’il fal­lait faire un signa­le­ment mais qu’elle ne l’a pas fait, notam­ment parce qu’elle n’en avait pas le temps. Le direc­teur, lui, conteste sa res­pon­sa­bi­li­té”, a‑t-​il ajouté. 

Le direc­teur et la direc­trice encourent chacun·e une peine de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Sollicité par l’AFP, le rec­to­rat de Normandie confirme “que les deux fonc­tion­naires sont sus­pen­dus” ajou­tant qu’une “enquête admi­nis­tra­tive sera dili­gen­tée par le rec­to­rat lorsque l’enquête judi­ciaire sera suf­fi­sam­ment avan­cée”.

Syndicat outré

“Nous sommes outrés”, a réagi le secré­taire géné­ral du syn­di­cat des direc­trices et des direc­teurs d’école de l’Éducation natio­nale (S2dé, mino­ri­taire), Thierry Pajot. “On veut nous faire por­ter tous les maux de la terre. Quid de l’équipage de gen­dar­me­rie qui s’est pré­sen­té un jour au domi­cile ? Quid des voi­sins qui savaient ? Quid des ser­vices sociaux ? Quid des écoles pré­cé­dentes où étaient sco­la­ri­sés les enfants ?” interroge-​t-​il. “À par­tir de main­te­nant, dès qu’un enfant aura un bleu, nous ferons une remon­tée immé­diate. Nous allons inon­der les ser­vices sociaux et les pro­cu­reurs pour nous cou­vrir”, ajoute-​t-​il.

L’enquête judi­ciaire a non seule­ment pour but d’éclaircir les res­pon­sa­bi­li­tés res­pec­tives de la mère et du beau-​père de la vic­time, mais aus­si des tiers qui auraient pu avoir connais­sance des vio­lences subies par les enfants et man­qué de les dénon­cer. Une amie du couple avait notam­ment “vu l’enfant plu­sieurs jours avant les faits et [avait] sou­hai­té faire un signa­le­ment au 119”, mais “cet appel n’aurait pas abou­ti” faute d’opérateurs, avait décla­ré M. Coutin lors d’une confé­rence de presse quelques jours après les faits.
Le pro­cu­reur avait racon­té com­ment “dans un méca­nisme assez abject, mais clas­sique de ce type de vio­lences, le couple” jus­ti­fiait ces vio­lences, débu­tées à l’hiver 2022–2023, en expli­quant “que la fillette se bles­sait toute seule lors de crises de colère et de chutes”.

Le beau-​père de 29 ans, sans pro­fes­sion, avait par la suite recon­nu s’être déjà livré par le pas­sé à “des bous­cu­lades, des étran­gle­ments jusqu’à convul­sion et plu­sieurs pertes de connais­sance de l’enfant”. La mère, 27 ans, éga­le­ment sans emploi, a pour sa part admis avoir don­né “des gifles” à sa fille. “On est dans un drame de l’isolement, du mal-​logement, de l’addiction. Ils vivaient dans le dénue­ment le plus total”, avait décla­ré en sep­tembre Jérôme Pasco, maire de cette com­mune nor­mande de cinq mille habitants.

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