Harcèlement envers son ex-​compagne : 18 mois avec sur­sis et 3 ans d'inéligibilité requis contre le dépu­té Benoît Simian

Le dépu­té giron­din a com­pa­ru le jeu­di 24 mars devant le tri­bu­nal cor­rec­tion­nel de Bordeaux pour une qua­ran­taine de faits de har­cè­le­ment à l’encontre de son ex-​épouse. Il a réfu­té les accu­sa­tions por­tées contre lui. 

Benoit Simian salle 4 colonnes 19323
Le dépu­té Benoît Simian au palais Bourbon, 2017.
©G. Garitan

C’était une audience atten­due qui s’est tenue jeu­di 24 mars devant le tri­bu­nal judi­ciaire cor­rec­tion­nel de Bordeaux où le dépu­té de la Gironde, Benoît Simian (ex-​LREM, désor­mais sous l’étiquette Libertés et Territoires) com­pa­rais­sait pour des faits de har­cè­le­ment sur son ex-​femme, Soraya Simian. Au terme de cinq heures de débat, la vice-​procureure de la République de Bordeaux, Rachel Bray, a requis à l’encontre de l’élu une peine de dix-​huit mois d’emprisonnement assor­tie d’un sur­sis pro­ba­toire de trois ans. Elle a aus­si deman­dé une inéli­gi­bi­li­té de trois ans avec une inter­dic­tion de ren­trer en contact et de paraître à son domicile. 

Benoît Simian, cos­tume bleu et verbe long, s’est mon­tré très sûr de lui devant les juges, saluant même de ça et là des connais­sances, selon France 3 Nouvelle-​Aquitaine. À la barre, le dépu­té s'est mon­tré bavard. Trop même par­fois. Il s'est d'ailleurs fait reca­drer par son avo­cat à plu­sieurs reprises selon France 3. « Je suis un homme de dia­logue », a‑t-​il ten­té de jus­ti­fier. Puis il s'est posé en vic­time. « Je suis para­si­té par mon pro­fil de per­son­nage public dans cette affaire. Mon image est abî­mée. »

Une qua­ran­taine d’actes malveillants 

Contrairement à son mari, l'ex-compagne s’est mon­trée « pros­trée, repliée, tête basse », selon France 3. « N'importe quel citoyen ferait 1% de ce qu'il a fait, il fini­rait en garde à vue. Parce qu'il n'a pas fini en garde à vue, il a consi­dé­ré qu'il pou­vait se per­mettre de faire ce qu'il vou­lait », ana­ly­sait à la barre Maître Ghalima Blal-​Zenasni qui défend Soraya Simian.

La pro­cu­reure lui reproche des agis­se­ments répé­tés, une qua­ran­taine, « par­fois 2 ou 3 fois par jour », com­mis du 1er juillet 2020 au 19 novembre 2020 à Ludon-​Médoc (Gironde), où vivait le couple, dans un contexte de pro­cé­dure de divorce hou­leuse. Les époux se séparent au cou­rant du prin­temps 2020. Après avoir quit­té le domi­cile conju­gal, le dépu­té de 38 ans s’est ser­vi de son bureau de par­le­men­taire ins­tal­lé dans le jar­din pour mul­ti­plier les actes mal­veillants à l’encontre de son ex-​épouse et de ses enfants. « Il a tagué la boîte aux lettres, volé les pou­belles, cas­sé des camé­ras, témoi­gnait ain­si son ex-​femme au micro de RTL en octobre 2020. Il nous [ses enfants et elle, ndlr] écou­tait, il nous obser­vait, il était tout le temps-​là, du matin au soir. »

Mesures de protection 

Pas un jour ne passe sans un énième rebon­dis­se­ment, si bien que Soraya Simian décide de por­ter plainte contre son ex-​compagnon, éga­le­ment ancien maire de Ludon-​Médoc. Dès le 3 août 2020, elle a fait l’objet d’une ordon­nance de pro­tec­tion, inter­di­sant à Benoît Simian de l’approcher et d’entrer au domi­cile. Puis, le 10 sep­tembre, elle s’est vue confier un « télé­phone grave dan­ger », des­ti­né à don­ner l’alerte aux forces de l’ordre en cas d’urgence. Et pour cause, Benoît Simian conti­nue de se rendre chez son ex-​femme, mal­gré l’interdiction de s’y pré­sen­ter. « On se sent sur­veillé. On se demande ce qui va arri­ver. Du coup, ça nous pour­rit la vie parce que j’arrive le soir et je ne peux pas faire à man­ger aux enfants ou les laver parce qu’il cou­pait le gaz, je n'avais plus d’eau chaude », avait détaillé Soraya Simian chez RTL. Le Monde révé­lait en jan­vier 2021 que Benoît Simian s’était même fait pas­ser pour un repré­sen­tant de com­merce venu vendre des pots de miel, devant les gen­darmes de Ludon-​Médoc, pour jus­ti­fier sa pré­sence au domi­cile conju­gal. Puis avait chan­gé de stra­té­gie en arguant souf­frir d’amnésie depuis une séance d’hypnose.

Une pro­cé­dure avait alors été ouverte pour har­cè­le­ment moral par conjoint. Un méde­cin avait éta­bli pour son épouse une « inca­pa­ci­té tem­po­raire de tra­vail » (ITT) supé­rieure à huit jours, qui a pro­vo­qué la « dégra­da­tion des condi­tions de vie alté­rant la san­té ». Mais l’Assemblée natio­nale ayant refu­sé, le 9 décembre 2020, la demande de la pro­cu­reure de Bordeaux de lever l’immunité du par­le­men­taire, l’affaire s’était enli­sée de nom­breux mois. Avec ce refus, Benoît Simian ne pou­vait en effet ni être pla­cé en garde à vue ni faire l’objet d’une per­qui­si­tion. Un refus qui avait néan­moins sus­ci­té de vives réac­tions d’élues et asso­cia­tions féministes. 

Lire aus­si : Clémentine Autain dénonce la pas­si­vi­té de l’Assemblée natio­nale dans l’affaire Benoît Simian

Tentative de soustraction 

Il avait fal­lu attendre une entre­vue sous le régime de l’audition libre (non contrai­gnante) pour qu’en novembre 2021, Benoît Simian soit ren­voyé devant le tri­bu­nal cor­rec­tion­nel de Bordeaux, avait révé­lé à l’époque Mediapart. Selon les infor­ma­tions du site, les forces de l’ordre ont plu­sieurs fois déplo­ré l’attitude de l’élu pen­dant l’enquête. Benoît Simian n’a pas hési­té à faire valoir ses rela­tions (réelles ou sup­po­sées) glis­sant par exemple au cours d’un échange qu’il avait des contacts haut pla­cés « au minis­tère de l’Intérieur ». Ou pré­tex­tant avoir un « dîner impor­tant » pour ten­ter de se sous­traire aux ques­tions des gen­darmes alors qu’il s’agissait d’un repas chez sa mère, comme le révé­lait Le Monde

« Il est là, il rôde, il gêne, il marque son ter­ri­toire. Le pro­blème, c'est l'omniprésence de Monsieur Simian. Il a déci­dé de lui pour­rir la vie », a sou­te­nu la vice-​procureure lors du pro­cès ce 24 mars. De son côté, Benoît Simian a tou­jours nié les faits de har­cè­le­ment et a même dépo­sé plainte contre son ex-​femme pour vio­lence. L'avocat de l'élu, Me Olivier Couleau, a dénon­cé « une mise à mort poli­tique ». Le juge­ment a été mis en déli­bé­ré au 23 juin. Le dépu­té est éga­le­ment visé depuis février dans une deuxième enquête pour des faits de har­cè­le­ment, cette fois à l'encontre d'une de ses col­la­bo­ra­trices à l'Assemblée.

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