Le coup de gueule de Céline Extenso, cofondatrice du collectif handi-féministe Les Dévalideuses.
« Récemment sur Twitter, une association se vantait d’avoir reçu un agrément pour mettre à disposition des familles des AESH [accompagnant·es des élèves en situation de handicap, ndlr] privés. Contrairement aux AESH publics, pris en charge par l’État, ces accompagnants privés sont employés par les parents. Cette exception semble être devenue un système organisé. Car l’Éducation nationale ne couvre pas tous les postes d’AESH nécessaires [on compte 132 000 AESH pour 410 000 élèves handicapé·es scolarisé·es en milieu ordinaire].
En 2021, l’ONU a d’ailleurs dressé un bilan alarmiste sur la situation de la France, où elle pointe le fait que l’inclusion scolaire y est extrêmement défaillante. Régulièrement, des enfants se retrouvent sans aucune solution de scolarisation. Et lorsque des solutions sont proposées, elles sont souvent insatisfaisantes, puisque les AESH sont sous-payés (avec un salaire moyen d’environ 800 euros net), contraints de travailler à temps partiel, avec peu de formation, et doivent, de plus en plus, accompagner trois ou quatre élèves au sein d’un même établissement. Donc on peut comprendre que des parents fassent appel à des AESH privés.
Le problème, c’est que ça augmente les inégalités d’accès à la scolarisation et que ça contribue à la privatisation d’un service qui devrait être pris en charge par la collectivité. Plus qu’une question de dépenses, c’est un choix politique. Parce qu’en réalité, les enfants qui ne peuvent pas être en inclusion se retrouvent dans des structures spécialisées, qui coûtent très cher à la société. Plus qu’un accompagnement personnalisé. »