Football : des joueurs de Ligue 1 et Ligue 2 refusent de por­ter le maillot arc-​en-​ciel contre l’homophobie

Des joueurs de Guingamp, Nantes ou encore Toulouse ont refu­sé ce week-​end de por­ter le maillot arc-​en-​ciel dans le cadre de la cam­pagne annuelle « Homos ou hété­ros, on porte tous le même maillot » orga­ni­sé par la Ligue de foot­ball pour lut­ter contre l'homophobie. Les asso­cia­tions s’insurgent.

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© Capture d'écran du compte Instagram
de Zakaria Aboukhlal 

Ce week-​end du 13 et 14 mai, sur toutes les pelouses de Ligue 1 et Ligue 2, les joueurs de foot devaient por­ter des maillots arbo­rant les cou­leurs de l'arc-en-ciel, sym­bole LGBTQ+. Une ini­tia­tive de la Ligue de foot­ball pro­fes­sion­nel (LFP) mise en place depuis trois sai­sons dans le cadre de la jour­née mon­diale de lutte contre l’homophobie (qui aura lieu le 17 mai). Or, d'après Libération, cer­tains foot­bal­leurs des clubs de Guingamp, Nantes ou encore Toulouse ont dû être reti­rés des feuilles de match à cause de leur refus de sou­te­nir la com­mu­nau­té LGBTQ +.

Dimanche, les joueurs du Toulouse foot­ball club (TFC) et du Football club de Nantes (FCN), Zakaria Aboukhlal et Mostafa Mohamed n'ont pas par­ti­ci­pé à la ren­contre entre leurs deux clubs à l’occasion de la 35e jour­née de Ligue 1. Zakaria Aboukhlal, titu­laire régu­lier, n’a pas joué car il refu­sait de por­ter le maillot flo­qué aux cou­leurs de la com­mu­nau­té LGBTQ + sou­li­gnant qu’il n’était pas « la per­sonne la plus adé­quate pour par­ti­ci­per à cette cam­pagne ». Selon la Dépêche du Midi, les joueurs Logan Costa et Farès Chaïbi ne vou­laient pas non plus por­ter le maillot, alors qu’eux figu­raient bien sur la feuille de match. 

Du côté des Nantais, Mostafa Mohamed qui n’a pas non plus sou­hai­té por­ter ce maillot aux cou­leurs LGBTQ+, a expli­qué ses rai­sons sur les réseaux sociaux : « Je res­pecte toutes les dif­fé­rences. Je res­pecte toutes les croyances et toutes les convic­tions. Ce res­pect s’étend aux autres, mais com­prend éga­le­ment le res­pect de mes croyances per­son­nelles. Vu mes racines, ma culture, l’importance de mes convic­tions et croyances, il n’était pas pos­sible pour moi de par­ti­ci­per à cette cam­pagne. J’espère que ma déci­sion sera res­pec­tée », a écrit le joueur de foot égyptien. 

Samedi, c'était le défen­seur de Guingamp Donatien Gomis qui a pré­fé­ré décla­rer for­fait pour le match de Ligue 2 à Sochaux, qui a eu lieu dans la soi­rée, pour ne pas par­ti­ci­per à la cam­pagne de lutte contre l’homophobie, a confir­mé le club de foot de Guingamp, après une infor­ma­tion du Télégramme. Le club en a « pris acte » et le pré­sident Fred Le Grand doit revoir le joueur de 28 ans la semaine prochaine.

C'est à l’occasion de la cam­pagne annuelle « Homos ou hété­ros, on porte tous le même maillot » que tous les joueurs de Ligue 1 et Ligue 2 devaient por­ter ce week-​end un maillot aux cou­leurs de l’arc-en-ciel, qui ornent aus­si les bras­sards des capi­taines. Ces maillots doivent ensuite être ven­dus aux enchères au pro­fit des asso­cia­tions Foot Ensemble, PanamBoyz & Girlz United et SOS Homophobie, selon Libération.

Des réac­tions dans la ville rose 

À Toulouse, les refus des joueurs n’a pas tar­dé à faire réagir. Dans un com­mu­ni­qué dimanche après-​midi, le TFC a confir­mé que des « joueurs de l’effectif pro­fes­sion­nel ont expri­mé leur désac­cord concer­nant l’association de leur image aux cou­leurs arc-​en-​ciel repré­sen­tant le mou­ve­ment LGBT » mais a pré­ci­sé que le club a par consé­quent « choi­si d’écarter les­dits joueurs pour la ren­contre pré­vue ce dimanche à 15 heures au Stadium de Toulouse », fai­sant valoir « son enga­ge­ment de longue date dans la lutte contre l’homophobie et toutes les formes de discriminations ».

L’adjointe au sport de la ville rose, Laurence Arribagé, s'est éga­le­ment expri­mée sur la situa­tion : « Le sport ras­semble dans un esprit de tolé­rance et de res­pect de la diver­si­té. S’unir dans la diver­si­té, c’est refu­ser toutes les dis­cri­mi­na­tions, y com­pris celles fon­dées sur l’orientation sexuelle. Nous déplo­rons le choix des quelques joueurs qui ne font pas hon­neur à ces valeurs », a‑t-​elle regret­té sur Twitter.

« Le foot­ball fran­çais est déci­dé­ment un grand corps malade »

L’association PanamBoyz & Girlz United a, quant à elle, salué sur Twitter « les réac­tions sans ambi­guï­té de nom­breux sup­por­ters tou­lou­sains », cho­qués comme elle par le refus des joueurs de par­ti­ci­per à la jour­née de lutte contre l’homophobie dans le football.

Catherine Michaud, pré­si­dente de l’association GayLib, éga­le­ment élue Radicale de Paris et conseillère régio­nale d’Ile de France, a, elle, condam­né ces refus de jouer ce dimanche dans un com­mu­ni­qué : « L’homophobie n’est pas une opi­nion, mais un délit. Elle ne peut pas être cau­tion­née ni par le club employeur ni par les auto­ri­tés enca­drant les sports en France. »

L’association en a d’ailleurs pro­fi­té pour rap­pe­ler que les joueurs de foot sont des sala­riés comme les autres. « Un joueur ne peut pas se sous­traire à une action de lutte contre les dis­cri­mi­na­tions à laquelle par­ti­cipe son club, son employeur, en rai­son de croyances per­son­nelles ou reli­gieuses », insiste l’avocat et membre de l’association Yann-​Mael Larher, cité dans le com­mu­ni­qué de l'association. GayLib appelle les clubs en ques­tion à « sanc­tion­ner fer­me­ment » ces joueurs. 

Le col­lec­tif de lutte contre l’homophobie dans le sport ama­teur comme pro­fes­sion­nel Rouge Direct s'est joint à ces inter­pel­la­tions, récla­mant dans un com­mu­ni­qué une « vraie poli­tique de lutte contre l’homophobie dans le foot­ball, comme en Angleterre ou en Allemagne entre autres ». Le col­lec­tif dénonce l’ « inac­tion des ins­tances du foot­ball » et écrit : « Le foot­ball fran­çais est déci­dé­ment un grand corps malade, l’homophobie en est un des prin­ci­paux foyers d’infection. Il est plus que temps de pas­ser à des paroles ambi­tieuses et à des actions concrètes, à grande échelle. »

La ministre des sports demande des sanctions 

Invitée de Stade 2 dimanche soir, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-​Castéra a réagi à ces refus de por­ter le maillot arc-​en-​ciel. « Je regrette vive­ment qu’on n’ait pas 100 % des joueurs en France qui se retrouvent dans ce mes­sage de non-​discrimination. On est dans un pays qui a tou­jours pro­mu le res­pect des autres, des droits de l’Homme. C’est essen­tiel qu’on puisse tous se retrou­ver dans un mes­sage aus­si basique de vivre ensemble », a‑t-​elle pré­ci­sé. La ministre a notam­ment insis­té sur la « res­pon­sa­bi­li­té des clubs », et a récla­mé un dia­logue et des sanc­tions contre ces joueurs.

C’est l’international Idrissa Gana Gueye, alors milieu de ter­rain du PSG et aujourd’hui à Everton qui avait ouvert la marche à ces actes homo­phobes l'année der­nière après avoir décla­ré for­fait, sur fond de bles­sure, pour ne pas por­ter le maillot aux cou­leurs arc-​en-​ciel. Le Sénégalais avait été som­mé de s’expliquer par le conseil natio­nal de l’éthique (CNE) de la Fédération fran­çaise de foot­ball (FFF), un organe qui n’a néan­moins pas de pou­voir contrai­gnant, mais avait reçu un large sou­tien du Sénégal, selon Libération.

À lire aus­si I Homophobie dans le foot : ren­contre entre l'ancien foot­bal­leur pro­fes­sion­nel Ouissem Belgacem et le pré­sident des Ultras Indians Tolosa, Alexandre Roux

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