Faux avis de recherche : la nou­velle tech­nique des harceleur·ses pour retrou­ver leurs victimes

Sur les réseaux sociaux, les faux avis de recherche se mul­ti­plient ces der­niers temps. Le Parisien a publié, ce jeu­di, une nou­velle enquête révé­lant cette tech­nique uti­li­sée par les harceleur·ses pour retrou­ver leur cible. 

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© Manh Nghiem

Dans une enquête publiée ce jeu­di 13 avril, Le Parisien révèle les nou­velles tech­niques des harceleur·ses pour retrou­ver leur vic­time. En pos­tant des avis de recherche sur les réseaux sociaux, et en appe­lant à la soli­da­ri­té, les harceleur·ses, qui sont pour certain·es les ex-conjoint·es des vic­times, trompent la bonne foi des inter­nautes dans un but mal­veillant. Ils et elles uti­lisent ces appels à la soli­da­ri­té pour en réa­li­té loca­li­ser phy­si­que­ment ou « stal­ker » (tra­quer ou espion­ner en ligne) leurs proies, la plu­part du temps des femmes. 

Lorsque des avis de recherche émanent « de comptes […] avec peu d’informations, sans numé­ro de télé­phone de la bri­gade de police ou de gen­dar­me­rie », soyez prudent·es, a aler­té Jean-​Jacques Latour, direc­teur de l’expertise cyber­sé­cu­ri­té pour la pla­te­forme gou­ver­ne­men­tale Cybermalveillance.gouv.fr (dis­po­si­tif natio­nal de sen­si­bi­li­sa­tion, pré­ven­tion et assis­tance aux vic­times d’actes de cyber­mal­veillance) au Parisien. « N’interagissez pas non plus avec le tweet car vous allez lui don­ner de l’importance et l’algorithme va le mettre en avant (pré­fé­rez la cap­ture écran), et si la pho­to de pro­fil semble géné­rée par une intel­li­gence arti­fi­cielle, fuyez ! », a‑t-​il ton­né auprès du quo­ti­dien avant de pré­ci­ser : « Méfiez-​vous éga­le­ment des mes­sages qui ne com­portent pas de hash­tags (mots-​clés) comme #police #gen­dar­me­rie #minis­te­re­de­lin­te­rieur qui attirent les forces de l’ordre ».

Un phé­no­mène d’ampleur, des vic­times silencieuses

Si ce direc­teur de l’expertise cyber­sé­cu­ri­té alerte sur ces mes­sages, c'est parce que ces der­niers mois, Twitter a vu fleu­rir nombre d’appels de ce type. Le 17 mars der­nier, c’était une cer­taine Camille Martin qui s’inquiétait de la dis­pa­ri­tion de sa meilleure amie, après être sor­tie en boîte de nuit à Rennes. « Elle s’appelle Violette, elle a 26 ans et por­tait une robe rouge avec des docs. Elle dan­sait avec un mec, plu­tôt grand, brun et une barbe. Je me sou­viens qu’il a un scor­pion tatoué sur la nuque », décri­vait le tweet, qui a été très par­ta­gé, y com­pris par des col­lec­tifs fémi­nistes. Les ten­ta­tives d’interactions avec Camille Martin étant res­tées sans réponse, il a paru évident pour beau­coup d'internautes que cette Camille Martin était un faux compte. « C’est très pro­ba­ble­ment un mec qui se cache der­rière et qui veut retrou­ver cette femme, ne l’aidez pas », s'est alar­mée Lixi sur Twitter.

En novembre 2022, cette fois, une jour­na­liste de presse écrite aler­tait déjà sur son Twitter au sujet de ce type de piège, rap­porte Le Parisien. Un avis de recherche signa­lant la dis­pa­ri­tion d’une femme lui avait été envoyé par un époux. « En fai­sant son tra­vail d’enquête, elle s’est vu signi­fier une fin de non-​recevoir par les forces de l’ordre, car l’épouse fuyait son mari violent qui ten­tait de l’atteindre par ce biais », détaille le quotidien. 

Il y a trois mois encore, Louise1 qui venait de quit­ter son com­pa­gnon a été vic­time de ce phé­no­mène. « Il me har­ce­lait constam­ment en cher­chant à savoir où et avec qui j’étais, quand je ne répon­dais pas assez rapi­de­ment c’était des engueu­lades à n’en plus finir, il me dépré­ciait auprès des autres sans arrêt… J’ai fini par mettre un stop à toutes ces vio­lences psy­cho­lo­giques en démé­na­geant, sans le pré­ve­nir, mais en lui lais­sant une lettre », a‑t-​elle témoi­gné au Parisien.

Louise a expli­qué au quo­ti­dien avoir blo­qué son ancien copain sur tous les réseaux sociaux, mais celui-​ci « créait de faux comptes pour pou­voir me pis­ter », raconte-​t-​elle. « Je n’ai donc plus rien pos­té pour évi­ter de lui don­ner des indi­ca­tions du lieu où j’habite, ain­si que des endroits que je fré­quente. Mes amis ont pris les mêmes pré­cau­tions lorsque je suis avec eux », assure la jeune femme au Parisien. Et pour­tant, un mois après la sépa­ra­tion, une connais­sance lui a appris qu'elle avait trou­vé une pho­to d’elle sur Twitter avec un avis de recherche, pré­cise le quotidien. 

De son côté, la pla­te­forme Cybermalveillance.gouv.fr assure au Parisien n'avoir reçu aucun témoi­gnage rele­vant de cette tech­nique. « Toutefois, nous ne sommes pas une pla­te­forme de signa­le­ments. Les vic­times l’ont peut-​être fait savoir par d’autres moyens. Cette pra­tique, qui est une démarche de har­cè­le­ment, n’est donc pas à exclure et mérite a mini­ma une main cou­rante, voire une plainte », sou­ligne Jean-​Jacques Latour, tout en pré­ci­sant que lorsqu'on voit un avis de recherche, il ne faut pas sur­tout pas don­ner d'indications comme : « J’ai vu Violette, elle habite à côté de chez moi, rue untel. »

À lire aus­si I 87 % des 18–24 ans ont déjà été vic­times de cyberviolences

  1. le pré­nom a été modi­fié[]
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