Sur les réseaux sociaux, les faux avis de recherche se multiplient ces derniers temps. Le Parisien a publié, ce jeudi, une nouvelle enquête révélant cette technique utilisée par les harceleur·ses pour retrouver leur cible.
![Faux avis de recherche : la nouvelle technique des harceleur·ses pour retrouver leurs victimes 1 person standing on stairs inside the building](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2023/04/ivo_-81hnva-688x1024.jpg)
Dans une enquête publiée ce jeudi 13 avril, Le Parisien révèle les nouvelles techniques des harceleur·ses pour retrouver leur victime. En postant des avis de recherche sur les réseaux sociaux, et en appelant à la solidarité, les harceleur·ses, qui sont pour certain·es les ex-conjoint·es des victimes, trompent la bonne foi des internautes dans un but malveillant. Ils et elles utilisent ces appels à la solidarité pour en réalité localiser physiquement ou « stalker » (traquer ou espionner en ligne) leurs proies, la plupart du temps des femmes.
Lorsque des avis de recherche émanent « de comptes […] avec peu d’informations, sans numéro de téléphone de la brigade de police ou de gendarmerie », soyez prudent·es, a alerté Jean-Jacques Latour, directeur de l’expertise cybersécurité pour la plateforme gouvernementale Cybermalveillance.gouv.fr (dispositif national de sensibilisation, prévention et assistance aux victimes d’actes de cybermalveillance) au Parisien. « N’interagissez pas non plus avec le tweet car vous allez lui donner de l’importance et l’algorithme va le mettre en avant (préférez la capture écran), et si la photo de profil semble générée par une intelligence artificielle, fuyez ! », a‑t-il tonné auprès du quotidien avant de préciser : « Méfiez-vous également des messages qui ne comportent pas de hashtags (mots-clés) comme #police #gendarmerie #ministeredelinterieur qui attirent les forces de l’ordre ».
Un phénomène d’ampleur, des victimes silencieuses
Si ce directeur de l’expertise cybersécurité alerte sur ces messages, c'est parce que ces derniers mois, Twitter a vu fleurir nombre d’appels de ce type. Le 17 mars dernier, c’était une certaine Camille Martin qui s’inquiétait de la disparition de sa meilleure amie, après être sortie en boîte de nuit à Rennes. « Elle s’appelle Violette, elle a 26 ans et portait une robe rouge avec des docs. Elle dansait avec un mec, plutôt grand, brun et une barbe. Je me souviens qu’il a un scorpion tatoué sur la nuque », décrivait le tweet, qui a été très partagé, y compris par des collectifs féministes. Les tentatives d’interactions avec Camille Martin étant restées sans réponse, il a paru évident pour beaucoup d'internautes que cette Camille Martin était un faux compte. « C’est très probablement un mec qui se cache derrière et qui veut retrouver cette femme, ne l’aidez pas », s'est alarmée Lixi sur Twitter.
En novembre 2022, cette fois, une journaliste de presse écrite alertait déjà sur son Twitter au sujet de ce type de piège, rapporte Le Parisien. Un avis de recherche signalant la disparition d’une femme lui avait été envoyé par un époux. « En faisant son travail d’enquête, elle s’est vu signifier une fin de non-recevoir par les forces de l’ordre, car l’épouse fuyait son mari violent qui tentait de l’atteindre par ce biais », détaille le quotidien.
Il y a trois mois encore, Louise1 qui venait de quitter son compagnon a été victime de ce phénomène. « Il me harcelait constamment en cherchant à savoir où et avec qui j’étais, quand je ne répondais pas assez rapidement c’était des engueulades à n’en plus finir, il me dépréciait auprès des autres sans arrêt… J’ai fini par mettre un stop à toutes ces violences psychologiques en déménageant, sans le prévenir, mais en lui laissant une lettre », a‑t-elle témoigné au Parisien.
Louise a expliqué au quotidien avoir bloqué son ancien copain sur tous les réseaux sociaux, mais celui-ci « créait de faux comptes pour pouvoir me pister », raconte-t-elle. « Je n’ai donc plus rien posté pour éviter de lui donner des indications du lieu où j’habite, ainsi que des endroits que je fréquente. Mes amis ont pris les mêmes précautions lorsque je suis avec eux », assure la jeune femme au Parisien. Et pourtant, un mois après la séparation, une connaissance lui a appris qu'elle avait trouvé une photo d’elle sur Twitter avec un avis de recherche, précise le quotidien.
De son côté, la plateforme Cybermalveillance.gouv.fr assure au Parisien n'avoir reçu aucun témoignage relevant de cette technique. « Toutefois, nous ne sommes pas une plateforme de signalements. Les victimes l’ont peut-être fait savoir par d’autres moyens. Cette pratique, qui est une démarche de harcèlement, n’est donc pas à exclure et mérite a minima une main courante, voire une plainte », souligne Jean-Jacques Latour, tout en précisant que lorsqu'on voit un avis de recherche, il ne faut pas surtout pas donner d'indications comme : « J’ai vu Violette, elle habite à côté de chez moi, rue untel. »
À lire aussi I 87 % des 18–24 ans ont déjà été victimes de cyberviolences
- le prénom a été modifié[↩]