3 questions à David Assouline, sénateur (PS) de Paris et rapporteur de la commission d’enquête sur la concentration des médias en France.
Causette : À quoi va servir cette commission d’enquête ?
David Assouline : Le but principal, c’est d’éclairer le débat public sur une question fondamentale pour la démocratie. La concentration s’est accélérée depuis une dizaine d’années. Dans certaines régions, tous les titres de presse appartiennent au même propriétaire. Sur la TNT, seulement trois groupes contrôlent l’ensemble des chaînes. ll faut dresser un état des lieux précis avant, peut-être, d’envisager de mettre des garde-fous législatifs. Même si ça ne se fera pas dans la foulée de cette commission en un claquement de doigts.
Quelles sont les solutions possibles pour tenter de réduire cette influence ?
D. A. : On peut légiférer sur tout, y compris face à ce qui paraît incontrôlable. Une loi – celle de 1986 sur la liberté de communication – existe déjà et fixe certains principes, mais il y a des trous dans la raquette qu’on peut combler. En fixant, par exemple, des seuils de concentration capitalistique ou un nombre maximal de chaînes à posséder. Il peut aussi être envisagé de créer un droit collectif des rédactions qui protégerait les journalistes au-delà de la simple clause de conscience, qui est un droit individuel.
Quel est le principal risque lié à cette concentration ?
D. A. : C’est une menace pour la diversité de l’offre culturelle et la pluralité de l’information. Plus c’est concentré, moins il y a de diversité et d’indépendance et plus le risque de censure est grand. Et puis cette puissance est souvent utilisée comme un moyen d’influer sur la puissance publique. Le phénomène est aussi à l’œuvre dans le secteur du livre. Si le groupe Vivendi absorbe Lagardère, il pourrait posséder un géant du secteur, tant dans le domaine de l’édition que de la diffusion ou de la distribution.