photo libre de droit gerald darmanin ministre de l interieur datant de 2021
Gérald Darmanin ©Wikimedia Commons/Pierrot75005

Darmanin sou­haite « géné­ra­li­ser » les référent·es LGBT dans l'ensemble des com­mis­sa­riats et des bri­gades de gen­dar­me­rie, une mesure cen­sée être déjà appliquée

Dans un entre­tien à La Voix du Nord, Gérald Darmanin annonce la géné­ra­li­sa­tion du dis­po­si­tif de référent·e LGBT, présent·e dans quatre ville, à l'ensemble des com­mis­sa­riats et bri­gades de gen­dar­me­rie de France. La pré­sence géné­ra­li­sée de cette per­sonne, cen­sée accom­pa­gner les forces de l'ordre dans la prise en charge des plaintes pour homo­pho­bie et trans­pho­bie, avait pour­tant été annon­cée dès 2018 par le gouvernement.

Alors qu'arrivent les dix ans de la loi ouvrant le mariage aux per­sonnes de même sexe, Gérald Darmanin, fervent oppo­sant au texte en 2013, a don­né jeu­di une inter­view à La Voix du Nord à pro­pos de la lutte contre les actes homo­phobes en France. Le ministre de l'Intérieur dit aujourd'hui s'être « trom­pé » concer­nant son oppo­si­tion au mariage pour tous et annonce qu'il pren­dra « une ins­truc­tion la semaine pro­chaine » afin de « géné­ra­li­ser » le poste de référent·e LGBT « dans cha­cun des com­mis­sa­riats et dans cha­cune des bri­gades de gen­dar­me­rie ».

« À Paris, à Bordeaux, à Marseille et à Cayenne, on a mis un réfé­rent LGBT dans les ser­vices, c’est-à-dire un poli­cier ou un gen­darme qui est spé­cia­li­sé, for­mé, qui conseille ses cama­rades. Et ça marche très bien », a‑t-​il encore pré­ci­sé au quo­ti­dien. Or, la pré­sence d'un·e référent·e LGBT dans l'ensemble des com­mis­sa­riats et des bri­gades de gen­dar­me­rie est une mesure cen­sée être mise en place depuis… 2018. 

Une mesure peu appli­quée et pas suivie

En octobre 2018, l'ancien ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et l'ancienne secré­taire d'État char­gée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les dis­cri­mi­na­tions Marlène Schiappa en avaient fait l'annonce, en grande pompe, dans les locaux de SOS Homophobie. Puis, en novembre de cette même année, Marlène Schiappa l'écrivait noir sur blanc dans un com­mu­ni­qué de presse : « Des réfé­rents accueil lut­tant contre la haine anti-​LGBT sont dési­gnés dans tous les com­mis­sa­riats de police et bri­gades de gen­dar­me­rie. Ces réfé­rents béné­fi­cie­ront de for­ma­tions dédiées à l’accueil des vic­times d’actes de haine. Le ministre de l’intérieur adres­se­ra une cir­cu­laire aux pré­fets rap­pe­lant la mise en œuvre des dis­po­si­tions d’accueil et de recueil des plaintes. »

Cinq ans plus tard, force est de consta­ter que cette mesure a été peu ou pas appli­quée, si seule­ment quatre villes béné­fi­cient d'un·e référent·e, selon le décompte de Gérald Darmanin. Dans une longue enquête datant de mars der­nier, Mediapart démon­trait que le dis­po­si­tif n'avait pas été mis en place de manière effi­cace. « La mise en œuvre de ce dis­po­si­tif a été et est tou­jours labo­rieuse dans cer­tains endroits, faute de volon­taires sen­si­bi­li­sés notam­ment (en métro­pole comme dans les outre-​mer) », expli­quait ain­si Johan Cavirot de l’association FLAG!, en charge de lut­ter contre toutes les formes de dis­cri­mi­na­tions à l'encontre des LGBT au sein des minis­tères de l’Intérieur et de la Justice. 

À lire aus­si I "Guet-​apens": dans un docu­men­taire sidé­rant, Mediapart enquête sur les per­sonnes pié­geant les homos et bis sur les sites de rencontre

Interrogé par Mediapart, le dépu­té de la majo­ri­té Raphaël Gérard poin­tait éga­le­ment « l’absence de sui­vi de cette mesure » enga­gée par Marlène Schiappa : « Elle avait de grandes ambi­tions, mais sou­vent ce n’était pas très suivi. J’ai inter­ro­gé plu­sieurs fois Marlène Schiappa, avec des échanges assez hou­leux. Sur ces réfé­rents LGBT, je pense qu’on était dans une dyna­mique où on lan­çait un sujet, on déblo­quait un peu de moyens, mais le sui­vi du sujet après l’effet d’annonce, n’a pas été pas effec­tué. »

Cartographier les lieux des agressions

Depuis cette année, « 100 % des poli­ciers et gen­darmes ont dans leur for­ma­tion un module sur les vio­lences contre les per­sonnes LGBT », selon Gérald Darmanin. Une mesure qui semble éga­le­ment avoir mis du temps à être appli­quée, étant don­né que Marlène Schiappa l'avait annon­cé dès 2018 dans son com­mu­ni­qué de presse, pré­cé­dem­ment cité. 

Le ministre de l'Intérieur ajoute éga­le­ment vou­loir for­mer celles et ceux déjà en poste et qui n'auraient pas béné­fi­cié de cette for­ma­tion : « Je me donne un an pour que l’intégralité des poli­ciers et gen­darmes passe au moins une jour­née ou une demi-​journée à com­prendre qu’il y a des qua­li­fi­ca­tions spé­ci­fiques dans le droit et qu’il faut pou­voir accom­pa­gner les vic­times, mais aus­si pour ins­tal­ler des réfé­rents par­tout. »

Le loca­taire de Beauvau a aus­si affir­mé que ses ser­vices allaient « car­to­gra­phier les lieux où il y a le plus de vio­lences faîtes aux per­sonnes LGBT », s'appuyant sur une expé­rience menée à Lyon qui a per­mis, selon lui, de faire bais­ser ce type de délin­quance dans les rues, les quar­tiers et les bars où elle se concen­trait. « On va géné­ra­li­ser cela aus­si dans les 30 villes les plus impor­tantes de France pour qu’on puisse être plus pré­sents via une poli­tique de vidéo­pro­tec­tion, davan­tage de poli­ciers natio­naux à cer­taines heures, mais aus­si de liens avec les patrons de bars et de dis­co­thèques qui peuvent don­ner des ren­sei­gne­ments pour inter­ve­nir », a‑t-​il pro­mis. En espé­rant, main­te­nant, que ces pro­messes soient réel­le­ment effec­tives au bout d'un an.

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