Selon une nouvelle étude publiée ce jeudi, dans quatre couples sur dix en France, les conjoint·es appartiennent au même groupe socioéconomique.
Une étude de l’Insee qui dresse le portrait social de 2023 et porte sur les années 2021–2022 affirme que dans quatre couples sur dix, les conjoint·es sont issu·es du même milieu socioéconomique. Une tendance plus ou moins forte selon les métiers exercés par les conjoint·es. Toutes professions confondues, dans quatre couples sur dix (38 %), les deux partenaires appartiennent au même groupe social, d’après l’étude. Chez les personnes travaillant en tant qu’indépendant·es – de catégorie sociale supérieure (profession libérale, chef·fes d’entreprise, etc.) comme plus modeste (artisan·nes, commerçant·es) –, le taux monte même à 63 % des couples.
“Ce n’est pas une stratégie consciente, la plupart des couples ne se choisissent pas sur le critère de l’appartenance sociale”, explique Milan Bouchet-Valat, sociologue de l’Institut national d’études démographiques (Ined). “Mais chacun rencontre son conjoint dans le milieu qu’il fréquente. Or au travail, dans les études, les loisirs, dans son quartier, on côtoie des gens du même milieu social”, observe ce spécialiste de ce phénomène, l’homogamie. “On a plus de chance de tomber amoureux de quelqu’un qui nous ressemble. On se comprend mieux avec quelqu’un qui a fait les mêmes études, a le même mode de vie, a reçu de sa famille la même éducation, les mêmes valeurs”, poursuit-il. Ainsi, parmi les “classes d’emplois de niveau supérieur” (ingénieur·es, cadres, enseignant·es, journalistes…), un couple sur deux est constitué de conjoint·es appartenant à cette même “classe d’emplois”. Chez les classes d’“emplois d’exécution peu qualifiés” (employé·es de secteur du nettoyage ou du maintien à domicile, des cafés-restaurants…), ce taux descend en revanche à 35 %.
Cette étude de l’Insee souligne l’effet majeur de “partager le même niveau de diplôme” pour expliquer ce phénomène. Selon les catégories sociales, l’homogamie – ou au contraire l’hétérogamie – n’a pas le même impact, d’après le sociologue spécialiste de la famille François de Singly : “Pour les catégories sociales les moins élevées, l’hétérogamie montre une ascension sociale. Pour les classes les plus supérieures, cela représente une sorte de déclassement”, analyse-t-il.