Alors que de multiples plaintes l’accusent de viol, le Pr Daraï était invité ce mercredi 11 mai au colloque « Paris Santé Femmes », ce qui avait provoqué la colère du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques. Une manifestation prévue demain matin a finalement dissuadé le gynécologue de sa venue, le rassemblement est lui maintenu.
Le collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques (Stop VOG) a obtenu gain de cause : le Pr Émile Daraï, sous le coup d’une enquête judiciaire pour violences sexuelles, ne participera pas au Colloque « Paris Santé Femmes » mercredi matin, comme l’a annoncé sur Twitter le Collège national des gynécologues et obstétriciens (CNGOF). Stop VOG y voit une victoire, certes, mais maigre, et décide de maintenir le rassemblement pour lutter contre l’atmosphère d’impunité qui règne dans le milieu médical. Hier encore, le CNGOF insistait, toujours sur Twitter, en rappelant que « le Pr E. Daraï n’a pas, à ce jour, été condamné par la justice française et que la présomption d’innocence est un principe fort de notre pays. »
En attente de décisions courageuses et sincères
« Là n’est pas la question », estime Sonia Bisch, fondatrice du collectif Stop aux violences obstétricales et gynécologiques (Stop VOG). « Insister sur la présomption d’innocence, c’est enfoncer des portes ouvertes. On ne veut pas jouer au tribunal populaire, mais que les instances de santé émettent des avis courageux qui protègent les femmes au lieu de copiner. Qu’on fasse au moins en sorte que des professionnels visés par des plaintes ne puissent plus participer à des conférences. » Le gynécologue Émile Daraï est actuellement visé par vingt-cinq plaintes au pénal pour viol, viol sur mineure et viol en réunion. Le 9 décembre 2021, ce spécialiste de l’endométriose, chef de service gynécologique-obstétrique et médecine de la reproduction à l’hôpital Tenon, à Paris, était définitivement mis en retrait de ses responsabilités après que les résultats d’une enquête interne avaient été dévoilés, indiquant que « certains manquements ont été relevés dans le recueil du consentement à certains gestes ». Mais il a conservé la possibilité de recevoir des patient·es et de les opérer. À l’époque, Sonia Bisch, qui affirme avoir reçu 190 témoignages d’abus le concernant, demandait à ce qu’il soit pleinement et entièrement suspendu le temps de l’enquête de police et des poursuites judiciaires.
La légèreté de la prise en considération des accusations visant le gynécologue s’est cristallisée lors de l’annonce de sa participation au colloque « Paris Santé Femmes », le plus important du pays, promptement renommé #ColloqueDeLaHonte par Stop VOG. S’il est donc désormais acté que le Pr. Daraï n’y sera pas présent, le collectif compte toujours manifester demain, à 8 h 30, devant les lieux du congrès, à l’arrêt Porte de Versailles, à Paris, pour demander un engagement sincère de la part du CNGOF quant aux questions des violences obstétricales et gynécologiques. Sont notamment réclamées « des excuses à toutes les patientes dont il faut enfin prendre en compte la parole », comme l’indique son dernier communiqué de presse.
« On ne demande vraiment pas grand-chose, juste que ça aille dans le sens des femmes, plutôt que du corporatisme pour une fois », assène Sonia Bisch.
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