La Primaire populaire, rejetée par trois des sept candidat·es, a donné l’investiture à Christiane Taubira ce 30 janvier, sans parvenir à rassembler la gauche comme elle avait l’ambition de le faire.
« Merci pour votre confiance. » Ce sont les premiers mots prononcés par Christiane Taubira, dimanche 30 janvier, après sa victoire à la Primaire populaire. Des remerciements adressés aux militant·es qui s'étaient réuni·es à Paris pour l’occasion. Après trois jours d’un scrutin inédit mais polémique – Anne Hidalgo (PS), Yannick Jadot (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (LFI) n’en reconnaissent pas l’issue – c’est donc Christiane Taubira qui a remporté à la fois le plus de mentions favorables et le moins de mentions défavorables de la part des 393 000 votant·es. Avec sa mention globale « bien + » elle devance ainsi Yannick Jadot (assez bien +), Jean-Luc Mélenchon (assez bien -), Pierre Larrouturou (passable +), Anne Hildalgo (passable +), Charlotte Marchandise (passable -) et Anna Agueb-Porterie (insuffisant).
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« Nous voulons une gauche unie, nous voulons une gauche debout, je suis fière, je mesure le poids de cette confiance, nous n’avons pas le droit d’abandonner », a déclaré Christiane Taubira avant d’ajouter qu’elle « [prendra] l’initiative d’appeler les autres candidats ». Après avoir longtemps entretenu le doute sur sa candidature, Christiane Taubira peut donc désormais poursuivre sa route vers l’Élysée. Mais il y a peu de doutes : cette deuxième expérience – après les élections de 2002 – sera pour l’ancienne garde des Sceaux semée d’obstacles. « Notre sort appelle aujourd’hui l’union et le rassemblement. Je dirai [aux autres candidats] que je sais leurs réticences, mais aussi leurs intelligences », a indiqué Christiane Taubira. Un ultime vœu pour une union de la gauche, de nouveau rejeté aussi sec par Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot.
Fraîcheur et "manque de respect"
La victoire de Christiane Taubira a d’ailleurs reçu un accueil froid et indifférent chez les socialistes, les écologistes et les insoumis·es. « Je ne suis pas concerné. J’ai été inscrit d’office dans une élection à laquelle je ne voulais pas participer », a réagi Jean-Luc Mélenchon sur France 5 après l’annonce du résultat. Yannick Jadot a lui affirmé sur TF1 n’avoir « rien » à répondre à cela. De son côté Anne Hidalgo a simplement confirmé continuer « cette campagne comme [elle l'a] dit avant ».
Parmi les candidat·es qui avaient reconnu la légitimité de la Primaire populaire, Anna Agueb-Porterie a d’ores-et-déjà annoncé sur Twitter qu’elle ne se plierait pas au résultat, préférant soutenir Jean-Luc Mélenchon. Face à ces réactions pour le moins dubitatives envers la victoire de l'ex-ministre de la Justice, cette dernière a reproché à ses adversaires lundi 31 janvier sur FranceInfo un « manque de respect ». Le positionnement de ses concurrent·es est, ajoute-t-elle, « extrêmement irrespectueux vis-à-vis des personnes qui ont réalisé cette primaire et des personnes qui ont choisi d’y participer ». La Primaire populaire, cette initiative citoyenne qui rêvait d’unir la gauche morcelée et éparpillée, semble à cette heure avoir finalement débouché sur une candidature de plus.