Le « tournant social » que certains observateurs avaient cru percevoir lors des annonces du président Macron en réponse aux « gilets jaunes » a‑t-il jamais existé ? Les acteurs et actrices de la solidarité en doutent fortement. En juillet, et pour la seconde fois en un an, cinq fédérations de gestion des Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ont porté un recours devant le Conseil d’État face aux coupes budgétaires dont ces derniers font l’objet. 20 millions en 2018, 2 millions en 2019 : « Les conséquences sont délétères, se désole Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité. Nombre des huit cents établissements qui accueillent ce public fragile ont dû réduire l’aide alimentaire. Et même supprimer des postes, alors que la fin des contrats aidés avait déjà entraîné une baisse de personnel. »
L’hébergement n’est pas seul dans la ligne de mire des économies de l’État. En octobre, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) doit remettre au gouvernement un rapport sur l’aide médicale d’État (AME), qui s’adresse aux étranger·ères sans ressources. « Ils nous ont auditionnés pour réfléchir à plusieurs hypothèses telles que la réduction du panier de soins, un ticket modérateur ou des centres de soins réservés aux étrangers », s’alarme Florent Gueguen. Pour lui, cette recherche d’économies va retarder la prise en charge médicale de ce public, en mettant en danger sanitaire l’ensemble de la population… Et risque de créer un report des étranger·ères vers les urgences des hôpitaux, dont les dépenses vont donc augmenter. Des économies de bouts de chandelles qui interrogent d’autant plus quand on sait que l’AME ne représente que… 0,5 % de l’objectif national de dépense de l’Assurance maladie.