Depuis plusieurs mois, les AirTags d'Apple, font parler d’eux sur les réseaux sociaux. Plus que d’utilisateur·rices ravi·es de ne plus perdre leurs clés, les retours émanent de femmes inquiètes face à l’utilisation malveillante de cette nouvelle technologie, qui permet de les suivre à la trace.
![Amiens : deux femmes portent plainte pour utilisation malveillante d'AirTag, cet allié inopiné du stalking 1 person holding black and white round ornament](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/03/x8vqhw4xbrk-682x1024.jpg)
Qui ne s’est jamais dit, en pestant à la recherche de son portefeuille qu’il faudrait inventer une façon de retrouver facilement ces objets du quotidien qui disparaissent à chaque fois que l’on est pressé·es ? Avec les AirTags d'Apple, balises bluetooth commercialisées en avril 2021 qui rendent possible la localisation sur son Iphone des objets sur lesquels elles ont été posées, c’est désormais chose faite. Mais il n’aura pas fallu un an pour que l’accessoire soit détourné à des fins beaucoup moins honorables.
Le slogan de la marque, « Think different », semble avoir inspiré de nombreux hommes à détourner les AirTags de leur usage premier et d’en déposer discrètement dans les poches de veste ou les sacs de femmes. Synchronisés avec leur téléphone, les trackers leur signalent ensuite dans le détail les différents déplacements de leurs cibles, pouvant entre autres leur indiquer l'adresse de leur habitation.
Plusieurs cas ont été recensés aux États-Unis ces derniers mois ainsi qu'en France, à Amiens notamment. Léa, 20 ans, et Sylvie, 40 ans, ont toutes les deux porté plainte contre X après avoir été alertées par leur téléphone qu'un traceur les suivait. Celui-ci avait été placé sur les vêtements de la première et sur la voiture de la seconde. Les deux femmes ont partagé leur expérience sur leurs réseaux sociaux afin que d'autres sachent comment réagir face à une situation pareille, Léa ayant par ailleurs rapidement compris ce qu'il lui arrivait grâce à des publications similaires. La porte-parole du Ministère de l'Intérieur, Camille Chaize, a récemment rappelé qu'une telle pratique pouvait être punie d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.
Si le traçage via un outil électronique n’est pas un phénomène neuf, les AirTags représentent une menace supplémentaire de par leur faible coût, 35€ seulement, contre plusieurs centaines d’euros pour une balise GPS, ainsi que leur facilité d’utilisation – même si le système Bluetooth ne permet pas la géolocalisation sur une surface aussi étendue que la technologie GPS.
Lors de son lancement au printemps 2021 déjà, l'AirPad avait suscité les appréhensions des associations féministes quant aux risques pour les victimes de violences conjugales d'être poursuivies, à l'aide de cet outil, par leur (ex-)conjoint.
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Alertée quant aux mésusages de sa dernière sortie, Apple a intégré une fonctionnalité signalant aux iPhone du coin la proximité d’un éventuel tracker à l’aide de notifications : « Accessoire inconnu détecté. Le propriétaire de cet objet se déplace avec vous depuis un moment. Son propriétaire peut voir sa position. » Il devient alors possible de désactiver le partage de localisation. En parallèle, si l’AirTag n’est pas suffisamment proche de son iPhone référent pendant un certain laps de temps (entre 8 et 24 heures), il émet des sons pour prévenir de sa présence. L’entreprise californienne est même allée jusqu’à mettre de côté sa manie de favoriser les utilisateur·rices de ses produits et propose depuis peu une application Android, « Tracker Detect », pour que les non-converti·es à la technologie de la marque à la pomme puissent elles et eux aussi être averti·es de la présence d'AirTags. Celle-ci doit par contre être téléchargée et lancée manuellement, contrairement aux alertes sur iPhone qui se déclenchent automatique, et ne permet par contre pas de faire sonner l’AirTag inconnu, comme c’est le cas avec les produits à pomme. Les utilisateur·rices Android continuent donc à être davantage vulnérables.
« Perdez l’habitude de tout perdre », proposait la marque de Steve Jobs au lancement de ces balises. Ça tombe bien, la peur d'être suivie dans la rue, on ne la perdra pas tout de suite.