Au procès aux assises de Nicolas Zepeda, rejugé en appel pour le meurtre de Narumi Kurosaki, une témoin suggère la culpabilité du jeune Chilien grâce à des traductions de messages en japonais.
Le procès du Chilien Nicolas Zepeda, accusé d'être responsable de la disparition de son ex-petit-amie le 5 décembre 2016, s'ouvrait lundi dernier aux assises de la Haute-Saône. Aujourd'hui, la témoin japonaise Rina Sakamaki affirme que les requêtes que lui a adressées l'accusé le 11 décembre 2016 via internet, quelques jours après la disparition de Narumi, incriminent Nicolas Zepeda. Rina Sakamaki avait rencontré ce dernier en décembre 2014, lorsque le Chilien était étudiant au Japon, et était sans nouvelles de lui depuis environ un an et demi avant la disparition de Narumi Kurosaki.
Les questions du jeune homme "concernaient spécifiquement une tournure de phrase qu'on écrit lorsqu'on part en voyage", explique Rina Sakami, en visioconférence depuis le Japon. Nicolas Zepeda, rejugé depuis une semaine à Vesoul, souhaitait notamment savoir comment rédiger, avec une tournure féminine, la "réponse à une question telle que 'vas-tu partir seule ou en groupe ?'" ou encore "'j'ai un nouveau petit ami'", a‑t-elle détaillé. Or, les proches de la victime ont reçu des messages utilisant des tournures similaires après sa disparition, le 5 décembre 2016, à partir des comptes de l'étudiante. Les enquêteur·ices soupçonnent donc Nicolas Zepeda d'avoir envoyé ces signes de vie pour brouiller les pistes et retarder le lancement des recherches.
Soucis de grammaire
Fortement incitée à effacer leurs échanges quelques jours plus tard par l'accusé, Rina Sakami explique s'être exécutée : "J'ai senti (qu'il) était tourmenté, je n'ai pas compris ni cru les explications biscornues" qu'il donnait, "mais j'ai compris qu'il suffisait de les effacer pour qu'il retrouve sa quiétude". La jeune femme raconte avoir ensuite pris connaissance, en janvier 2017, de la disparition de Narumi Kurosaki et des messages reçus par ses proches dans les jours suivants. "Des copiés-collés" des demandes de traduction de M. Zepeda, explique-telle, face auxquels elle a pris "peur", coupé "définitivement" les liens avec l'accusé et qui l'ont poussée à se rendre à la police.
Si l'accusé, qui fête ce lundi ses 33 ans, confirme bien avoir eu des échanges avec la témoin, il invoque plutôt des préoccupations de "grammaire" ou de "syntaxe" relatives à des "paragraphes" qu'il rédigeait pour justifier ses questions. À cela, l'un des avocats de la partie civile, Randall Schwerdorffer, rétorque : "Pourquoi ne pas l'avoir demandé à Narumi ?", avec laquelle l'accusé reconnaît avoir passé deux journées juste avant sa disparition. "Tous les gens qui parlent une langue ne connaissent pas forcément la syntaxe" ou la grammaire et sur ces points, Rina est "bien plus précise que Narumi", a répondu l'accusé. "Elle ment ?", s'est enquis le pénaliste à propos de la témoin. "Non, on a juste des souvenirs différents", s'est contenté de répliquer Nicolas Zepeda.