À la suite de l’acquittement des deux policiers jugés pour le viol d’Emily Spanton dans l’affaire dite du 36, le collectif féministe Les Grenades lance #PourvoiPourEmily, une pétition pour que cette décision soit examinée par la Cour de cassation.
Le 22 avril dernier, les deux policiers condamnés en première instance à 7 années de prison en 2019 pour le viol de la touriste canadienne Emily Spandon, sont ressortis libres de la cour d'appel du tribunal judiciaire de Créteil. Une décision qui a largement choqué : de nombreuses voix se sont élevées pour demander un pourvoi en cassation, ce mécanisme juridique permettant un réexamen de l’affaire si une faille a été soulevée dans la procédure.
Le collectif féministe Les Grenades a même lancé une pétition à ce sujet, #PourvoiPourEmily, signée plus de 14 700 fois depuis son lancement, il y a cinq jours. Dans le texte accompagnant celle-ci, les militantes dénoncent la psychiatrisation de la personne d’Emily Spanton et la place prépondérante que cela a pris lors du second procès, au détriment de la notion de consentement. Antoine Q. et Nicolas R., deux membres de la police judiciaire, sont accusés par la femme aujourd'hui âgée de 41 ans de l'avoir violée après lui avoir fait visiter les locaux de la PJ et alors qu'elle était ivre, la nuit du 22 avril 2014.
Les Grenades rappelle que « la France est en infraction par rapport à ses engagements internationaux et notamment vis-à-vis de l'article 36 de la convention d'Istanbul, ratifié par elle en 2014, qui mentionne que le consentement doit être donné volontairement comme résultat de la volonté libre de la personne considérée dans le contexte des circonstances environnantes. » Le collectif pointe aussi le fait que le jugement va également à l’encontre de la jurisprudence européenne, après qu’un arrêt publié en mai 2021 par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) ait insisté sur la responsabilité des magistrat·es quant à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Possibilité d'un pourvoi
Les Grenades appellent donc à un pourvoi en cassation pour l’affaire du 36, requête déjà adressée au procureur général de la Cour de cassation François Molins par Maître Sophie Obadia, l'une des deux avocat·es d'Emily Spanton, à l'issue du procès. La Cour de cassation devrait annoncer dans les jours à venir si elle décide ou non de « casser » le jugement rendu le 22 avril, auquel cas l'affaire sera jugée une nouvelle fois.