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Sandrine Rousseau sur France inter le 3 octobre 2022. ©Capture d'écran France inter.

Affaire Bayou : pour Sandrine Rousseau, « il n’y a pas d’inquisition féministe »

Sandrine Rousseau était l’invitée de France inter ce lun­di 3 octobre. L’occasion pour la dépu­tée EELV de reve­nir sur ses posi­tions sur le port du voile après les sif­flets dont elle a été la cible durant la mani­fes­ta­tion à Paris en sou­tien aux Iraniennes. Elle a éga­le­ment com­men­té l’affaire Julien Bayou, qui secoue actuel­le­ment le parti. 

« Femme, vie, liber­té ! » ont cla­mé les mil­liers de per­sonnes ras­sem­blées à Paris, place de la République dimanche 2 octobre, en sou­tien aux femmes ira­niennes. Des per­son­na­li­tés de gauche ont aus­si par­ti­ci­pé à ce ras­sem­ble­ment, par­mi elles, la dépu­tée éco­lo­giste de Paris Sandrine Rousseau. Au moment de prendre la parole sur l’estrade, l’élue s’est faite copieu­se­ment huée par les manifestant·es qui lui repro­chaient d’être en faveur au port du voile en France. 

Au len­de­main du ras­sem­ble­ment, la dépu­tée éco­lo­giste de Paris a répon­du ce lun­di matin aux ques­tions de Nicolas Demorand et Léa Salamé dans la mati­nale de France inter. L’occasion pour Sandrine Rousseau de reve­nir sur ses posi­tions sur le voile mais aus­si sur la tumul­tueuse situa­tion interne d’Europe Écologie Les Verts (EELV) depuis les accu­sa­tions psy­cho­lo­giques visant le dépu­té et l’ex secré­taire natio­nal du par­ti, Julien Bayou. 

Sandrine Rousseau assume ses posi­tions sur le port du voile… 

Interrogée au micro de France inter sur le mou­ve­ment de contes­ta­tion en Iran, Sandrine Rousseau a d’abord répé­té son « immense sou­tien » aux Iraniennes qui « risquent leur vie » dans leur pays avant de reve­nir sur les huées enten­dues la veille lors du ras­sem­ble­ment pari­sien. « Ce qui s’est pas­sé hier, c’est que les trois femmes de gauche qui ont par­lé, Manon Aubry mais aus­si Laurence Rossignol et moi-​même, ont été sif­flées, a assu­ré Sandrine Rousseau. Et je me pose cette ques­tion : pour­quoi dans une mani­fes­ta­tion en sou­tien à des femmes, les femmes sont-​elles sif­flées ? J’ai tou­jours l’impression que le fémi­nisme est bien quand il est loin. Quand il est en France, il est moins acceptable. »

Une ver­sion des choses immé­dia­te­ment remise en ques­tion par l’une des femmes citées par la dépu­tée de Paris : Laurence Rossignol. Sur Twitter, la séna­trice socia­liste, ancienne ministre en charge du droit des femmes a dénon­cé un « men­songe » pro­non­cé par l’écoféministe. « Faire croire que toutes les femmes auraient été sif­flées est une mani­pu­la­tion. Que Sandrine Rousseau assume ses posi­tions et ne cherche pas à nous embar­quer, toutes, sur son bateau », a gron­dé la séna­trice socia­liste. Dans un autre tweet, Laurence Rossignol a repar­ta­gé une vidéo de sa prise de parole, mon­trant que celle-​ci avait pro­vo­qué des applaudissements.

Sandrine Rousseau a été huée par la foule en rai­son de son posi­tion­ne­ment sur le port du voile musul­man. Lors d’une inter­view sur LCP en novembre der­nier, la dépu­tée EELV disait se « déses­pé­rer que le corps des femmes et la manière dont elles habillent leur corps soient encore un sujet ». Elle avait ensuite affir­mé que le voile « n’est pas l’islam poli­tique », mais qu’il peut être un « embel­lis­se­ment »

Une prise de posi­tion qui a sus­ci­té la colère des manifestant·es place de la République, lorsque Sandrine Rousseau est mon­tée sur l’estrade pour prendre la parole. En Iran, de nom­breuses Iraniennes arrachent en effet leur voile et le brûlent dans des feux de joie en pro­tes­ta­tion à la mort de Mahsa Amani, le 16 sep­tembre der­nier, après son arres­ta­tion par la police des mœurs pour « port de vête­ments inap­pro­priés ». Interrogée par Léa Salamé sur ces anciennes décla­ra­tions sur LCP, Sandrine Rousseau main­tient sa posi­tion. « Les femmes ira­niennes demandent à être libres de s’habiller comme elles le sou­haitent. Ce que l’on doit poser dans le débat poli­tique, c’est la liber­té des femmes. La liber­té de s’habiller comme on veut est valable en Iran comme en France », a‑t-​elle souligné.

… et son rôle dans l’affaire Bayou

Sandrine Rousseau est aus­si reve­nue sur l’affaire Julien Bayou qui secoue actuel­le­ment le par­ti EELV. Déjà la veille, la dépu­tée de Paris a défen­du sur le pla­teau de Dimanche en poli­tique sur France 3 son rôle dans la révé­la­tion des accu­sa­tions de vio­lences psy­cho­lo­giques à l’encontre de Julien Bayou par une ex-​compagne. Mi-​septembre, sa réponse sur le pla­teau de l’émission C à vous de France 5, à une ques­tion sur le signa­le­ment reçu par son par­ti avait contri­bué à rendre publique les accu­sa­tions por­tées par une ex-​compagne de l’ancien secré­taire géné­rale d’EELV. Sandrine Rousseau avait ain­si évo­qué des com­por­te­ments « de nature à bri­ser la san­té morale des femmes », pré­ci­sant que cette ex-​compagne avait fait une ten­ta­tive de sui­cide. Par la suite, le jour­na­liste Patrick Cohen a affir­mé que Sandrine Rousseau lui avait indi­qué hors antenne que rien, dans les faits repro­chés à Julien Bayou, n'était « péna­le­ment répré­hen­sible ».

Lire aus­si I Sandrine Rousseau accuse Julien Bayou de vio­lences psy­cho­lo­giques à l'encontre d'une ex-compagne

« Je ne regrette abso­lu­ment rien et vous ne me ferez rien regret­ter. J’ai répon­du en tant que citoyenne, dans un moment où il fal­lait de la trans­pa­rence », s’est-elle défen­due sur le pla­teau de France 3. Le len­de­main, elle a réaf­fir­mé sa posi­tion sur France inter, répon­dant notam­ment à Élisabeth Badinter qui se disait cho­quée la semaine der­nière des révé­la­tions faites par Sandrine Rousseau sur C à vous. « Il n’y a pas d’inquisition fémi­niste. Il y a juste la pro­tec­tion d’une parole des femmes, et le fait que cette parole soit enten­due et res­pec­tée. Pour qu’une femme parle, il y a un pro­ces­sus per­son­nel à faire, lourd et dou­lou­reux », a argué Sandrine Rousseau, en pré­ci­sant qu’elle avait omis de dire sur le pla­teau de France 5 que « c’était en accord avec la vic­time qu’ [elle disait] cela »

Ce lun­di matin, Sandrine Rousseau a éga­le­ment pré­ci­sé qu’elle n’était pas res­pon­sable de la démis­sion de Julien Bayou de ses fonc­tions de secré­taire natio­nal du par­ti. « Personne n’a appe­lé à sa démis­sion. Le temps de l’enquête, je pense qu’il est bon qu’il ne prenne pas la parole. Ne pas prendre la parole, ce n’est pas dra­ma­tique. Lui-​même a déci­dé de démis­sion­ner », affirme la députée. 

« Les femmes ont le droit de se parler »

Au micro de France inter, l'ex-candidate à la pri­maire éco­lo­giste a éga­le­ment réagi à l’enquête de Libération qui affir­mait ven­dre­di que Julien Bayou vivait depuis trois ans sous la pres­sion d’un col­lec­tif fémi­niste infor­mel. Ce der­nier, bap­ti­sé « Louves alpha », lui repro­chait sa conduite envers les femmes et enquê­tait sur son com­por­te­ment allant jusqu’à inter­ro­ger ses anciennes com­pagnes dont plu­sieurs mili­tantes éco­lo­gistes et ce par­fois sans l’accord de celle qui accuse Bayou de vio­lences psychologiques. 

Sandrine Rousseau assure qu’elle igno­rait l’existence de ce col­lec­tif : « J’ignorais tota­le­ment l’existence de ce col­lec­tif, mais je récuse le fait que ce soit un col­lec­tif qui “enquête” sur la situa­tion de Bayou. Ce sont des femmes qui se par­laient et qui cher­chaient à pro­té­ger de nou­velles conquêtes de Julien Bayou, affirme l’élue au micro de France inter. Les femmes ont le droit de se par­ler et elles ont le droit de dire qu’elles souffrent et qu’elles souffrent ensemble. » 

Sur France 3 la veille de cet entre­tien, Sandrine Rousseau avait jugé l’article de Libé « extrê­me­ment pro­blé­ma­tique » : « Ça n’est pas une cel­lule, c’est un groupe infor­mel de femmes qui se parlent. Les femmes ont le droit de se par­ler et elles ont le droit de se pro­té­ger et tant que la jus­tice ne le fera pas, il n’y a rien de condam­nable à cela. » Au pas­sage, Sandrine Rousseau oublie de men­tion­ner que, selon Libération, l’une des femmes membres de la cel­lule char­gée de trai­ter les signa­le­ments de vio­lences sexuelles et sexistes dans le par­ti, et qui ins­truit actuel­le­ment le cas de Julien Bayou, fai­sait éga­le­ment par­tie de ce « groupe infor­mel » ayant ciblé la vie pri­vée du dépu­té de Paris. 

Lire aus­si I L’avocate de Julien Bayou dénonce « l’instrumentalisation du juste com­bat contre les vio­lences sexuelles et sexistes à des fins politiques »

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