Sandrine Rousseau était l’invitée de France inter ce lundi 3 octobre. L’occasion pour la députée EELV de revenir sur ses positions sur le port du voile après les sifflets dont elle a été la cible durant la manifestation à Paris en soutien aux Iraniennes. Elle a également commenté l’affaire Julien Bayou, qui secoue actuellement le parti.
« Femme, vie, liberté ! » ont clamé les milliers de personnes rassemblées à Paris, place de la République dimanche 2 octobre, en soutien aux femmes iraniennes. Des personnalités de gauche ont aussi participé à ce rassemblement, parmi elles, la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau. Au moment de prendre la parole sur l’estrade, l’élue s’est faite copieusement huée par les manifestant·es qui lui reprochaient d’être en faveur au port du voile en France.
Au lendemain du rassemblement, la députée écologiste de Paris a répondu ce lundi matin aux questions de Nicolas Demorand et Léa Salamé dans la matinale de France inter. L’occasion pour Sandrine Rousseau de revenir sur ses positions sur le voile mais aussi sur la tumultueuse situation interne d’Europe Écologie Les Verts (EELV) depuis les accusations psychologiques visant le député et l’ex secrétaire national du parti, Julien Bayou.
Sandrine Rousseau assume ses positions sur le port du voile…
Interrogée au micro de France inter sur le mouvement de contestation en Iran, Sandrine Rousseau a d’abord répété son « immense soutien » aux Iraniennes qui « risquent leur vie » dans leur pays avant de revenir sur les huées entendues la veille lors du rassemblement parisien. « Ce qui s’est passé hier, c’est que les trois femmes de gauche qui ont parlé, Manon Aubry mais aussi Laurence Rossignol et moi-même, ont été sifflées, a assuré Sandrine Rousseau. Et je me pose cette question : pourquoi dans une manifestation en soutien à des femmes, les femmes sont-elles sifflées ? J’ai toujours l’impression que le féminisme est bien quand il est loin. Quand il est en France, il est moins acceptable. »
Une version des choses immédiatement remise en question par l’une des femmes citées par la députée de Paris : Laurence Rossignol. Sur Twitter, la sénatrice socialiste, ancienne ministre en charge du droit des femmes a dénoncé un « mensonge » prononcé par l’écoféministe. « Faire croire que toutes les femmes auraient été sifflées est une manipulation. Que Sandrine Rousseau assume ses positions et ne cherche pas à nous embarquer, toutes, sur son bateau », a grondé la sénatrice socialiste. Dans un autre tweet, Laurence Rossignol a repartagé une vidéo de sa prise de parole, montrant que celle-ci avait provoqué des applaudissements.
Sandrine Rousseau a été huée par la foule en raison de son positionnement sur le port du voile musulman. Lors d’une interview sur LCP en novembre dernier, la députée EELV disait se « désespérer que le corps des femmes et la manière dont elles habillent leur corps soient encore un sujet ». Elle avait ensuite affirmé que le voile « n’est pas l’islam politique », mais qu’il peut être un « embellissement ».
Une prise de position qui a suscité la colère des manifestant·es place de la République, lorsque Sandrine Rousseau est montée sur l’estrade pour prendre la parole. En Iran, de nombreuses Iraniennes arrachent en effet leur voile et le brûlent dans des feux de joie en protestation à la mort de Mahsa Amani, le 16 septembre dernier, après son arrestation par la police des mœurs pour « port de vêtements inappropriés ». Interrogée par Léa Salamé sur ces anciennes déclarations sur LCP, Sandrine Rousseau maintient sa position. « Les femmes iraniennes demandent à être libres de s’habiller comme elles le souhaitent. Ce que l’on doit poser dans le débat politique, c’est la liberté des femmes. La liberté de s’habiller comme on veut est valable en Iran comme en France », a‑t-elle souligné.
… et son rôle dans l’affaire Bayou
Sandrine Rousseau est aussi revenue sur l’affaire Julien Bayou qui secoue actuellement le parti EELV. Déjà la veille, la députée de Paris a défendu sur le plateau de Dimanche en politique sur France 3 son rôle dans la révélation des accusations de violences psychologiques à l’encontre de Julien Bayou par une ex-compagne. Mi-septembre, sa réponse sur le plateau de l’émission C à vous de France 5, à une question sur le signalement reçu par son parti avait contribué à rendre publique les accusations portées par une ex-compagne de l’ancien secrétaire générale d’EELV. Sandrine Rousseau avait ainsi évoqué des comportements « de nature à briser la santé morale des femmes », précisant que cette ex-compagne avait fait une tentative de suicide. Par la suite, le journaliste Patrick Cohen a affirmé que Sandrine Rousseau lui avait indiqué hors antenne que rien, dans les faits reprochés à Julien Bayou, n'était « pénalement répréhensible ».
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« Je ne regrette absolument rien et vous ne me ferez rien regretter. J’ai répondu en tant que citoyenne, dans un moment où il fallait de la transparence », s’est-elle défendue sur le plateau de France 3. Le lendemain, elle a réaffirmé sa position sur France inter, répondant notamment à Élisabeth Badinter qui se disait choquée la semaine dernière des révélations faites par Sandrine Rousseau sur C à vous. « Il n’y a pas d’inquisition féministe. Il y a juste la protection d’une parole des femmes, et le fait que cette parole soit entendue et respectée. Pour qu’une femme parle, il y a un processus personnel à faire, lourd et douloureux », a argué Sandrine Rousseau, en précisant qu’elle avait omis de dire sur le plateau de France 5 que « c’était en accord avec la victime qu’ [elle disait] cela ».
Ce lundi matin, Sandrine Rousseau a également précisé qu’elle n’était pas responsable de la démission de Julien Bayou de ses fonctions de secrétaire national du parti. « Personne n’a appelé à sa démission. Le temps de l’enquête, je pense qu’il est bon qu’il ne prenne pas la parole. Ne pas prendre la parole, ce n’est pas dramatique. Lui-même a décidé de démissionner », affirme la députée.
« Les femmes ont le droit de se parler »
Au micro de France inter, l'ex-candidate à la primaire écologiste a également réagi à l’enquête de Libération qui affirmait vendredi que Julien Bayou vivait depuis trois ans sous la pression d’un collectif féministe informel. Ce dernier, baptisé « Louves alpha », lui reprochait sa conduite envers les femmes et enquêtait sur son comportement allant jusqu’à interroger ses anciennes compagnes dont plusieurs militantes écologistes et ce parfois sans l’accord de celle qui accuse Bayou de violences psychologiques.
Sandrine Rousseau assure qu’elle ignorait l’existence de ce collectif : « J’ignorais totalement l’existence de ce collectif, mais je récuse le fait que ce soit un collectif qui “enquête” sur la situation de Bayou. Ce sont des femmes qui se parlaient et qui cherchaient à protéger de nouvelles conquêtes de Julien Bayou, affirme l’élue au micro de France inter. Les femmes ont le droit de se parler et elles ont le droit de dire qu’elles souffrent et qu’elles souffrent ensemble. »
Sur France 3 la veille de cet entretien, Sandrine Rousseau avait jugé l’article de Libé « extrêmement problématique » : « Ça n’est pas une cellule, c’est un groupe informel de femmes qui se parlent. Les femmes ont le droit de se parler et elles ont le droit de se protéger et tant que la justice ne le fera pas, il n’y a rien de condamnable à cela. » Au passage, Sandrine Rousseau oublie de mentionner que, selon Libération, l’une des femmes membres de la cellule chargée de traiter les signalements de violences sexuelles et sexistes dans le parti, et qui instruit actuellement le cas de Julien Bayou, faisait également partie de ce « groupe informel » ayant ciblé la vie privée du député de Paris.