Take Care of Maya 01 31 28 12
Maya Kowalski dans le documentaire Take care of Maya. © Netflix

Syndrôme de Münchhausen : Maya Kowalski, au coeur du doc Netflix "Take Care of Maya", rem­porte un pro­cès à 261 mil­lions de dollars

Dans Take Care of Maya, un docu­men­taire Netflix sor­ti plus tôt cette année, Maya Kowalski, une amé­ri­caine de 17 ans, cla­mait le cal­vaire qu'elle a vécu au sein d'un hôpi­tal pour enfants de Floride. Aujourd'hui, elle et sa famille viennent de rem­por­ter un pro­cès de plus de 250 mil­lions de dollars. 

En 2017, 87 jours après que sa fille Maya a été admise à l'hôpital Johns Hopkins pour enfants de St. Petersburg en Floride, aux États-​Unis, Beata Kowalski s'est pen­due dans le garage fami­lial. Dans sa lettre de sui­cide, reprise dans le maga­zine new-​yorkais The Cut, elle écrit : "je suis déso­lée, mais je ne peux plus sup­por­ter la dou­leur d'être loin de Maya et d'être trai­tée comme une cri­mi­nelle. Je ne peux pas regar­der ma fille souf­frir et voir son état empi­rer alors que j'ai les mains liées par l'État de Floride et le juge !". Beata Kowalski était soup­çon­née par l'hôpital et les ser­vices sociaux de simu­ler la mala­die de sa fille de 10 ans, Maya, et de souf­frir du syn­drôme de Münchhausen, un trouble psy­cho­lo­gique où un parent rend déli­bé­ré­ment son enfant malade afin de s'attirer de l'attention et de la sym­pa­thie. Six ans plus tard, un jury de Floride vient de recon­naître l'hôpital Johns Hopkins cou­pable de séques­tra­tion, coups et bles­sures et négli­gence médi­cale. Le centre hos­pi­ta­lier a été condam­né à ver­ser plus de 250 mil­lions de dol­lars de dédom­ma­ge­ment à Maya Kowalski, la fille de Beata, et à sa famille.

Maya Kowalski souffre en fait d'un trouble neu­ro­lo­gique appe­lé "syn­drome dou­lou­reux régio­nal com­plexe", ou SDRC. En France, selon les esti­ma­tions, envi­ron 50 000 per­sonnes seraient concer­nées par cette patho­lo­gie. Le syn­drome de Maya se déclare en 2015, lorsque la fillette com­mence à res­sen­tir de vives dou­leurs dans ses jambes et à souf­frir d'atrophie mus­cu­laire, des symp­tômes com­muns chez les per­sonnes atteintes de SDRC. Le docu­men­taire Netflix Take Care of Maya détaille les mani­fes­ta­tions de la mala­die de la jeune fille – en seule­ment quelques semaines, elle perd l'usage de ses jambes -, ain­si que les efforts de ses parents pour sou­la­ger sa souf­france. L'un des trai­te­ments consiste à injec­ter de grandes doses de kéta­mine, un pro­duit anes­thé­siant sou­vent asso­cié à la défonce, pour atté­nuer l'hyper-sensibilité des membres de Maya. Lorsque la petite est un jour emme­née en urgence à l'hôpital John Hopkins pour enfants, c'est cette dose impor­tante de kéta­mine que les parents deman­de­ront au per­son­nel médi­cal de lui injec­ter qui éveille­ra les soup­çons, selon un article de The Cut. Les soignant·es des urgences pédia­triques contactent les ser­vices de pro­tec­tion de l'enfance. L'appel tombe sur Sally Smith, direc­trice médi­cale de l'équipe de pro­tec­tion de l'enfance du com­té de Pinellas, en Floride. La doc­teure aux 30 années d'expérience dans le milieu de la mal­trai­tance des enfants s'efforcera dès lors de prou­ver que les parents de Maya abusent bien de leur fille. 

image
Maya Kowalski dans le docu­men­taire Take care of Maya. © Netflix

Après la visite de Sally Smith à l'hôpital John Hopkins, Maya Kowalski est pla­cée en iso­le­ment et sous sur­veillance vidéo (afin de déter­mi­ner si elle simule ses symp­tômes), mal­me­née phy­si­que­ment et aus­cul­tée contre son gré et sans le consen­te­ment de ses parents, qui voient éga­le­ment leurs visites res­treintes, selon la plainte dépo­sée par la famille et relayée par le New York Times. Beata Kowalski, immi­grée polo­naise dont l'anglais n'est pas la langue mater­nelle, est dépeinte comme une mère abu­sive qui extra­pole les souf­frances de son enfant et la pousse à faire de même. Maya reste trois mois à l'hôpital – durant les­quels tout contact avec sa mère est lar­ge­ment limi­té -, mois où ses “symp­tômes s'aggravent : ses lésions réap­pa­raissent, ses jambes s'atrophient, elle régresse, au point de se retrou­ver en fau­teuil rou­lant", tou­jours selon les élé­ments repris dans le New York Times. C'est durant cette période que Beata Kowalski met fin à ses jours, déses­pé­rée par les accu­sa­tions de l'hôpital et à l'idée d'être res­pon­sable de la déten­tion de sa fille, d'après le docu­men­taire Take Care of Maya.

Certain·es méde­cins avaient pour­tant confir­mé auprès de l'établissement médi­cal la véra­ci­té et la gra­vi­té des symp­tômes de Maya Kowalski. Après la mort de sa mère, la garde de la fillette sera d'ailleurs à nou­veau confiée à son père. Chez elle, elle sera trai­tée effi­ca­ce­ment pour son SDRC et réap­pren­dra à mar­cher. Aujourd'hui âgée de 17 ans, elle a rem­por­té, en mars der­nier, la pre­mière place d'un tour­noi de pati­nage artistique.

Dans cette région de la Floride, les enfants sont presque deux fois et demie plus sus­cep­tibles d'être reti­rés de leur famille que la moyenne de l'État, selon The Cut. Dans le docu­men­taire de Netflix, d'autres parents accusent éga­le­ment Sally Smith, la direc­trice médi­cale de l'équipe de pro­tec­tion de l'enfance du com­té de Pinellas, de leur avoir injus­te­ment reti­ré la garde de leur enfant. Pendant le séjour contraint de Maya à l'hôpital, John Hopkins a par ailleurs fac­tu­ré plus de 650 000 dol­lars à l'assurance pour des frais médi­caux, dont des trai­te­ments pour le SDRC, alors même que l'établissement accu­sait l'enfant de simu­ler cette maladie. 

Plus tôt cette année, Sally Smith – ain­si que Suncoast, entre­prise pri­vée res­pon­sable du sys­tème de pro­tec­tion de l'enfance du com­té de Pinellas – ont ver­sé à la famille Kowalski 2,5 mil­lions de dol­lars de dédom­ma­ge­ments. La condam­na­tion de l'hôpital John Hopkins était la der­nière sur la liste des plaintes dépo­sées par Maya et sa famille en octobre 2018. L'établissement a été recon­nu cou­pable de négli­gence médi­cale et séques­tra­tion et condam­né à ver­ser 211 mil­lions de dol­lars de dom­mages com­pen­sa­toires et 50 mil­lions de dol­lars de dom­mages puni­tifs ."Pour la pre­mière fois, j'ai l'impression d'avoir obte­nu jus­tice", a décla­ré devant le tri­bu­nal flo­ri­dien Maya Kowalski, 17 ans, à l'issu de ce ver­dict ren­du jeu­di dernier.

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.