A woman, men, girls and boys with sad faces looking straight outside in an open area market
© Ayano Tosin

Niger : le gou­ver­ne­ment inter­dit une appli­ca­tion de sen­si­bi­li­sa­tion à la san­té sexuelle féminine

Le gou­ver­ne­ment du Niger a ordon­né, mer­cre­di 14 février, la sup­pres­sion d’une appli­ca­tion de sen­si­bi­li­sa­tion à la san­té sexuelle et repro­duc­tive des femmes, dans un pays où les jeunes filles sont pour­tant sou­vent confron­tées à des muti­la­tions géni­tales et des avor­te­ments pra­ti­qués dans de mau­vaises conditions. 

Au Niger, l’ONG Women Environmental Programme (WEP) a lan­cé, en février, Yamarao, une appli­ca­tion mobile d’informations et de sen­si­bi­li­sa­tion sur la san­té sexuelle et repro­duc­tive au pro­fit des femmes et des jeunes filles au Niger. L’existence de l’application aura été de courte durée. Mercredi 14 février, le ministre de la Communication du Niger a ordon­né sa suppression.

Selon un com­mu­ni­qué du minis­tère, “le ministre de la Communication, des Postes et de l’Économie numé­rique Sidi Mohamed Raliou a reçu” deux membres de l’ONG Women Environmental Programme (WEP) : “le ges­tion­naire comp­table” Mijinguiné Abdou Maman Sani “et la res­pon­sable de com­mu­ni­ca­tion, Salac Moumouni Aichatou”, indique le ministère.

Ces deux représentant·es de WEP “ont reçu ins­truc­tion” du ministre “de reti­rer d’Internet l’application Yamaro”, qui sen­si­bi­lise à la san­té sexuelle et repro­duc­tive des femmes, selon la même source. “Ce retrait concerne éga­le­ment tous les autres canaux de dif­fu­sion” de Yamaro, écrit le ministère. 

Enjeu de san­té publique

“L’application n’a pas été vali­dée par le minis­tère en charge de la Santé, ni par le minis­tère de l’Éducation”, la “Haute Autorité de pro­tec­tion des don­nées à carac­tère per­son­nel” ou encore “le minis­tère en charge de l’Économie numé­rique”, justifie-​t-​il. Mi-​janvier, l’Agence nigé­rienne de presse (ANP) avait annon­cé le lan­ce­ment de Yamaro pour le mois de février. Jeudi matin, WEP Niger n’avait pas encore réagi à cette annonce.

La sen­si­bi­li­sa­tion à la san­té sexuelle fémi­nine est pour­tant un enjeu de san­té publique majeur au Niger où la socié­té, majo­ri­tai­re­ment musul­mane, est très conser­va­trice. “Les jeunes filles sont confron­tées à d’énormes pro­blèmes”, comme “des avor­te­ments pra­ti­qués dans de mau­vaises condi­tions”, des “muti­la­tions géni­tales fémi­nines”, ou de la “vio­lence sexuelle et domes­tique”, avait alors affir­mé à l’ANP la direc­trice exé­cu­tive de WEP Niger, Samira Marichatou Amadou. Les causes de ces pro­blèmes, selon la direc­trice de WEP : “Les pré­ju­gés socio­cul­tu­rels, la cou­ver­ture sani­taire faible” ou encore une “mécon­nais­sance” de la san­té sexuelle.

Plus fort taux de fécon­di­té au monde

Avec un taux de 7,2 par femme en 2018, selon le Bureau du recen­se­ment des États-​Unis, le Niger est le pays avec le taux de fécon­di­té le plus éle­vé au monde. Selon l’ONG Oxfam inter­na­tio­nal, le pays est éga­le­ment l’un des plus pauvres au monde. En 2018, il était clas­sé der­nier au niveau mon­dial selon l’Indice de déve­lop­pe­ment humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le déve­lop­pe­ment (Pnud). 

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