Pour protéger les troupeaux sur les zones d’estivage suisses, l’association Oppal propose à des bénévoles de relayer des éleveur·euses et des berger·ères, la nuit, à l’affût du loup. Amélia et Sofia s’apprêtent à vivre leur première veillée avec Simon, dans le versant suisse du Jura… Reportage.
« Merci d’être là. Sachez que ça m’aide à dormir », lâche Kim Berney, d’un pâle sourire. Debout au milieu de ses veaux en estive, le jeune éleveur au grand corps sec ploie sous les soucis. « Depuis juin, trois bêtes ont été attaquées par le loup. Ça commence à faire beaucoup ! » D’autant que, ce soir-là, un veau manque à l’appel, disparu depuis plusieurs jours après que le troupeau s’est dispersé dans un accès de panique. L’éleveur est inquiet. Une meute est installée dans la forêt.
En deux ans, Kim Berney a perdu douze de ses highlands, des vaches rustiques aux longs poils soyeux qui ne font pas le poids face aux loups. Ce record fait de lui l’éleveur le plus touché du canton de Vaud, en Suisse romande. C’est pour l’aider à veiller sur les bêtes la nuit, quand il dort, que Sofia, Amélia et Simon, trois jeunes Suisse·esses âgé·es de 19 ans, bénévoles de l’Organisation pour la protection des alpages (Oppal), ont fait le déplacement depuis Lausanne, jusqu’au troupeau. Son alpage, situé aux Bioux, est à 1 400 mètres d’altitude aux abords du lac de Joux, dans le canton de Vaux. Toute la nuit, ils vont veiller sur les bêtes.
Protéger le loup et le pastoralisme
L’association helvète Oppal, fondée en 2020, tente de faire cohabiter le pastoralisme et le loup, espèce protégée en Europe depuis 1979 par la convention de Berne. En Suisse, il est réapparu en 1995. Aujourd’hui, ce pays compte 250 loups et 26 meutes ((Selon les dernières estimations du Conseil fédéral suisse. En France, la population de loups est estimée à 906 individus en 2022–2023, d’après le dernier bilan du plan national d’actions sur le loup et les activités[…]