Alors que la possibilité d’avoir recours à l’IVG est de plus en plus menacée dans les États dirigés par les républicain·es, la Cour suprême de Floride a validé, lundi, l’inscription sur les bulletins de vote, aux élections américaines de novembre, d’un amendement garantissant ce droit.
À l’issue d’une lutte pour mettre le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) au cœur de la campagne électorale, les militant·es ont obtenu, lundi 1er avril, l’inscription sur les bulletins de vote d’un amendement garantissant ce droit lors des prochaines élections en Floride. Elle a néanmoins été nettement tempérée par une décision, rendue simultanément par la plus haute juridiction de cet État du sud-est, autorisant l’entrée en vigueur d’une loi interdisant l’IVG au-delà de six semaines de grossesse.
Des militant·es tentent, dans une quinzaine d’États du pays, de faire inscrire la question de l’avortement sur les bulletins de vote, ce qui pourrait faciliter une mobilisation de l’électorat démocrate, en particulier chez les jeunes. Parmi ces États, plusieurs sont susceptibles de faire basculer l’élection, comme la Pennsylvanie (nord-est), l’Arizona ou le Nevada (sud-ouest). Ils ont déjà obtenu gain de cause dans les États de New York et du Maryland (est) et désormais en Floride.
Contre “l’ingérence de l’État dans l’avortement”
Une pétition citoyenne ayant rassemblé le nombre requis de quelque 900 000 signataires propose que l’amendement à la Constitution de Floride “limite l’ingérence de l’État dans l’avortement”. La Cour suprême de l’État rejette les objections des autorités républicaines et “approuve l’inscription de l’amendement proposé sur le bulletin de vote” lors des élections présidentielles et législatives de novembre. S’il est adopté par au moins 60 % des voix, il sera ajouté à la Déclaration des droits de la Constitution de Floride. Ce texte interdit “l’adoption de toute loi prohibant, criminalisant, retardant ou restreignant l’avortement avant la viabilité ou lorsqu’il est nécessaire pour protéger la santé de la patiente”, la viabilité du fœtus étant généralement estimée autour de vingt-quatre semaines.
"Démocratie directe"
L’une des initiatrices de la pétition, Lauren Brenzel, a salué la décision de la Cour suprême, soulignant dans un communiqué que les responsables politiques de l’État “essayaient d’interdire l’avortement avant que la plupart des femmes se rendent même compte qu’elles sont enceintes”. Elle ajoute : “Les Floridiens ont vu leur Parlement adopter une interdiction de l’avortement à partir de quinze semaines, puis de six semaines et ceci est notre chance de participer à une démocratie directe pour arrêter ces politiques impopulaires et nuisibles.”
Car, dans l’immédiat, la plus haute juridiction de Floride a également rejeté, lundi, la suspension d’une loi promulguée en avril 2023 par le gouverneur républicain de l’État, Ron DeSantis, interdisant l’avortement au-delà de six semaines de grossesse. Ce texte entrera donc en vigueur dans trente jours. Par ailleurs, en mars, le prédécesseur républicain de Joe Biden, Donald Trump, a indiqué qu’il pourrait se prononcer pour une interdiction nationale au-delà de quinze ou seize semaines. Mais il a également estimé qu’il ne revenait pas à l’administration fédérale de trancher sur ces questions, mettant en garde contre le coût électoral d’une position trop conservatrice sur ce sujet éminemment sensible. “Cette nouvelle interdiction extrême – à laquelle Donald Trump a personnellement ouvert la voie – va représenter une interdiction pour tout le Sud-Est” du pays, a réagi dans un communiqué l’équipe de campagne de Joe Biden. Ce dernier a fait de la protection du droit à l’IVG un axe de sa campagne, face à son prédécesseur républicain Donald Trump.
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En effet, Donald Trump se targue d'avoir, par ses nominations à la Cour suprême des États-Unis, abouti au revirement de jurisprudence de juin 2022 qui a annulé la garantie fédérale du droit à l'avortement. Depuis cette décision, redonnant aux États toute latitude pour légiférer dans ce domaine, une vingtaine d’entre eux ont interdit ou sévèrement restreint l'accès à l’IVG.