Après la fuite, lundi, d'un brouillon de décision de la Cour Suprême annonçant la mise à mal du droit à l'avortement, la Louisiane lance un projet de loi criminalisant celui-ci, comme nombre d’autres États américains ces derniers mois.
Ce mercredi 5 mai, un comité de la Chambre des représentants de la Louisiane a voté à 7 contre 2 en faveur d’une proposition de loi criminalisant l’avortement. Celle-ci qualifie l’avortement d’homicide et définit un avortement comme toute interruption de grossesse post-fertilisation, élargissant donc la définition de celui-ci à la prise de pilule contraceptive d’urgence.
La proposition doit encore passer par le Sénat de cet État et, si elle y est approuvée, par son gouverneur, le démocrate John Bel Edwards. Alors que les démocrates sont traditionnellement pro-avortement, celui-ci se revendique au contraire comme pro-life de par sa « forte foi chrétienne », ainsi qu’il l’annonçait en 2020, après avoir soutenu une autre loi anti-IVG en Louisiane. Le texte en question, adopté en 2014, visait à obliger les prestataires médicaux à obtenir une autorisation d'exercer dans un hôpital situé à moins de 50 kilomètres du lieu de l'intervention de l’IVG, ce qui, dans les faits, aurait entraîné la fermeture des deux tiers des établissements pratiquant des avortements en Louisiane. Il avait été invalidé par la Cour Suprême en vertu de l'arrêt Roe v. Wade de 1973 accordant aux Américaines le droit à l'avortement.
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Généralisation de la restriction de l'accès à l'IVG
Depuis, l'accès à celui-ci s'est largement dégradé aux États-Unis, avec différents États votant des lois ultra restrictives. Lundi 2 mai, un brouillon d'article d'opinion émis par le juge conservateur Samuel Alito a fait l'objet d'une fuite dans la presse – dont la teneur a été confirmée par le président de la Cour Suprême, John G. Roberts. Il prévoit de faire voter aux neuf juges de la Cour – dont seulement trois sont favorables à l'avortement – un texte annulant l'arrêt Roe v. Wade, qui protège le droit des Américaines à avorter.
Si ce texte été adopté par la Cour suprême, la question de la légalité de l'IVG serait laissée aux mains de chaque États. Il est estimé que ce droit sera alors restreint dans 22 d'entre eux.
Cette annonce conforte les États, dont la liste est de plus en plus longue, dans leurs efforts pour limiter l'accès à l'avortement en leur sein depuis quelques mois. Le Texas était, en septembre dernier, le précurseur, ce qui poussait nombre de Texanes à s'en aller avorter dans deux États limitrophes : en Oklahoma, où l'accès à l'IVG s'est là aussi durci depuis, et en Louisiane.
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