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Kwajo Tweneboa dans l'émission Good Morning Britain du 23 février 2022 © Capture d'écran YouTube

Kwajo Tweneboa, le Britannique qui affiche les loge­ments sociaux insa­lubres sur Twitter s'exporte en France

Lassé par l'inaction de ses bailleurs sociaux face à l'insalubrité de son loge­ment, Kwajo Tweneboa affiche en 2021 son état lamen­table sur Internet avant d'obtenir gain de cause. Méthode qu'il réitère avec suc­cès pour d'autres concitoyen·es bri­tan­nique, avant de, désor­mais, s'attaquer aux bailleurs français. 

Il a quelque chose entre Lucky Luke et Spiderman. Kwajo Tweneboa tweete plus vite que son ombre pour dégom­mer les méchants, qui, au vu de ses mul­tiples threads sur l’oiseau bleu, pulullent autant que les cafards dans le sec­teur des loge­ments sociaux bri­tan­niques. C’est en effet aux bailleurs sans foi ni loi que le jeune homme de 23 ans à peine, qui a pas­sé une majo­ri­té de sa vie dans des loge­ments sociaux, s'attaque. Il se mobi­lise depuis un an pour faire entendre les loca­taires d'habitations insa­lubres, à grand ren­fort de « name and shame » – pra­tique qui consiste à dénon­cer publi­que­ment les agis­se­ments d'une per­sonne ou enti­té nom­mée – sur les réseaux sociaux. 

Amiante et vermine

Les bases de la méthode du Britannique sont posées en mai 2021. Kwajo Tweneboa, étu­diant à Leicester, vit alors depuis 2018 dans une mai­son du sud de Londres, qui cumule infes­ta­tion de ver­mine – cafards, clo­portes, sou­ris -, papier-​peint moi­si, pla­fond en amiante et tuyau­te­rie hors d’usage. Il a vu l’état de son père, atteint d’un can­cer de l’œsophage en phase ter­mi­nale, se dégra­der à une vitesse folle dans cet envi­ron­ne­ment insa­lubre, avant de décé­der en jan­vier 2020. « Les infir­mières ont eu du mal à s'occuper de lui, elles avaient du mal à lui don­ner son bain dans la salle de bain, par exemple, car elle n'avait pas de lumière et le car­re­lage tom­bait en mor­ceaux », raconte-​t-​il au Guardian. Toutes ses ten­ta­tives de se faire entendre par le bailleur social en charge de son loge­ment se heurtent à un mur, jusqu'à ce qu'il décide de se prendre en pho­to dans son habi­ta­tion, met­tant en lumière son insa­lu­bri­té. Son post devient viral sur Twitter et le bailleur, dont le nom était cité, décide sou­dai­ne­ment d'entreprendre les tra­vaux néces­saires. Il répond publi­que­ment qu'il « [recon­naît] les désa­gré­ments que les pro­blèmes de répa­ra­tion de cette pro­prié­té ont cau­sé et [s'excuse] si M. Tweneboa a le sen­ti­ment qu'[il] n'a pas four­ni le ser­vice atten­du d'[il]. » Irrité par l'hypocrisie de cette réac­tion, Kwajo lance un appel à témoi­gnages et reçoit, en moins d'une demi-​heure, des dizaines de mes­sages et pho­tos de per­sonnes habi­tant dans des endroits au moins aus­si délétère. 

L'abre qui cache la forêt

Les témoi­gnages conti­nuent de pleu­voir presque un an après le lan­ce­ment de l'action de Kwajo. Celui-​ci n'est pas sur­pris : le loge­ment social bri­tan­nique est en crise depuis des années. L’exemple le plus édi­fiant est sans doute celui cité lors de son pas­sage à l'émis­sion Good Morning Britain du 23 février der­nier : des loca­taires se sont plaints une cin­quan­taine de fois, en vain, de l’odeur de chair en décom­po­si­tion, des mouches et des asti­cots pro­ve­nant d’un appar­te­ment voi­sin, dans lequel les poli­ciers ont fini par décou­vrir le cadavre d’une sexa­gé­naire, décé­dée… trois ans plus tôt.

Pour évi­ter que des situa­tions simi­laires ne se repro­duisent, Kwajo se rend chez celles et ceux qui en appellent à son aide et publie ensuite les pho­tos et vidéos de l'insalubrité qu’il constate, en iden­ti­fiant les bailleurs sociaux et autres par­le­men­taires, fort de ses – désor­mais – quelque 45 000 fol­lo­wers. Et ça fonc­tionne ! « Certaines familles ont été relo­gées en moins de 24 heures » s’est-il réjoui sur le pla­teau de GBNews en février dernier. 

Le jeune homme a gagné depuis quelques mois déjà une jolie noto­rié­té Outre-​Manche – il a même ren­con­tré Michael Gove, le secré­taire d’État au loge­ment bri­tan­nique, pour lui expo­ser ses requêtes – et n’entend pas s’arrêter en si bon che­min. La semaine pas­sée, il a décla­ré sur Twitter vou­loir dénon­cer les bailleurs sociaux fran­çais. Un vaste com­bat si l'on en croit les chiffres du site du Ministère des Solidarités et de la Santé, selon lequel « il existe en France plus de 400 000 loge­ments [ la dis­tinc­tion entre loge­ments pri­vés et sociaux n'est pas opé­rée, ndlr ] occu­pés consi­dé­rés comme indignes, c’est-à-dire insa­lubres et/​ou dangereux. »

Lire aus­si : Logement : la fon­da­tion Abbé Pierre tire un bilan sévère du quin­quen­nat d’Emmanuel Macron

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