ÉDITO. Si nous avions encore besoin d’une preuve du cynisme de Poutine, l’armée russe a annoncé en début de semaine l’ouverture de plusieurs couloirs humanitaire pour évacuer les civils des villes bombardées de Kharkiv, Kyiv, Marioupol et Soumy… vers la Russie. « C’est comme si Hitler donnait une carte vers Auschwitz », a commenté, depuis Kharkiv et au micro de France Inter, Maria Avdeeva, directrice d’un cercle de réflexion ukrainien sur les questions de sécurité et de désinformation.
D’après les chiffres très probablement gonflés à l’hélium de la propagande du ministre de la Défense russe, pas moins de 187 000 personnes auraient d’ores-et-déjà été évacuées en Russie.
Le mercredi 9 mars, le bombardement d’un hôpital de Marioupol, abritant une maternité, a fait au moins trois morts, dont une enfant. Là encore, la propagande russe a trouvé l’occasion de se déchaîner, cherchant à faire croire que deux femmes enceintes sortant des ruines, l’une le visage ensanglanté, l’autre sur un brancard, l’abdomen perforé, n’étaient qu’une. Ainsi, selon l’ambassade de Russie en France, il s’agirait d’une top-model qui « a joué deux femmes enceintes en même temps, elle a même été remaquillée et rhabillée ». Libération rétablit la vérité dans un article mais on sait depuis longtemps que dans la tête des complotistes, un exercice de fact-checking ne fait pas le poids face à des mensonges éhontés et grossiers qui confortent l’individu dans sa pensée.
Et le régime russe est rompu à cette guerre de l’information qui est loin d’avoir commencé avec l’invasion de l’Ukraine, comme on l’a vu lors de ses ingérences récentes dans les élections de démocraties occidentales, États-Unis et France en tête. À cette heure, notre devoir de citoyen·nes vivant dans une démocratie est de faire l'effort d'être exigeant·es dans notre manière de nous informer puisque Vladimir Poutine et son régime ne reculeront devant aucune outrance.