Lisa Archbold, DJette Kiwi de son nom de scène, ne porte pas plainte mais exige que la compagnie aérienne Delta en finisse avec sa politique discriminatoire… Et a choisi de médiatiser l’affaire aux côtés de la célèbre avocate féministe Gloria Allred.
Une passagère menacée d’être débarquée d’un vol car elle ne portait pas de soutien-gorge sous son t‑shirt a dénoncé, jeudi 28 mars, une “humiliation” discriminatoire et a réclamé un rendez-vous avec le patron de la compagnie américaine Delta.
L'incident remonte à fin janvier : Lisa Archbold venait de monter à bord d'un avion devant relier Salt Lake City à San Francisco, lorsqu'une hôtesse l'a selon elle prise à part avant le décollage, car son t‑shirt laissait deviner la forme de ses seins et de ses tétons. "L'hôtesse lui a dit que lorsque des passagers portent des vêtements offensants ou révélateurs, la politique officielle de Delta est de les exclure du vol", a expliqué son avocate, la féministe et très célèbre Gloria Allred (qui conseille notamment les victimes d’Harvey Weinstein), devant la presse à Los Angeles, en dénonçant un comportement “discriminatoire”.
Pour pouvoir rester à bord, cette femme de 38 ans a dû mettre une veste par-dessus son t‑shirt. “J’ai été prise pour cible et humiliée”, a raconté Lisa Archbold, en détaillant comment l’hôtesse l’avait convoquée, puis sortie de l’avion devant les autres passagers. “L’impuissance était pire que l’humiliation.”
Plutôt que de porter plainte, cette DJ queer qui officie sous le blase de DJette Kiwi réclame un rendez-vous avec le patron de Delta pour demander la modification d’une politique qu’elle estime discriminatoire. Selon cette logique, “que fera Delta pour les jeunes filles de moins de 18 ans ?, a ironisé son avocate. À quel âge la jeune fille doit-elle s’assurer que ses tétons ne sont pas visibles sous un t‑shirt ?”
Double standard
“Aux dernières nouvelles, les talibans ne sont pas en charge de Delta”, a asséné Gloria Allred. “Les passagers masculins ne sont pas obligés de couvrir leurs t‑shirts avec une chemise ou une veste, a‑t-elle poursuivi. Ils ne sont pas non plus obligés de porter un soutien-gorge pour embarquer ou rester à bord d’un avion et les femmes ne devraient pas être obligées d’en porter.”
Selon l’avocate, le cadre réglementaire américain autorise les compagnies aériennes à exclure un passager d’un vol uniquement s’il représente un risque pour la sécurité de l’avion ou des passagers. Ce qui n’était pas le cas de Lisa Archbold. “Ni ses seins ni ceux d’aucune autre femme n’ont jamais essayé de prendre le contrôle d’un avion, a‑t-elle ironisé. Les seins ne sont pas des armes de guerre et ce n’est pas un crime pour une femme ou une fille d’en avoir.” Contactée par l’AFP, Delta a indiqué avoir déjà présenté ses “excuses” à cette cliente.