Un présentateur de la chaîne TVP Info s’est excusé en direct envers les personnes LGBTQIA+ au nom de la chaîne, qui relayait depuis plusieurs années des campagnes de haine.
Il est 21 h 30 dimanche 11 février quand la chaîne polonaise TVP Info démarre sa dernière interview de la soirée. Le présentateur Wojciech Szelag présente ses deux interviewé·es : Bart Staszewski et Maja Heban, deux militant·es LGBTQIA+. Un événement pour la télévision publique polonaise, qui n’avait pas reçu de personne LGBTQIA+ – ou du moins publiquement LGBTQIA+ – en direct depuis huit ans.
Avant de donner la parole à ses invité·es du soir, le présentateur se tourne vers la caméra. “Pendant de nombreuses années, en Pologne, des mots honteux ont été accolés à des personnes, uniquement parce qu’elles ont choisi de déterminer elles-mêmes qui elles sont et qui elles aiment. LGBT+ ne désigne pas une idéologie mais des personnes. Avec des noms, des visages, des familles, des amis. Tous ces gens devraient entendre le mot ‘pardon’. Je m’excuse”, dit-il, la voix tremblante.
"Les excuses sont une part importante de la réconciliation"
C’est une déclaration qu’on n’aurait pu imaginer il y a quelques mois. Le parti Droit et Justice (PiS), qui était au pouvoir depuis huit ans, n’avait de cesse de discriminer la communauté LGBTQIA+. TVP Info, au même titre que les autres chaînes publiques, relayait sur le petit écran les attaques du gouvernement. à la suite des excuses du présentateur, en poste depuis janvier, Bart Staszweski répond, ému : “Pendant des années, dans ce même studio, les personnes LGBT ont été dépeintes comme une menace pour la nation polonaise. Les excuses sont une part importante de la réconciliation.”
À son arrivée au pouvoir cet automne, la Coalition civique (KO), menée par le Premier ministre Donald Tusk, avait promis aux Polonais·es un avenir loin de la politique conservatrice de son prédécesseur. En décembre, Donald Tusk avait remplacé de force les directions de TVP, de l’agence de presse PAP, ainsi que de la radio nationale. Ce procédé, qui avait été critiqué, semble avoir été nécessaire.
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