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© Bernd Dittrich / Unsplash

Attaque du Hamas du 7 octobre : l’ONU détient des “infor­ma­tions claires et convain­cantes” pour affir­mer que des viols ont été commis

L’ONU a publié, ce lun­di, un rap­port sur les vio­lences sexuelles com­mises par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre. Selon l’institution inter­na­tio­nale, il y a de “bonnes rai­sons de croire” que des viols ont été com­mis. Ce rap­port, que le Hamas rejette dans un com­mu­ni­qué, inter­vient un mois après la visite de Pramila Patten, une repré­sen­tante spé­ciale de l’ONU en Israël et en Cisjordanie. 

Depuis le 7 octobre, de vives cri­tiques sont adres­sées aux Nations unies par le gou­ver­ne­ment israé­lien pour avoir réagi trop len­te­ment aux accu­sa­tions de vio­lences sexuelles com­mises par le Hamas. C’est dans ce contexte que début février, la repré­sen­tante spé­ciale de l’ONU sur les vio­lences sexuelles lors des conflits, Pramila Patten, accom­pa­gnée par des expert·es, s’est ren­due de fin jan­vier à mi-​février en Israël et en Cisjordanie.

Sur la base d’informations recueillies “auprès de sources mul­tiples et indé­pen­dantes”, les conclu­sions indiquent “de bonnes rai­sons de croire” que des vio­lences sexuelles liées au conflit ont eu lieu lors de l’attaque du 7 octobre, à plu­sieurs endroits à la péri­phé­rie de Gaza, y com­pris “des viols et des viols en réunion, dans au moins trois lieux”, dont le site du fes­ti­val Nova. Pour autant, le nombre de vio­lences sexuelles n’a pas été précisé. 

Des appels ont été lan­cés pour que les vic­times de vio­lences sexuelles viennent témoi­gner, mais aucune d’entre elles n’a pu se pré­sen­ter. Les membres de la mis­sion ont pu s’entretenir avec des survivant·es et témoins des attaques du 7 octobre, ain­si que des membres des ser­vices de san­té. De plus, les enquêteur·rices ont vision­né cinq mille pho­tos et cin­quante heures d’images des attaques. 

Ils ont en revanche pu par­ler avec certain·es des otages libéré·s et ain­si récol­ter “des infor­ma­tions claires et convain­cantes que cer­tains ont subi diverses formes de vio­lences sexuelles liées aux conflits, y com­pris viol et tor­ture sexua­li­sée, ain­si que des trai­te­ments cruels, inhu­mains et dégra­dants sexua­li­sés”, a décla­ré Pramila Patten lors d’une confé­rence de presse. “Nous avons de bonnes rai­sons de croire que de telles vio­lences sont tou­jours en cours”, a‑t-​elle ajouté.

Environ 250 per­sonnes ont été enle­vées et emme­nées à Gaza durant l’attaque du Hamas, le 7 octobre en Israël, qui a entraî­né la mort de 1 160 per­sonnes, en majo­ri­té des civils, selon un décompte de l’AFP réa­li­sé à par­tir de don­nées offi­cielles israé­liennes. D’après les auto­ri­tés israé­liennes, 130 otages sont encore à Gaza, dont 31 seraient mort·es. Une cen­taine d’autres ont été libéré·es ain­si que 240 prisonnier·ères palestinien·nes détenu·es par Israël, lors d’une trêve en novembre.

Publication du rap­port de l'ONU et réac­tion israélienne

Juste avant la publi­ca­tion du rap­port, le ministre israé­lien des Affaires étran­gères, accu­sant l’ONU de vou­loir “pas­ser sous silence le rap­port sérieux”, a annon­cé le rap­pel de son ambas­sa­deur à l’ONU pour consul­ta­tion. Ce der­nier pré­cise que la mis­sion, vu sa courte durée, n’a pas eu la pos­si­bi­li­té d’établir la “pré­va­lence” des vio­lences sexuelles lors des attaques du 7 octobre.

On peut éga­le­ment lire dans le rap­port la men­tion de “cas de diverses formes de vio­lence sexuelle” envers des femmes et des hommes palestinien·nes en déten­tion. Les exemples cités sont des “fouilles cor­po­relles inva­sives”, des “attou­che­ments non dési­rés”, des “menaces de viols” ain­si qu’une “nudi­té for­cée pro­lon­gée des déte­nus”, pré­cise l’ONU. Un pas­sage du rap­port dénon­cé par le porte-​parole du minis­tère israé­lien des Affaires étran­gères, Lior Haiat, dans un tweet : “Israël rejette l’appel du rap­port à enquê­ter sur les allé­ga­tions des Palestiniens concer­nant les ‘vio­lences sexuelles com­mises par des élé­ments israé­liens’.” Il qua­li­fie ce pas­sage de “manœuvre pales­ti­nienne déri­soire et déli­bé­rée visant à créer une équi­va­lence into­lé­rable avec les crimes hor­ribles qui ont été commis.” 

Dans ce contexte, le rap­port appelle les auto­ri­tés israé­liennes à “per­mettre l’accès” d’une mis­sion du Haut Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme et de la com­mis­sion d’enquête indé­pen­dante sur les ter­ri­toires pales­ti­niens. L’objectif est de mener “des enquêtes à part entière sur toutes les accu­sa­tions de vio­la­tions, com­plé­ter et appro­fon­dir” les résul­tats de cette mis­sion de Pramila Patten.

Parmi les dif­fi­cul­tés ren­con­trées, le rap­port évoque notam­ment le “manque de confiance des sur­vi­vants des attaques du 7 octobre et des familles des otages envers les ins­ti­tu­tions natio­nales et inter­na­tio­nales, dont l’ONU”, ain­si que “l’absence de preuves médico-​légales exhaus­tives”. “La véri­table pré­va­lence des vio­lences sexuelles lors des attaques du 7 octobre (…) pour­rait prendre des mois, voire des années à appa­raître, et pour­rait n’être jamais réel­le­ment connue”, conclut le rapport.

Dans un com­mu­ni­qué publié mar­di 5 mars, le Hamas “rejette” cette publi­ca­tion de l’ONU sur les vio­lences sexuelles com­mises, décla­rant les preuves “fausses” et “infon­dées” et repro­chant à l’ONU de ne citer “aucun témoi­gnage de vic­times”, indique Libération.

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