Émilie du Châtelet, la savante du siècle des Lumières

La « pre­mière femme de science de France » nais­sait il y a pile 315 ans. Retour sur une figure essen­tielle du siècle des Lumières.

Emilie Chatelet portrait by Latour
©Wikipédia

Le 17 décembre 1706, il y a 315 ans, nais­sait Émilie du Châtelet. Tour à tour, scien­ti­fique, tra­duc­trice, phi­lo­sophe et mathé­ma­ti­cienne, Émilie du Châtelet a ren­du au fil de sa vie la lit­té­ra­ture scien­ti­fique acces­sible au plus grand nombre. Figure sin­gu­lière du siècle des Lumières, Émilie du Châtelet est consi­dé­rée comme étant la pre­mière femme à se vouer entiè­re­ment aux sciences et a contri­bué à poser les fon­da­tions de ce qu’est aujourd’hui la phy­sique moderne.

Éducation scien­ti­fique

Née à Paris sous le règne de Louis XIV, Gabrielle-​Émilie Le Tonnelier de Breteuil dite Émilie du Châtelet a reçu la même édu­ca­tion que ses frères, chose plu­tôt rare pour une jeune fille de l’époque. Elle gran­dit dans un envi­ron­ne­ment pri­vi­lé­gié où les grandes figures de son siècle – comme le phi­lo­sophe Jean-​Baptiste Rousseau ou l’écrivain et scien­ti­fique Bénard de Fontenelle – défilent au domi­cile de ses parents. À douze ans, la jeune fille curieuse de tout parle par exemple six langues dif­fé­rentes. Elle mani­feste éga­le­ment un inté­rêt cer­tain pour l’équitation, le cla­ve­cin, le théâtre ain­si que toutes les dis­ci­plines scien­ti­fiques, évi­dem­ment. « Elle sou­haite com­prendre l’univers et ce qui le régit », expli­quait à ce pro­pos la Bibliothèque natio­nale de France dans une expo­si­tion qui lui était consa­crée en 2006.

Après avoir épou­sé, à tout juste 18 ans, le mar­quis Florent-​Claude du Châtelet, Émilie s’associe à Voltaire qu’elle ren­contre en 1732 et qui devient pour un temps son amant. Une pas­sion com­mune pour Isaac Newton, décé­dé en cinq ans plus tôt, les réunit. Ensemble, les deux amants tra­duisent Éléments de la phi­lo­so­phie de Newton en 1738. Dans le siècle des Lumières, les femmes sont pour­tant som­mées de res­ter dans l’ombre des hommes et Émilie du Châtelet n’échappe pas à la règle : lorsque le livre est publié, seul le nom du phi­lo­sophe fran­çais est ins­crit sur la couverture.

Reconnaissance

Il faut attendre 1741 pour que soit connu et recon­nu le talent d’Émilie du Châtelet. Dans son trai­té Institutions de Physique publié cette année-​là, l’autrice confronte les points de vue de Descartes, Isaac Newton et Leibniz. Cette étude croi­sée lui offre une recon­nais­sance consi­dé­rable : le trai­té est tra­duit en plu­sieurs langues, dont l’italien, qui lui ouvre les portes de l’Académie de Bologne, seul lieu de sciences euro­péen qui ne soit alors pas inter­dit aux femmes. Cette consé­cra­tion lui vaut tou­jours le titre de « pre­mière femme de sciences de France ».

Émilie du Châtelet consacre la fin de sa courte vie à des tra­duc­tions en fran­çais de plu­sieurs œuvres rédi­gées par des scien­ti­fiques étran­gers, dont, encore lui, Isaac Newton. Publié en 1759, dix ans après le décès d’Émilie, Principes mathé­ma­tiques de la phi­lo­so­phie natu­relle de Newton demeure d’ailleurs à ce jour la ver­sion fran­çaise du livre du génie anglais la plus uti­li­sée dans le monde francophone. 

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