La « première femme de science de France » naissait il y a pile 315 ans. Retour sur une figure essentielle du siècle des Lumières.
![Émilie du Châtelet, la savante du siècle des Lumières 1 Emilie Chatelet portrait by Latour](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/12/Emilie_Chatelet_portrait_by_Latour.jpg)
Le 17 décembre 1706, il y a 315 ans, naissait Émilie du Châtelet. Tour à tour, scientifique, traductrice, philosophe et mathématicienne, Émilie du Châtelet a rendu au fil de sa vie la littérature scientifique accessible au plus grand nombre. Figure singulière du siècle des Lumières, Émilie du Châtelet est considérée comme étant la première femme à se vouer entièrement aux sciences et a contribué à poser les fondations de ce qu’est aujourd’hui la physique moderne.
Éducation scientifique
Née à Paris sous le règne de Louis XIV, Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil dite Émilie du Châtelet a reçu la même éducation que ses frères, chose plutôt rare pour une jeune fille de l’époque. Elle grandit dans un environnement privilégié où les grandes figures de son siècle – comme le philosophe Jean-Baptiste Rousseau ou l’écrivain et scientifique Bénard de Fontenelle – défilent au domicile de ses parents. À douze ans, la jeune fille curieuse de tout parle par exemple six langues différentes. Elle manifeste également un intérêt certain pour l’équitation, le clavecin, le théâtre ainsi que toutes les disciplines scientifiques, évidemment. « Elle souhaite comprendre l’univers et ce qui le régit », expliquait à ce propos la Bibliothèque nationale de France dans une exposition qui lui était consacrée en 2006.
Après avoir épousé, à tout juste 18 ans, le marquis Florent-Claude du Châtelet, Émilie s’associe à Voltaire qu’elle rencontre en 1732 et qui devient pour un temps son amant. Une passion commune pour Isaac Newton, décédé en cinq ans plus tôt, les réunit. Ensemble, les deux amants traduisent Éléments de la philosophie de Newton en 1738. Dans le siècle des Lumières, les femmes sont pourtant sommées de rester dans l’ombre des hommes et Émilie du Châtelet n’échappe pas à la règle : lorsque le livre est publié, seul le nom du philosophe français est inscrit sur la couverture.
Reconnaissance
Il faut attendre 1741 pour que soit connu et reconnu le talent d’Émilie du Châtelet. Dans son traité Institutions de Physique publié cette année-là, l’autrice confronte les points de vue de Descartes, Isaac Newton et Leibniz. Cette étude croisée lui offre une reconnaissance considérable : le traité est traduit en plusieurs langues, dont l’italien, qui lui ouvre les portes de l’Académie de Bologne, seul lieu de sciences européen qui ne soit alors pas interdit aux femmes. Cette consécration lui vaut toujours le titre de « première femme de sciences de France ».
Émilie du Châtelet consacre la fin de sa courte vie à des traductions en français de plusieurs œuvres rédigées par des scientifiques étrangers, dont, encore lui, Isaac Newton. Publié en 1759, dix ans après le décès d’Émilie, Principes mathématiques de la philosophie naturelle de Newton demeure d’ailleurs à ce jour la version française du livre du génie anglais la plus utilisée dans le monde francophone.