Les féministes vont trop loin, les féministes sont devenues folles. Toutes celles qui ont pris des positions féministes sur Internet et se sont retrouvées insultées le savent : les féministes sont accusées de tous les maux. Elles fracturent la société, elles dressent les unes contre les autres, elles empêchent des relations normales, apaisées et sexuelles entre les hommes et les femmes.
Ce qui est frappant, c’est que l’inverse n’est jamais dit. L’inverse, c’est le parti des masculinistes, des virilistes, des incels, ou simplement du sexisme coutumier. À ces militants-là, on ne reproche rien. (Parce que, ne nous y trompons pas, ils font du militantisme.) D’ailleurs, on n’a toujours pas un mot précis pour les désigner. Alors que les féministes sont en permanence soupçonnées d’aller trop loin, les masculinistes bénéficient soit de bienveillance, soit d’un impensé complet. D’ailleurs, mon correcteur orthographique s’obstine à me souligner en rouge les mots « masculiniste » et « viriliste ». Il me dit que ça n’existe pas.
Les utérus “à leur place”
L’auteur de l’attentat contre les mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, avait publié un manifeste dans lequel il expose son analyse de la situation et ses motivations. Il explique qu’il y a un remplacement des Blancs par des populations immigrées. Or ce phénomène viendrait du fait que ces dernières font beaucoup d’enfants, alors que les femmes blanches voient leur taux de fécondité baisser. Cet attentat concernait donc également les utérus des femmes. Il était motivé par la peur que les femmes blanches cessent de se consacrer à leur mission sur terre : faire des enfants. Et cela, évidemment, à cause du féminisme qui leur met dans la tête des idées comme l’indépendance économique et les éloigne de la maternité. Cet attentat avait donc également à voir avec le féminisme, mais personne n’a abordé cet angle.
Bien sûr, il était islamophobe. Mais islamophobie et sexisme vont de pair. Il s’agit, au fond, d’une même idéologie : la domination de l’homme blanc hétérosexuel dans nos sociétés occidentales. Il faut donc éliminer les populations non blanches, non chrétiennes, non hétérosexuelles et remettre « nos » femmes à leur place : la maison. C’est un programme qui fait marcher de front tous ces points.
Cette convergence apparaît notamment sur un sujet précis : le chômage. Ce sont les femmes et les immigrés qui volent le travail des hommes et font augmenter leur taux de chômage. L’idée, c’est que femmes et immigrés ont une place (la maison, un autre pays) qu’ils ne doivent pas quitter, sinon ils empiètent sur la place des hommes.
Tout acte raciste comporte une part de misogynie et tout sexisme comporte une part de racisme. Mais la dimension sexiste est très souvent passée sous silence.
Il n’est toujours pas entré dans l’esprit de notre temps cette réalité simple : le sexisme tue. Que ce soit par les homicides conjugaux ou par des attentats à dimension masculiniste.
Il est temps de penser le masculinisme pour ce qu’il est : un danger pour notre société. Une menace pour nous toutes et tous.
Le sexisme est morbide.