99 masculinisme © Mikael Seegen
© Mikael Seegen

Titiou Lecoq : « Le mas­cu­li­nisme est un dan­ger pour nous toutes et tous »

Les fémi­nistes vont trop loin, les fémi­nistes sont deve­nues folles. Toutes celles qui ont pris des posi­tions fémi­nistes sur Internet et se sont retrou­vées insul­tées le savent : les fémi­nistes sont accu­sées de tous les maux. Elles frac­turent la socié­té, elles dressent les unes contre les autres, elles empêchent des rela­tions nor­males, apai­sées et sexuelles entre les hommes et les femmes. 

Ce qui est frap­pant, c’est que l’inverse n’est jamais dit. L’inverse, c’est le par­ti des mas­cu­li­nistes, des viri­listes, des incels, ou sim­ple­ment du sexisme cou­tu­mier. À ces militants-​là, on ne reproche rien. (Parce que, ne nous y trom­pons pas, ils font du mili­tan­tisme.) D’ailleurs, on n’a tou­jours pas un mot pré­cis pour les dési­gner. Alors que les fémi­nistes sont en per­ma­nence soup­çon­nées d’aller trop loin, les mas­cu­li­nistes béné­fi­cient soit de bien­veillance, soit d’un impen­sé com­plet. D’ailleurs, mon cor­rec­teur ortho­gra­phique s’obstine à me sou­li­gner en rouge les mots « mas­cu­li­niste » et « viri­liste ». Il me dit que ça n’existe pas. 

Les uté­rus “à leur place”

L’auteur de l’attentat contre les mos­quées de Christchurch, en Nouvelle-​Zélande, avait publié un mani­feste dans lequel il expose son ana­lyse de la situa­tion et ses moti­va­tions. Il explique qu’il y a un rem­pla­ce­ment des Blancs par des popu­la­tions immi­grées. Or ce phé­no­mène vien­drait du fait que ces der­nières font beau­coup d’enfants, alors que les femmes blanches voient leur taux de fécon­di­té bais­ser. Cet atten­tat concer­nait donc éga­le­ment les uté­rus des femmes. Il était moti­vé par la peur que les femmes blanches cessent de se consa­crer à leur mis­sion sur terre : faire des enfants. Et cela, évi­dem­ment, à cause du fémi­nisme qui leur met dans la tête des idées comme l’indépendance éco­no­mique et les éloigne de la mater­ni­té. Cet atten­tat avait donc éga­le­ment à voir avec le fémi­nisme, mais per­sonne n’a abor­dé cet angle. 

Bien sûr, il était isla­mo­phobe. Mais isla­mo­pho­bie et sexisme vont de pair. Il s’agit, au fond, d’une même idéo­lo­gie : la domi­na­tion de l’homme blanc hété­ro­sexuel dans nos socié­tés occi­den­tales. Il faut donc éli­mi­ner les popu­la­tions non blanches, non chré­tiennes, non hété­ro­sexuelles et remettre « nos » femmes à leur place : la mai­son. C’est un pro­gramme qui fait mar­cher de front tous ces points. 

Cette conver­gence appa­raît notam­ment sur un sujet pré­cis : le chô­mage. Ce sont les femmes et les immi­grés qui volent le tra­vail des hommes et font aug­men­ter leur taux de chô­mage. L’idée, c’est que femmes et immi­grés ont une place (la mai­son, un autre pays) qu’ils ne doivent pas quit­ter, sinon ils empiètent sur la place des hommes. 

Tout acte raciste com­porte une part de miso­gy­nie et tout sexisme com­porte une part de racisme. Mais la dimen­sion sexiste est très sou­vent pas­sée sous silence. 

Il n’est tou­jours pas entré dans l’esprit de notre temps cette réa­li­té simple : le sexisme tue. Que ce soit par les homi­cides conju­gaux ou par des atten­tats à dimen­sion masculiniste.

Il est temps de pen­ser le mas­cu­li­nisme pour ce qu’il est : un dan­ger pour notre socié­té. Une menace pour nous toutes et tous. 
Le sexisme est morbide.

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