Ce mois-ci, notre chroniqueuse Fiona Schmidt nous parle du manque de « vraies vacances ».
Votre Face ID ne vous reconnaît plus ? Ce ne sont plus des cernes que vous avez sous les yeux mais des hamacs à mouches ? Peut-être souffrez-vous d’un manque de « vraies vacances », ou « vacation deprivation » en VO. Ça a l’air plus grave en anglais, et de fait, d’après l’étude menée depuis vingt-trois ans pour Expedia dans dix pays du monde, le sentiment d’épuisement a progressé de 4 points depuis l’année dernière, atteignant son plus haut niveau depuis 2013.
Mais c’est au Mexique et en France que la situation est la plus critique : dans l’Hexagone, 71 % des personnes en emploi ont le sentiment de travailler trop et de manquer de temps libre – et très franchement, avec le pot de rillettes tiède que j’ai entre les deux oreilles, j’ai le sentimentde représenter à moi seule 69 %. Pourtant, les Français·es bénéficient de 15 jours de congés de plus qu’au Mexique, en haut du classement avec 77 % de travaileur·euses épuisé·es. Alors comment expliquer ce ressenti, au-delà des habituels clichés sur les Gaulois·es paresseux·euses et râleur·euses ?
L’étude souligne qu’en réalité, sur les 28,5 jours de congés payés auxquels ils et elles ont droit, les Français·es n’en ont posé que 23 en moyenne – en cause probablement : un surcroît de travail, et des cadences qui s’intensifient dans tous les secteurs. Par ailleurs, du fait de l’inflation et des préoccupations écologiques de plus en plus vives, ils et elles partent moins longtemps, et moins loin.
Enfin, tous les jours de congés pris par les Français·es ne sont pas utilisés pour buller, les doigts de pied en éventail. Et c’est là que ça devient vraiment intéressant (si vous vous étiez éloignées de cette page, c’est le moment d’y revenir). Car cette étude – non genrée – précise que, en 2022, 1,8 jour de congé a été posé pour des motifs familiaux, 1,9 jour pour des raisons de santé physiologique et 1,5 jour pour des raisons de santé psychique.
Or rappelez-moi qui, le plus souvent, garde les enfants et prend soin des proches dépendant·es au sein des couples hétérosexuels ? Qui souffre d’endométriose incapacitante, de règles douloureuses ou de symptômes liés à la ménopause ? Mais dites-moi, les femmes ne seraient-elles pas plus concernées que les hommes par les troubles dépressifs * ? Et maintenant que j’y pense… Ce sont elles qui, les premières, subissent les effets de l’inflation, notamment les mères célibataires ! Et qui se préoccupent le plus d’écologie, alors qu’elles ont un bilan carbone moindre ! Autrement dit, ce sont celles qui ont le plus besoin de vacances qui en prennent le moins. Puissiez-vous donc vous reposer cet été, que je vous souhaite joyeux et serein.
* En 2019, 12 % des femmes souffraient d’un syndrome dépressif, contre 9 % des hommes, selon l’Insee.