Cet été, Causette vous propose de (re)découvrir sa série Épifounie qui s'intéresse, chaque mois dans le magazine, au récit d’un moment d’épiphanie sexuelle. Qu’il s’agisse d’un orgasme inoubliable ou d’une période d’abstinence, c’est la chronique d’une pépite intime et politique dans l’histoire érotique de chaque témoin. Pour ce sixième épisode, Delphine découvre le sexe tantrique à l’autre bout du monde et le rapporte dans ses bagages.
![Série « Épifounie » : Delphine découvre le sexe tantrique à l’autre bout du monde 1 Capture d’écran 2023 08 09 à 09.59.28](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2023/08/Capture-d’écran-2023-08-09-à-09.59.28-497x1024.jpg)
Delphine va sur ses 27 ans quand elle quitte tout pour partir en Australie. Huit mois auparavant, elle s’est séparée de son mec après cinq ans de relation. Leur sexualité tournait essentiellement autour de ses fantasmes et besoins à lui. Il aimait le BDSM. Elle voulait de l’écoute et de la douceur. Mais aussi des voyages, et un peu de folie. Leurs chemins se séparent donc ainsi. Delphine part se retrouver en Australie, où elle s’installe en colocation avec une amie sur la côte ouest. Là, une rencontre va irrémédiablement bousculer sa vie sexuelle et illuminer sa vie spirituelle.
L’histoire commence par un simple match sur Tinder. Après quelques messages qui laissent présager une bonne connexion, elle retrouve l’homme dans un parc pour faire connaissance.Delphine se souvient parfaitement de sa première impression : « Il est Indien, immense, beau, brun avec de grands yeux. On se reconnaît de loin immédiatement, comme si on s’était senti et on se prend dans les bras de façon instinctive. » L’homme qu’elle découvre a 30 ans, une sensualité innocente et une galanterie folle. Il l’emmène regarder le coucher de soleil, la protège du vent, charme ses sens, se montre attentif à ce qu’elle ressent. Elle profite de l’instant présent et de ses petites attentions.
Peur et excitation
« Il prend soin de moi alors qu’il ne me connaît pas… C’est complètement nouveau pour moi qui sors d’une relation où j’ai été rabaissée. À son contact, je sens que toute mon intimité vibre. Comme si mon énergie intérieure remontait du ventre au cœur. » Le coucher de soleil amène un baiser, puis un dîner, puis un retour ensemble chez lui. Où il lui propose de prendre un bain, seule, pour se relaxer. Quand elle lui suggère de la rejoindre, il se déshabille de manière si sensuelle, dans une scène si parfaite, qu’elle a l’impression d’être dans un film. Il lui masse les pieds longuement. « Une partie de moi kiffe, l’autre hallucine. Je me souviens d’un mélange d’excitation et de peur. » Lorsqu’il l’embrasse, elle a un orgasme, instantanément. Cette nuit-là, elle découvre que l’orgasme peut être globalement physique, et pas seulement génital. Sans le lui dire, il l’initie au sexe tantrique. Ils font l’amour lentement, pleinement conscients du moment présent. Elle identifie un point de bascule précis, qui cristallise l’épiphanie qu’elle est en train de vivre. « Lors d’une pénétration profonde, j’ai entendu de la lumière. Ça a fait “ding” dans ma tête. À ce moment-là, j’ai un orgasme et je sais que ma vie va changer. »
« Ça a ouvert tellement de portes que ma réaction émotionnelle a été aussi fulgurante que mes orgasmes »
Lors de leur second rendez-vous, elle assaille son amant indien de questions sur le tantra. Pour toute réponse, il l’enjoint à pratiquer plutôt qu’à expliquer. Delphine plonge dans cet univers, qui recouvre à la fois un état d’esprit (gratitude, connexion à ses sensations, perception de soi-même et de l’autre comme sacré) et des pratiques (yoga, méditation, respiration, qualité du toucher). Si leur relation n’a pas vocation à durer, elle marque durablement Delphine. « Ça a ouvert tellement de portes que ma réaction émotionnelle a été aussi fulgurante que mes orgasmes. Je me suis lancée dans une grande quête spirituelle. » Après huit mois en Australie, elle part au Sri Lanka, puis en Thaïlande dans un ashram, où elle passe deux mois à creuser sa vie spirituelle en lisant des textes traditionnels et en méditant. Deux mois de « libération émotionnelle et de nettoyage énergétique », résume-t-elle.
Faire l’amour avec les yeux
S’en sont suivis trois mois de confinement, seule, en banlieue parisienne, au printemps 2020. Elle pratique, encore et encore, tout en écrivant à quelqu’un, sans savoir qui, sur un cahier. Ce quelqu’un, elle le rencontre peu de temps après dans un cours de sport. Elle a la sensation qu’ils se reconnaissent au premier contact. « C’est comme si nos chemins avaient convergé jusqu’à cette rencontre. Comme si cette expérience foudroyante vécue en Australie avait amené et permis ce que je vis aujourd’hui avec mon compagnon. » Delphine décrit une relation faite d’explorations sexuelles, toujours dans la philosophie tantrique, à laquelle elle l’a initié, comme lorsqu’ils font l’amour avec les yeux, sans contact. À la différence que la fulgurance de la révélation a été remplacée par un ressenti diffus, désormais omniprésent. Ce qu’elle a ramené d’Australie nourrit aujourd’hui sa relation au quotidien et toutes les dimensions de sa vie.
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