L'Insee s'est penché sur le rapport des enfants aux ordinateurs, tablettes et autres écrans numériques, révélant qu'à deux ans, une majorité en est tenu éloignée, mais que leur utilisation s'intensifie dès trois ans et demi.
Tou·tes le nez collé à un écran, les enfants ? C'est la question à laquelle l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a souhaité répondre dans une nouvelle étude intitulée « Les enfants de moins de 6 ans et les écrans numériques : à chacun son rythme », qui prend donc en compte les ordinateurs et tablettes mais pas la télévision ni les smartphones, et publiée mardi sur son site internet.
L'Insee s'appuie ici sur les données d'un échantillon de 9798 enfants né·es en 2011 et dont les parents ont répondu à l’étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe). Réalisée par l’Ined et l’Inserm, elle suit dès la naissance des jeunes qui ont été sélectionné·es après accord de leurs parents, selon leur date et leur maternité de naissance. Trois vagues d'enquêtes ont eu lieu à deux ans, trois ans et demi, et cinq ans et demi.
Selon l'étude, à deux ans, les enfants sont en grande majorité (73%) tenu·es éloigné·es des écrans numériques, soit les ordinateurs ou tablettes. La proportion se réduit cependant à trois ans et demi (58%) et à cinq ans et demi (46%). Ils et elles sont donc respectivement 27%, 42% et 54% à avoir accès à un écran à deux ans, trois ans et demi, et cinq ans et demi. « Dès l’âge de trois ans et demi, plus de quatre sur dix en utilisent régulièrement et plus de la moitié à cinq ans et demi », observe l'Insee.
Différents scénarios dans l'utilisation
De manière globale, l'Insee souligne que deux enfants sur cinq n'utilisent aucun écran numérique entre deux ans et cinq ans et demi, soit 38%. Il s'agit de la situation « la plus fréquente ». Parmi celles et ceux qui découvrent les ordinateurs et tablettes, plusieurs scénarios existent. Celui dit de « la pente douce », soit une utilisation progressive, concerne 4% des petit·es, celui de « la pente modérée » 15%, celui de « la pente rapide », 16%, et enfin celui de « l'intensification de l'utilisation » 16% également. De manière « atypique », 11% des jeunes réduisent leur utilisation des écrans, notamment quand ils et elles entrent à l'école. Cela concerne celles et ceux qui consommaient les écrans de manière forte à deux ans, soit 23 minutes en moyenne par jour, explique l'Insee. Concernant les smartphones, dont l'Insee n'a des données que lorsque les enfants ont cinq ans et demi, en moyenne 23% d'entre eux·elles en utilisent un à cet âge-là.
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L'utilisation ou non des ordinateurs et tablettes n'intervient pas « aléatoirement au sein de la société », note évidemment l'institut : « Leur répartition varie tout d’abord selon les rapports (plus ou moins distants) que les parents entretiennent avec les écrans, aussi bien tablettes ou ordinateurs, que smartphones et télévision. Les enfants dont la mère (ou le père) n’utilise jamais ou rarement (une à deux fois par mois) les écrans numériques pour leurs loisirs suivent plus souvent que les autres une "trajectoire de non‑utilisation" : respectivement 49 % et 43 % continuent à n’utiliser aucun écran numérique à cinq ans et demi lorsqu’il s’agit de la mère, 46 % et 44 % lorsqu’il s’agit du père, soit entre 13 et 17 points de plus que les enfants dont la mère (ou le père) y passe plus d'une heure et demie par jour en moyenne pour le loisir. »
Les comportements des enfants varient également selon le milieu socio-économique dans lequel ils et elles se trouvent, le niveau de diplôme des parents et selon si les petit·es sont des enfants uniques ou ont un·e aîné·e. L'Insee rappelle que les différentes recommandations en matière éducative prescrivent généralement de maintenir éloigner les enfants de moins de trois ans des écrans et d'accompagner très progressivement les autres pendant les années qui suivent.