« Autisme virtuel », « syndrome de l’écran électronique »… aujourd’hui, des médecins, des associations incriminent les tablettes et autres écrans d’être à l’origine de troubles du comportement chez certains enfants et d’avoir un impact sur leur cerveau en plein développement. Enquête.
Ce matin-là, Anne-Lise Ducanda, médecin de protection maternelle et infan- tile (PMI), rend visite à Rayan, 3 ans. Sa maman l’élève seule dans une résidence de Viry-Châtillon (Essonne). Le petit garçon lui a été signalé par l’école. Le jour de la rentrée, il n’a tenu que vingt minutes en classe, vingt minutes de pleurs et de hurlements. « Je l’ai vu pour la première fois il y a deux jours, il n’a pas parlé. Je n’ai jamais pu croiser son regard », raconte la docteure Ducanda. Elle relève alors un élément important : l’enfant ne peut pas s’endormir sans avoir les yeux rivés sur un smartphone. La médecin demande à la maman d’arrêter les écrans, puis revient les voir le lendemain : le changement est sidérant. À son arrivée, l’émotion est palpable. Après seulement 24 heures d’arrêt total des écrans, Rayan a dit « maman » pour la première fois. Sa mère avoue : « Il se réveillait la nuit pour réclamer le portable. » Sur le smartphone, Rayan regardait des vidéos avec de petites comptines. Lorsqu’elle sort son téléphone pour nous les montrer, le petit garçon change soudain d’attitude. Il tente de lui arracher des mains, pleure, le saisit finalement et fonce sur son lit en position fœtale. Là, il s’immobilise, les yeux à dix centimètres de l’écran. Sa maman commente : « Il en a cassé cinq parce que la connexion était mauvaise. »
Ces enfants dans leur bulle font maintenant partie du quotidien d’Anne- Lise Ducanda. Le lendemain,[…]