Amandine Hancewicz et Manuela Spinelli, cofondatrices de l’association Parents & féministes, proposent dans leur ouvrage des clés pour une enfance à l’abri des clichés sexistes.
![« Éduquer sans préjugés », le livre pour penser une parentalité féministe 1 71uRhAWm33L](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/03/71uRhAWm33L-675x1024.jpg)
Cet ouvrage n’a pas été conçu comme un « guide », expliquent ses deux autrices dès l’introduction, parce qu’elles en ont « marre des “conseils” qui en général accablent les mères ». Pourtant, Éduquer sans préjugés pourra trouver sa place au rayon « manuels pour être un parent à peu près responsable » de votre bibliothèque, tant, sans injonction ni culpabilisation, il éclaire le chemin vers une éducation non sexiste.
Amandine Hancewicz et Manuela Spinelli, respectivement consultante et formatrice sur l’égalité femmes-hommes et maîtresse de conférence à l’université Rennes‑2 – spécialisée dans les études de genre – ont cofondé, en juillet 2019, l’association Parents & féministes. Avec Éduquer sans préjugés, paru en février, elles proposent un condensé des plaidoyers que l’asso publie régulièrement (dernièrement, Parents & féministes s’est mobilisé pour l’allongement du congé paternité) et des groupes de parole qu’elle propose. Car de plus en plus de parents essaient, comme vous peut-être, de trouver des clés pour transmettre à leurs enfants des valeurs d’égalité entre les genres. En mêlant à leurs réflexions et analyses de nombreux témoignages, les autrices donnent écho à ces préoccupations face à des situations concrètes – qu’il s’agisse des réflexions bien intentionnées mais sexistes de la puéricultrice qui prête de la douceur à votre bébé fille ou de l’audace à votre bébé garçon, autant que de la réponse à apporter à une enfant qui revient de l’école persuadée qu’elle a un « trou » à la place du zizi des garçons –, et l’on se sent déjà moins seul·e.
La force de l’ouvrage, c’est d’explorer les premiers âges de la vie, de 0 à 10 ans, où, comme dirait l’autre, « tout se joue ». Et ce, en questionnant dès le premier chapitre nos propres projections face à l’enfant attendu·e. Si on est autant partisan·ne de l’égalité qu’on le dit, pourquoi ne peut-on pas s’empêcher durant la grossesse d’espérer un garçon, ou, a contrario, une fille ? Qu’est-ce que ces préférences disent de nous ? N’étant pas psychanalystes, les autrices ne se risquent pas à des réponses singulières, mais invitent à l’introspection.
Certes, Éduquer sans préjugés ne vous proposera pas de recettes miracles pour faire de votre bulle éducationnelle une forteresse féministe imprenable face aux assauts sexistes du monde extérieur. Mais l’effort minutieux des autrices pour expliquer et déconstruire ces normes sexistes dans notre façon d’élever nos enfants donne du grain à moudre pour « faire avec ». Par exemple, si, par les méfaits de sa socialisation à l’école, votre fils ne jure plus que par les gros camions ou votre fille par les Barbie, ne courez pas vous tailler les veines en lui refusant systématiquement ces joujoux. Mais plutôt, comme le préconisent Amandine Hancewicz et Manuela Spinelli : envisagez la « possibilité d’élargir au maximum l’éventail des jeux qui leur sont proposés [afin] de leur permettre d’explorer et d’avoir un horizon plus large que celui que le marketing a concocté pour elles et eux. » Et en fait, tout se joue là : Éduquer sans préjugés devrait être mis dans les mains des parents et futurs parents, oui, mais aussi, plus largement, dans celles des professionnel·les de l’éducation, qui ont leur rôle à jouer dans l’élargissement des horizons de nos chères têtes blondes.