« Éduquer sans pré­ju­gés », le livre pour pen­ser une paren­ta­li­té féministe

Amandine Hancewicz et Manuela Spinelli, cofon­da­trices de l’association Parents & fémi­nistes, pro­posent dans leur ouvrage des clés pour une enfance à l’abri des cli­chés sexistes.

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Cet ouvrage n’a pas été conçu comme un « guide », expliquent ses deux autrices dès l’introduction, parce qu’elles en ont « marre des “conseils” qui en géné­ral accablent les mères ». Pourtant, Éduquer sans pré­ju­gés pour­ra trou­ver sa place au rayon « manuels pour être un parent à peu près res­pon­sable » de votre biblio­thèque, tant, sans injonc­tion ni culpa­bi­li­sa­tion, il éclaire le che­min vers une édu­ca­tion non sexiste.

Amandine Hancewicz et Manuela Spinelli, res­pec­ti­ve­ment consul­tante et for­ma­trice sur l’égalité femmes-​hommes et maî­tresse de confé­rence à l’université Rennes‑2 – spé­cia­li­sée dans les études de genre – ont cofon­dé, en juillet 2019, l’association Parents & fémi­nistes. Avec Éduquer sans pré­ju­gés, paru en février, elles pro­posent un conden­sé des plai­doyers que l’asso publie régu­liè­re­ment (der­niè­re­ment, Parents & fémi­nistes s’est mobi­li­sé pour l’allongement du congé pater­ni­té) et des groupes de parole qu’elle pro­pose. Car de plus en plus de parents essaient, comme vous peut-​être, de trou­ver des clés pour trans­mettre à leurs enfants des valeurs d’égalité entre les genres. En mêlant à leurs réflexions et ana­lyses de nom­breux témoi­gnages, les autrices donnent écho à ces pré­oc­cu­pa­tions face à des situa­tions concrètes – qu’il s’agisse des réflexions bien inten­tion­nées mais sexistes de la pué­ri­cul­trice qui prête de la dou­ceur à votre bébé fille ou de l’audace à votre bébé gar­çon, autant que de la réponse à appor­ter à une enfant qui revient de l’école per­sua­dée qu’elle a un « trou » à la place du zizi des gar­çons –, et l’on se sent déjà moins seul·e.

La force de l’ouvrage, c’est d’explorer les pre­miers âges de la vie, de 0 à 10 ans, où, comme dirait l’autre, « tout se joue ». Et ce, en ques­tion­nant dès le pre­mier cha­pitre nos propres pro­jec­tions face à l’enfant attendu·e. Si on est autant partisan·ne de l’égalité qu’on le dit, pour­quoi ne peut-​on pas s’empêcher durant la gros­sesse d’espérer un gar­çon, ou, a contra­rio, une fille ? Qu’est-ce que ces pré­fé­rences disent de nous ? N’étant pas psy­cha­na­lystes, les autrices ne se risquent pas à des réponses sin­gu­lières, mais invitent à l’introspection. 

Certes, Éduquer sans pré­ju­gés ne vous pro­po­se­ra pas de recettes miracles pour faire de votre bulle édu­ca­tion­nelle une for­te­resse fémi­niste impre­nable face aux assauts sexistes du monde exté­rieur. Mais l’effort minu­tieux des autrices pour expli­quer et décons­truire ces normes sexistes dans notre façon d’élever nos enfants donne du grain à moudre pour « faire avec ». Par exemple, si, par les méfaits de sa socia­li­sa­tion à l’école, votre fils ne jure plus que par les gros camions ou votre fille par les Barbie, ne cou­rez pas vous tailler les veines en lui refu­sant sys­té­ma­ti­que­ment ces jou­joux. Mais plu­tôt, comme le pré­co­nisent Amandine Hancewicz et Manuela Spinelli : envi­sa­gez la « pos­si­bi­li­té d’élargir au maxi­mum l’éventail des jeux qui leur sont pro­po­sés [afin] de leur per­mettre d’explorer et d’avoir un hori­zon plus large que celui que le mar­ke­ting a concoc­té pour elles et eux. » Et en fait, tout se joue là : Éduquer sans pré­ju­gés devrait être mis dans les mains des parents et futurs parents, oui, mais aus­si, plus lar­ge­ment, dans celles des professionnel·les de l’éducation, qui ont leur rôle à jouer dans l’élargissement des hori­zons de nos chères têtes blondes.

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