Deux jours après la lettre ouverte de 4 000 soignant·es au président de la République pour dénoncer la saturation des services pédiatriques hospitaliers, le gouvernement annonce l’activation de « plans blancs » locaux ainsi qu’une enveloppe de 150 millions d’euros.
Le gouvernement va lancer un « plan d’action immédiat ». Alors que les services de pédiatrie français sont actuellement surchargés par une épidémie de bronchiolite, quatre mille soignant·es en pédiatrie ont adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron vendredi 21 octobre. Ils·elles dénoncent une pénurie de personnels, des conditions de travail difficiles ainsi qu’une prise en charge inadaptée des enfants dans les services hospitaliers. Des dysfonctionnements résultant selon eux·elles d’une « inaction politique irresponsable ».
En réponse, le gouvernement s’est dit « conscient du problème ». Invité sur le plateau de CNews dimanche, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a assuré de la détermination de l’exécutif à « faire en sorte que la situation s’améliore ». « Le président de la République a pris connaissance de cette interpellation et il a immédiatement sollicité la Première ministre et le ministre de la Santé pour qu’un plan d’action immédiat puisse être mis en place », a‑t-il indiqué.
105 millions d’euros pour les services en tension de l’hôpital
« L’hôpital fait face à une épidémie de bronchiolite […] Elle intervient tôt dans l’année et donc on déclenche là où c’est nécessaire les fameux plans blancs pour rappeler du personnel supplémentaire et pour avoir une meilleure coopération dans les territoires », a détaillé Olivier Véran sur le plateau de la chaîne d’info. Pour rappel, le plan blanc contient des mesures d’organisations spécifiques destinées à faire face à une situation sanitaire exceptionnelle ou à l'activité accrue d’un hôpital. Depuis deux semaines, la majorité des régions de France (à part la Corse et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur) font face à une épidémie de bronchiolite, une maladie respiratoire qui touche les enfants de moins de deux ans et les conduit parfois à l’hôpital.
Dans la foulée des déclarations de Véran, le ministre de la Santé, François Braun, a annoncé le déblocage d’une enveloppe de 150 millions d’euros pour les services « en tension de l’hôpital », notamment en pédiatrie. Cela devrait permettre « de répondre tout de suite à des problématiques spécifiques de certains secteurs, notamment par une augmentation du personnel, à condition qu’on en trouve », a‑t-il déclaré dimanche sur le plateau de BFMTV.
Problème de fond
Les services hospitaliers, notamment pédiatriques, font face à une crise sans précédent de recrutement de personnels. Selon les signataires de la lettre ouverte à Emmanuel Macron, l’actuelle épidémie de bronchiolite sature des services déjà « exsangues » alors même qu’« un nombre toujours plus important de postes de personnels paramédicaux et médicaux sont vacants ».
« Le gouvernement était dans l’obligation de réagir vite, mais il y a un vrai problème de fond », a réagi Isabelle Desguerre, cheffe du service de neuropédiatrie à l'hôpital Necker à Paris et signataire de la lettre, auprès du Point. Dans leur lettre ouverte, les soignant·es dénoncent en effet une série de dysfonctionnements structurels, allant d’hospitalisations d’enfants dans des lieux non adaptés, à des transferts éloignés de leur domicile, des reports d’interventions chirurgicales programmées ou encore des sorties prématurées d’hospitalisation par manque de lits. Autant de dégradations qui ont conduit, selon les profesionnel·les, à « des retards de soins » et à « la mise en danger des enfants ».
Lire aussi I Près de 90% des rendez-vous pris en ligne chez le pédiatre sur Doctolib sont réservés par des femmes