Port du masque en salle de travail, absence du second parent… La crise sanitaire a remis en lumière la question cruciale du bien-être dans les maternités. Mais la colère monte chez les sages-femmes, qui ne cessent de dénoncer leurs conditions d’exercice. Les femmes accouchent-elles bien, en France, aujourd’hui ?

Quand elle a ôté sa blouse ce soir-là, Anna Roy, sage-femme dans une maternité parisienne mais aussi en libéral, et créatrice du podcast Sage-meuf, s’est sentie mal. Ce n’était pas une histoire de fatigue, compagne quotidienne, ni de colère. Non, cette fois, c’était autre chose. Un mot lui a sauté au visage : elle était « maltraitante ». Maltraitante, car elle n’avait pas eu le temps d’être aux côtés des femmes qui, pourtant, réclamaient sa présence.
Maltraitante par manque de temps et de moyens. Un constat ultraviolent que toutes les professionnelles de la naissance – on compte 97,2 %* de femmes, donc le féminin l’emporte – engagées et passionnées par leur métier ne partagent pas forcément. Mais le terme a fait mouche. La vidéo, publiée le 11 novembre, dans laquelle Anna Roy lève le voile sur ses difficultés, a été vue des milliers de fois. Un hashtag #JeSuisMaltraitante a aussi circulé sur les réseaux sociaux. « J’ai mis un genou à terre et j’ai demandé pardon aux femmes, confie-t-elle. J’ai l’impression que cette demande a permis de retisser un lien entre elles et nous, qui avait été rompu par des années d’incompréhension réciproque. »
Il y aurait donc quelque chose à réparer entre celles qui accouchent et celles qui les aident ? Peut-on dire que les Françaises donnent naissance dans de mauvaises conditions ? La question est vaste et suscite des réponses épidermiques. « Non, on n’accouche pas bien chez nous, s’agace Anna Roy. D’ailleurs, les[…]