La députée Paula Forteza lègue aux prochain·es député·es le soin de s'emparer de sa proposition de loi visant à une reconnaissance et un meilleur accompagnement des femmes victimes de fausse-couche.
« La fausse couche n'est pas une maladie, c'est une perte, qui s'accompagne d'un deuil », est-il écrit dans l'exposé des motifs de la proposition de loi pour une meilleure prise en charge de la fausse couche déposée par la députée écologiste indépendante Paula Forteza. Publiée ce 30 mars sur le site de l'Assemblée, la loi prévoit dans son article phare trois jours de congé pour la femme victime de fausse couche, de manière à reconnaître le caractère spécifique de l'événement en allant plus loin que le simple arrêt maladie dont les femmes peuvent disposer actuellement. Afin de permettre au ou à la conjoint·e « de s'impliquer, de se sentir concerné, dans les hauts comme dans les bas », ce congé lui serait aussi ouvert.
"Anticiper les inquiétudes"
Alors qu'on estime qu'une grossesse sur cinq aboutit à une fausse couche, la proposition de loi entend faire reconnaître son impact psychologique a posteriori mais aussi l'anxiété des femmes enceintes autour du sujet en amont. Pour cela, la députée Forteza propose d'inscrire dans le code de la santé publique la possibilité, à l'issue de la consultation informant la patiente enceinte des risques de fausse couche, d'un « suivi psychologique adapté et entièrement gratuit ». « L'enjeu est d'anticiper les inquiétudes, notamment chez celles qui l'ont déjà vécu, précise-t-on dans l'entourage de la députée. Nous souhaitons renouveler le parcours de soin de façon à penser la grossesse non plus seulement dans son aboutissement mais aussi dans son échec. » En cas de fausse couche, la proposition de loi envisage « un parcours de soin commun à toutes les femmes », avec suivi psychologique et consultation médicale permettant de déceler « d'éventuels facteurs de risques tels que l'anémie, les anomalies thyroïdiennes ou le syndrome des antiphospoholipides. »
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Le troisième point fort de cette proposition de loi réside dans la prévention contre les violences gynécologiques et obstétricales. Dans le cadre d'une fausse couche, elles peuvent se caractériser par un manque d'empathie, l'octroi d'une chambre partagée avec des femmes venant d'accoucher ou encore des phrases telles que « ne vous inquiétez pas, c'est comme des grosses règles » alors que les effets d'une fausse couche peuvent être beaucoup plus violents. Paula Forteza souhaite que le législateur rende obligatoire, dans la formation initiale comme continue des professionel·les de santé, l'enseignement de comportements bienveillants qui bénéficieront à l'ensemble des patient·es.
La députée, qui a annoncé qu'elle ne se présenterait pas à sa succession en juin pour laisser faire « le renouvellement démocratique » laisse le soin aux député·es de la prochaine législature de s'emparer de son texte. « L'enjeu était de laisser une trace écrite et juridiquement solide de ce travail. »
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