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Cigarette élec­tro­nique : le ministre de la Santé se dit « favo­rable à l’interdiction des puffs »

smoking woman in black halter top
©DESIGNECOLOGIST

Le ministre de la Santé s’est inquié­té, ce mer­cre­di 3 mai sur France Inter, que « les puffs amènent une par­tie jeune de notre popu­la­tion vers le taba­gisme »

Se dirige-​t-​on vers une inter­dic­tion des ciga­rettes élec­tro­niques jetables ? Le ministre de la Santé, François Braun, a réaf­fir­mé ce mer­cre­di 3 mai sur France Inter sa volon­té d’interdire les puffs, ces ciga­rettes élec­tro­niques à usage unique et aux goûts sucrés qui font recette chez les adolescent·es. Le ministre de la Santé s’était déjà mon­tré favo­rable à cette inter­dic­tion en novembre, à l’occasion du mois sans tabac. « Oui, je suis favo­rable à l’interdiction des ciga­rettes élec­tro­niques “puffs”, parce qu’elles amènent une par­tie jeune de notre popu­la­tion vers le taba­gisme, qui est un fléau », a‑t-​il décla­ré au micro de la radio, sans pré­ci­ser si cette inter­dic­tion serait géné­rale ou réser­vée aux mineur·es.

François Braun s’est dit aus­si « favo­rable pour tra­vailler avec les par­le­men­taires sur cette inter­dic­tion ». Une pro­po­si­tion a en effet été dépo­sée à l’Assemblée natio­nale par la dépu­tée éco­lo­giste (EELV) des Hauts-​de-​Seine, Francesca Pasquini, en novembre. Signée par une tren­taine de député·es éco­lo­gistes, elle vise à inter­dire les ciga­rettes élec­tro­niques. « C’est la mau­vaise ver­sion de la ciga­rette élec­tro­nique, qui à l’origine devait ser­vir à dimi­nuer le tabac en dou­ceur », a esti­mé Francesca Pasquini auprès de l’AFP, rap­porte Ouest France. Le texte n’a pas encore été mis à l’ordre du jour des débats dans l’hémicycle. « Nous avons un cadre de loi qui arrive, notam­ment le pro­jet de loi de finan­ce­ment de la Sécurité sociale, qui va nous per­mettre de tra­vailler avec les par­le­men­taires sur ce sujet », a affir­mé le ministre de la Santé au micro de France Inter, ajou­tant que cette inter­dic­tion pour­rait aus­si « entrer dans le cadre du nou­veau plan tabac qui sera mis en place cette année ».

Taxe dis­sua­sive votée au Sénat 

Début novembre, le Sénat a voté l’amendement por­té par la séna­trice Les Républicains (LR) du Val-​de-​Marne Catherine Procaccia et visant à ins­tau­rer une taxe dis­sua­sive sur les e‑cigarettes jetables, dans le cadre de l’examen en pre­mière lec­ture du pro­jet de bud­get de la Sécurité sociale pour 2023. Pour Catherine Procaccia, cette taxe « à hau­teur de six euros par mil­li­litre » aurait « pour effet d’augmenter consi­dé­ra­ble­ment leur prix », et par consé­quent aurait un effet dis­sua­sif sur les jeunes consommateur·trices. Cet amen­de­ment ne concerne pas la ciga­rette élec­tro­nique classique.

L’Académie natio­nale de méde­cine rap­pe­lait dans un com­mu­ni­qué en février 2023 que les puffs sont un « piège par­ti­cu­liè­re­ment sour­nois pour les enfants et les ado­les­cents ». Débarquées sur le mar­ché fran­çais en 2021 et ven­dues chez les bura­listes et en grandes sur­faces, les puffs attirent les jeunes par leur prix attrac­tif (entre 8 et 12 euros) et leur palette de goûts aci­du­lés (cola, cookie, « licorne », moji­to, barbe à papa, choco-​noisette…). Dans une tri­bune publiée dans Le Monde dimanche 30 avril, un col­lec­tif d'une ving­taine de méde­cins, taba­co­logues et défenseur·euses de l’environnement appe­laient éga­le­ment à l’interdiction de ces ciga­rettes élec­tro­niques jetables. 

Fléau sani­taire et environnemental 

Selon le code de la san­té publique, il est inter­dit de vendre à des mineur·es des dis­po­si­tifs élec­tro­niques de vapo­tage. Pourtant, d’après un son­dage de l’ACT-Alliance contre le tabac, plus de 13 % des adolescent·es en France révé­laient en avoir déjà consom­mé en 2022. Si son packa­ging colo­ré semble inof­fen­sif, les risques pour la san­té sont eux bien réels rap­pelle la tri­bune publiée dans Le Monde. « L’utilisation de la puff, qui contient des sels de nico­tine, aug­mente les risques de déve­lop­per une inflam­ma­tion des voies res­pi­ra­toires, alertent les signa­taires. Son taux de nico­tine, pou­vant aller jusqu’à 20 milligrammes/​millilitre, est suf­fi­sam­ment éle­vé pour créer une forte dépen­dance et peut consti­tuer une porte d’entrée vers le taba­gisme. » Le taba­gisme entraîne « 75 000 morts par an », rap­pe­lait François Braun sur France Inter. 

Sans par­ler des consé­quences envi­ron­ne­men­tales. « Les puffs deviennent des déchets com­plexes, mal col­lec­tés, non recy­clés et dont les com­po­sants peuvent pol­luer les sols, les nappes phréa­tiques et les océans », affirment les signa­taires, rap­pe­lant qu’une étude bri­tan­nique publiée en juillet 2022 indi­quait que 1,3 mil­lion de ciga­rettes élec­tro­niques jetables sont jetées chaque semaine, « ce qui suf­fit à cou­vrir chaque année 22 ter­rains de foot­ball »

D’autres pays sont allés plus loin sur la ques­tion du vapo­tage. Mardi, le ministre de la Santé aus­tra­lien, Mark Butler, a annon­cé une série de mesures strictes pour réduire l’utilisation de l'ensemble des ciga­rettes élec­tro­niques. Les ciga­rettes élec­tro­niques dites « clas­siques » seront uni­que­ment auto­ri­sées sur ordon­nance, comme aide pour arrê­ter de fumer. Quant aux puffs, elles seront inter­dites. Le taux de nico­tine sera éga­le­ment plus faible dans les liquides de vapo­tage. En Europe, les puffs sont éga­le­ment en voie d’interdiction en Allemagne, en Belgique et en Irlande. 

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