On la scrute, on la palpe et on la maudit. La cellulite est diabolisée depuis un siècle. Entre misogynie et grossophobie, retour sur la naissance d’un complexe tenace.

Chaque printemps, c’est la même rengaine. « J’appréhende le passage au short et au maillot de bain, parce que j’ai de la ‑cellulite. Alors, à l’approche de l’été, j’essaie de faire plus de sport, je me passe des jets d’eau froide sur le corps et, même si j’ai un peu honte de le dire, je finis presque toujours par acheter une crème anti-cellulite », confie Aline, 33 ans, et déjà vingt passés à détester ses capitons. Une préoccupation plutôt commune, si l’on en croit les recherches Google sur le mot « cellulite », qui connaissent systématiquement un pic au printemps. Un complexe qui, chez Aline, relève quasiment de l’héritage familial. Sa mère, jeune soixantenaire à la silhouette svelte, l’a encouragée dès sa préadolescence à lutter contre la cellulite : « Une fois qu’elle s’installe, on ne s’en défait plus », prévient-elle doctement. Quant à sa grand-mère, elle s’est battue contre elle toute sa vie. « Je crois que j’ai tout essayé, ou presque. Maintenant, je m’en fiche, mais j’en ai vraiment ‑souffert », témoigne Colette, 80 ans, plus résignée qu’autre[…]