![Témoignages : fille des villes, gars des champs 1 bick hands final square a](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/03/bick_hands_final_square-a-1024x1024.jpg)
Chaque mois, Causette donne la parole à un duo sentimental pour comprendre comment les visions divergentes de chacun·e n’empêchent pas (toujours) le ménage de tourner. Charline est plutôt femme des villes, Simon homme des champs. 700 kilomètres les séparent quinze jours par mois. Après plus de vingt-quatre ans de vie commune, ils ont adopté une nouvelle façon d’être en couple en alternant vie en solo et vie à deux.
Simon
64 ans
« Avec Charline, nous aurions pu ne jamais nous rencontrer ! On m’a proposé une pige, un samedi, et j’ai failli la refuser ! C’était un montage difficile sur la thérapie des personnes accros à la dépense. On a fini vers 23 heures, alors Charline m’a invité à dîner dans une brasserie toute proche. On s’est tout de suite plu et deux mois plus tard, on vivait ensemble. Nous sommes un couple assez fusionnel, mais chacun a ses moments d’indépendance ! Charline voit souvent ses copines en solo et ne peut pas se passer du tumulte parisien ; moi, j’aime vivre à présent loin de la frénésie de la surconsommation. Cette bergerie a été notre première visite dans la région ! Coup de cœur immédiat ! Je venais de prendre ma retraite. C’était une nouvelle vie qui commençait…
Les deux premières années, Charline me reprochait de ne pas remonter à Paris assez souvent alors que je devais suivre les nombreux travaux. Quand elle arrivait de Paname, elle vérifiait les finitions en inspectrice des travaux finis, cela avait le don de m’agacer ! On a toujours surmonté les crises, on en tire les enseignements et cela nous permet d’améliorer notre relation. Nous avons deux caractères assez fiers et différents ! Je suis posé et réfléchi ; Charline est impatiente et parfois hyperactive. La deuxième année, il y a eu moins de travaux. Je suis remonté plus souvent à Paris, mais Charline bossait quotidiennement, on ne se voyait pas beaucoup. Alors, d’un commun accord, on a décidé que je resterais le plus souvent dans le Sud. Nous n’avions jamais été séparés plus de quinze jours, sauf quand Charline a réalisé une série documentaire à l’étranger. Donc, on était un peu déboussolés !
J’ai exercé un métier qui m’a passionné, mais à présent, j’apprécie de vivre au gré des saisons dans une démarche éthique et responsable. Ici, nous avons chacun notre espace et nos activités. On s’est toujours partagé les tâches du quotidien sans problème. Et moi, j’adore cuisiner les légumes des producteurs du coin ! Charline a besoin de l’adrénaline que lui procure son métier, de travailler sur de nouveaux projets et elle n’est pas prête de s’arrêter ! Alors, il a fallu nous habituer à cette vie fractionnée. Mais on a appris à gérer l’absence de l’autre en s’appelant tous les jours. Finalement, on a trouvé le bon équilibre. »
Charline
57 ans
« J’ai rencontré Simon lors d’un montage pour un reportage télévisé. C’était en 1996 et depuis, on a eu le temps de “s’apprivoiser” ! Je suis réalisatrice et Simon est chef monteur vidéo. Nous sommes intermittents du spectacle et on a toujours eu une vie parisienne sans routine et sans horaires au gré de nos contrats de travail. Simon a 64 ans, nous avons sept ans de différence et pas d’enfants.
Il y a quatre ans, son départ anticipé à la retraite a coïncidé avec l’achat d’une vieille bergerie dans le Gard. Un rêve que nous partagions et que nous avons enfin réalisé ! Depuis, il vit la majorité du temps là-bas. Et moi, je continue à travailler à Paris où nous avons gardé un pied à terre. Je fais des allers-retours en train en fonction des montages et des tournages. Un vrai casse-tête niveau planning. Il ne remonte que quelques semaines par an dans la capitale pour voir les amis et la famille.
Nous avons des rythmes de vie différents : proche de la nature et tendance à procrastiner pour Simon (ça m’énerve !) ; citadine et sous pression pour moi. Le rêve a parfois viré au cauchemar ! La maison “idéale” avait des fuites de toiture, du salpêtre se propageait dans le salon voûté en pierres…
Quand j’arrivais de Paris, nous n’avions plus les mêmes préoccupations et centres d’intérêt, cela nous a parfois éloignés. Nous habitons une commune de 1 700 âmes entourée d’oliviers et de vignes, c’est très calme ! Simon parlait de fuites d’eau ou de son quotidien bucolique (vélo dans la garrigue, plantations ou tir à l’arc) et moi de mes journées surchargées et de la fatigue des voyages. On était en décalage, j’avais du mal à me détendre ! Il me manquait quand j’étais à Paris et lui me paraissait heureux sans moi dans sa maison, peinard ! Je le lui reprochais et cela finissait en disputes !
Heureusement, Simon m’a rassurée sur ses sentiments : s’il rendait la maison plus confortable, c’était surtout pour nous deux ! Petit à petit, j’ai fini par voir le bon côté de cette vie en alternance. À présent, quand j’arrive dans le Sud, je lâche prise. On va se baigner dans le Gardon, on reçoit les amis, on va au Festival d’Avignon. Cette bergerie est devenue mon refuge. »