Le must du mois
Les Sauvages, de Sabri Louatah et Rebecca Zlotowski
La minisérie française qui débarque sur Canal fera date. Cette habile adaptation, réalisée par Rebecca Zlotowski, du roman à succès Les Sauvages (saga de politique-fiction en quatre tomes écrite par Sabri Louatah), s’impose comme un « must » de la rentrée.
Dès le premier épisode, la tension est de mise. Paris, un jour d’élection présidentielle. Le candidat élu, Idder Chaouch (Roschdy Zem), brillant économiste d’origine kabyle, est victime d’une tentative d’assassinat. Très vite, un coupable est désigné : Krim Nerrouche, petit cousin de Fouad, acteur en vogue et… futur gendre du président. Autant dire que le monde s’écroule pour Fouad. Il veut comprendre et part donc enquêter dans sa famille, qui vit dans une cité de Saint-Étienne.
Héritage postcolonial, ambition politique, racisme, haine de soi, radicalisation : la série relie l’intime au collectif avec une classe folle. Tous les sujets, jusqu’aux plus tabous, sont abordés dans ce thriller frontal, mais jamais manichéen qui interroge la France d’aujourd’hui. Une France aux mille visages. Rebecca Zlotowski (Belle épine, Grand Central, Une fille facile) donne à voir un récit palpitant et combine force de frappe narrative (à l’américaine) et beauté visuelle. Un sans-faute ! Ses comédiens (Roschdy Zem et Sofiane Zermani en tête) et comédiennes itou. Les personnages féminins des Sauvages ont de la poigne. Raison de plus pour saluer Marina Foïs, Amira Casar, Souheila Yacoub, Carima Amarouche, Farida Rahouadj et Lyna Khoudri. Belle équipe, à tous points de vue. A. A.
Les Sauvages, minisérie de 6 épisodes de 52 min créée par Sabri Louatah et Rebecca Zlotowski. En septembre sur Canal+ et sur MyCanal.
Festival de La Rochelle
Séries : toutes en queer !
Vous qui binge-watchez les séries à longueur de week-ends, avez-vous repéré ce sinistre stéréotype appelé Bury your gays (« enterre tes gays »). C’est ce travers (inconscient ?) qui pousse les scénaristes à tuer par paquet les personnages gays, lesbiens, bi ou trans. On peut citer, entre autres, The Walking Dead, Orange is the New Black ou The 100. La communauté LGBTQ+ s’indigne aussi d’une autre figure de style, le queerbaiting. Nettement plus retorse, la manip consiste à créer des relations ambiguës, peut-être homosexuelles, entre deux personnages, pour attirer le public queer. Et au bout d’un bon nombre d’épisodes, finalement non, ils ou elles s’avèrent hétéros. Un marketing roublard mais répandu. Pourtant, ne crachons pas dans le soap, il y a du progrès dans la représentation LGBTQ+. Glaad (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation) souligne, dans son rapport 2017–2018, qu’elle est au plus haut historiquement : parmi les 901 personnages des séries des grandes chaînes américaines sur la saison concernée, 86 sont queer. Soit 9,6 %… De son côté, la France avance bravement. De Plus belle la vie à Dix pour cent, la cause progresse. Même si l’absence de couples homos dans Scènes de ménages, la très populaire série de M6, fait tache, un programme comme Les Engagés, sur France.tv Slash, relève le niveau. Et le Festival de la fiction de La Rochelle, qui se tiendra du 11 au 15 septembre, nous annonce de bonnes nouvelles, avec plusieurs séries et téléfilms inclusifs qui vont bientôt débouler sur nos écrans. I. M.
Table ronde Causette-CNC
Causette et le CNC vous invitent à débattre autour du thème de la représentation LGBTQ+ dans les séries et à la télé le 12 septembre au Festival de la fiction de La Rochelle (Charente-Maritime). Avec Sullivan Le Postec (créateur des Engagés), Arnauld Mercadier (réalisateur), Sébastien Charbit (producteur de Plus belle la vie), Anne Holmes (directrice de la fiction de France Télévisions), Iris Brey (journaliste) et Laurence Bachman (productrice et présidente de l’association Pour les femmes dans les médias).
Toute la programmation sur Festival-fictiontv.com