Stand-​up : Madame Meuf, du Sénat à la scène

Dans une autre vie, Hélène Vézier chan­geait les car­touches d'encre au Sénat. Avec Politiquement incor­recte, son alter ego sur­vol­té Madame Meuf fait car­ton plein sur scène.

politiquement incorrecte

A côté de Notre-​Dame en tra­vaux et sa grue scin­tillante, La Nouvelle Seine, péniche confor­table, flotte tran­quille­ment sur le fleuve en atten­dant que sa soute se rem­plisse des spec­ta­teurs, une majo­ri­té des qua­dras parisien·nes, venu·es voir Politiquement incor­recte. Six per­sonnes maxi­mum à la fois sur la pas­se­relle reliant terre ferme et scène céleste, recom­mande la jeune femme en charge de l’accueil, risque d’effondrement le cas échéant. Après l’heure pas­sée en com­pa­gnie d’Hélène Vézier, désor­mais connue (ou bien­tôt, on l’espère) sous le nom de Madame Meuf, la foule de che­veux lisses aux raies bien nettes retom­bant sur les épaules de bla­zers motifs pied de poule ou tar­tan se masse sur la planche sans plus tenir compte des recom­man­da­tions. Qui, elle, tient le coup. 

C’est qu’on res­sort plus léger de Politiquement incor­recte, même si une immer­sion dans les cou­loirs du Sénat n'est pas for­cé­ment ce dont on rêve de prime abord un mar­di soir. Le pari ris­qué mais réus­si est sans doute dû à la fraî­cheur de Madame Meuf, encore sous le charme de son nou­veau bou­lot. L’un des seuls, remarque-​t-​elle, où l’on est applaudi·e dès son arri­vée. Après une quin­zaine d’années à faire des cour­bettes à des poli­tiques à l’égo aus­si gon­flé que le ventre, ça la change. C’est donc avec un enthou­siasme non feint et une hon­nê­te­té inha­bi­tuelle pour le sujet, que la qua­dra­gé­naire sert à son public un grand cru dans lequel ont macé­ré ses petites frus­tra­tions et meilleures anec­dotes d’assistante parlementaire.

L’occasion de (ré)apprendre ce que font (ou ne font pas) la crème de la crème de la poli­tique fran­çaise, de se ques­tion­ner sur le bien­fon­dé de ses propres choix pro­fes­sion­nels durant l’énumération des avan­tage$ dont dis­posent les séna­teurs, de peut-​être grin­cer un peu des dents et, quand même, de pas mal rire. 

On peine un peu à ima­gi­ner Madame Meuf, ses grands yeux, son sou­rire grin­çant et son déhan­ché cha­lou­pé d’albatros bau­de­lai­rien se fondre dans la moquette du Palais du Luxembourg. Mais on en rede­mande, de cette éner­gie qui contre­ba­lance les galères de micros, gérées aus­si serei­ne­ment que les pos­tillons impré­vus direc­tion le pre­mier rang. Si l’humoriste en herbe canarde à tout va, elle ne cite aucun nom, bien sûr, sur­nom­mant tout le monde Martine ou Monique, ou évo­quant cet élé­phant du PS, dont elle était cer­taine de l’avenir pré­si­den­tiel mais qui s'est « mal­heu­reu­se­ment retrou­vé en fâcheuse pos­ture dans un hôtel du groupe Accor ».

Madame Meuf avoue jouer ce spec­tacle entre autres pour être sûre de ne jamais pou­voir retour­ner tra­vailler au Sénat, quand bien même elle céde­rait aux sirènes nos­tal­giques de la can­tine. On lui sou­haite de res­ter sur scène, situa­tion idoine pour cette ancienne petite main.

Politiquement incor­recte de Madame Meuf : les jeu­dis à La Divine comé­die (Paris) du 14 avril au 2 juin 2022 et en tour­née en France notam­ment le 12 avril et les trois pre­miers mar­dis de mai au Théâtre des Chartrons (Bordeaux), le 2 mai à l’espace Gerson (Lyon), le 1er juillet au Spotlight (Lille) et au Festival Avignon Off 2022.

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