Dans une autre vie, Hélène Vézier changeait les cartouches d'encre au Sénat. Avec Politiquement incorrecte, son alter ego survolté Madame Meuf fait carton plein sur scène.
![Stand-up : Madame Meuf, du Sénat à la scène 1 politiquement incorrecte](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2022/04/politiquement-incorrecte.jpg)
A côté de Notre-Dame en travaux et sa grue scintillante, La Nouvelle Seine, péniche confortable, flotte tranquillement sur le fleuve en attendant que sa soute se remplisse des spectateurs, une majorité des quadras parisien·nes, venu·es voir Politiquement incorrecte. Six personnes maximum à la fois sur la passerelle reliant terre ferme et scène céleste, recommande la jeune femme en charge de l’accueil, risque d’effondrement le cas échéant. Après l’heure passée en compagnie d’Hélène Vézier, désormais connue (ou bientôt, on l’espère) sous le nom de Madame Meuf, la foule de cheveux lisses aux raies bien nettes retombant sur les épaules de blazers motifs pied de poule ou tartan se masse sur la planche sans plus tenir compte des recommandations. Qui, elle, tient le coup.
C’est qu’on ressort plus léger de Politiquement incorrecte, même si une immersion dans les couloirs du Sénat n'est pas forcément ce dont on rêve de prime abord un mardi soir. Le pari risqué mais réussi est sans doute dû à la fraîcheur de Madame Meuf, encore sous le charme de son nouveau boulot. L’un des seuls, remarque-t-elle, où l’on est applaudi·e dès son arrivée. Après une quinzaine d’années à faire des courbettes à des politiques à l’égo aussi gonflé que le ventre, ça la change. C’est donc avec un enthousiasme non feint et une honnêteté inhabituelle pour le sujet, que la quadragénaire sert à son public un grand cru dans lequel ont macéré ses petites frustrations et meilleures anecdotes d’assistante parlementaire.
L’occasion de (ré)apprendre ce que font (ou ne font pas) la crème de la crème de la politique française, de se questionner sur le bienfondé de ses propres choix professionnels durant l’énumération des avantage$ dont disposent les sénateurs, de peut-être grincer un peu des dents et, quand même, de pas mal rire.
On peine un peu à imaginer Madame Meuf, ses grands yeux, son sourire grinçant et son déhanché chaloupé d’albatros baudelairien se fondre dans la moquette du Palais du Luxembourg. Mais on en redemande, de cette énergie qui contrebalance les galères de micros, gérées aussi sereinement que les postillons imprévus direction le premier rang. Si l’humoriste en herbe canarde à tout va, elle ne cite aucun nom, bien sûr, surnommant tout le monde Martine ou Monique, ou évoquant cet éléphant du PS, dont elle était certaine de l’avenir présidentiel mais qui s'est « malheureusement retrouvé en fâcheuse posture dans un hôtel du groupe Accor ».
Madame Meuf avoue jouer ce spectacle entre autres pour être sûre de ne jamais pouvoir retourner travailler au Sénat, quand bien même elle céderait aux sirènes nostalgiques de la cantine. On lui souhaite de rester sur scène, situation idoine pour cette ancienne petite main.
Politiquement incorrecte de Madame Meuf : les jeudis à La Divine comédie (Paris) du 14 avril au 2 juin 2022 et en tournée en France notamment le 12 avril et les trois premiers mardis de mai au Théâtre des Chartrons (Bordeaux), le 2 mai à l’espace Gerson (Lyon), le 1er juillet au Spotlight (Lille) et au Festival Avignon Off 2022.